La Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique, a récemment réaffirmé son engagement envers le continent en promettant un soutien financier de 50 milliards de dollars sur les trois prochaines années. Cette annonce s’inscrit dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), un sommet diplomatique majeur qui réunit à Pékin plus de 50 dirigeants africains. Le président chinois Xi Jinping a dévoilé cette enveloppe destinée à soutenir des projets d’infrastructures, de commerce, d’industries et de développement durable sur le continent.
Renforcement des relations sino-africaines
La Chine est aujourd’hui le principal partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges bilatéraux estimés à 167,8 milliards de dollars pour le premier semestre 2024. Cette coopération s’inscrit dans une dynamique de longue date, marquée par l’engagement de Pékin à financer de nombreux projets structurants sur le continent africain, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, et de l’agriculture.
Selon Xi Jinping, les relations entre la Chine et l’Afrique sont actuellement à leur « meilleure période de l’histoire ». Le président chinois a promis que son pays continuerait à « approfondir la coopération » dans des domaines clés pour soutenir le développement économique du continent africain. Parmi les priorités annoncées figurent la création d’un million d’emplois en Afrique et le financement de projets d’infrastructure critiques, notamment dans le transport et les énergies renouvelables.
Un soutien stratégique dans les infrastructures et l’énergie
Le financement chinois vise en particulier à améliorer les infrastructures de transport en Afrique, un domaine où la Chine a déjà investi massivement au cours des dernières décennies. Parmi les projets phares, on peut citer la ligne de chemin de fer entre Nairobi et Mombasa au Kenya, qui est financée en grande partie par la Banque d’exportation et d’importation de Chine (Exim Bank). Des accords similaires ont été signés récemment avec la Zambie, le Nigeria et la Tanzanie, qui bénéficieront de financements pour le développement de routes, de ports et de chemins de fer.
Le secteur de l’énergie n’est pas en reste. Le président zambien Hakainde Hichilema a annoncé un partenariat avec la société chinoise PowerChina pour étendre l’utilisation de panneaux solaires dans son pays, un exemple concret de la volonté chinoise de promouvoir les énergies renouvelables en Afrique. Cette approche s’inscrit dans la vision de Xi Jinping, qui voit la coopération entre la Chine et l’Afrique comme un levier pour mener la « révolution des énergies renouvelables ».
Des enjeux économiques et politiques majeurs
Cette nouvelle promesse de financement est perçue par certains observateurs comme une réponse directe à la concurrence croissante des États-Unis en Afrique. Ces dernières années, Washington a cherché à augmenter son influence sur le continent, notamment dans des secteurs stratégiques comme les ressources naturelles et l’industrie extractive. En renforçant ses liens avec l’Afrique, la Chine espère maintenir son accès privilégié à des ressources telles que le lithium, le cobalt, et le cuivre, des matériaux critiques pour l’industrie technologique mondiale.
Cependant, la montée de l’endettement de certains pays africains à l’égard de la Chine suscite des inquiétudes. Les prêts chinois ont contribué à financer des projets d’infrastructure essentiels, mais ils ont aussi alourdi la dette de nombreux pays, à l’instar du Kenya qui doit rembourser plus de 8 milliards de dollars à la Chine. Cette situation a conduit certaines voix à réclamer une restructuration de la dette pour éviter une crise financière dans les pays les plus vulnérables.
Vers une coopération plus équilibrée ?
Malgré ces défis, de nombreux dirigeants africains voient en la Chine un partenaire stratégique de long terme. Pour Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud, l’engagement financier chinois représente une « grande aubaine pour le continent africain », offrant des opportunités uniques de croissance économique et de développement durable.
La Chine, de son côté, est consciente des critiques concernant son modèle de financement. Ces dernières années, Pékin a considérablement réduit le volume de prêts accordés aux pays africains, passant de près de 30 milliards de dollars en 2016 à des montants beaucoup plus modestes en 2023. Cette baisse pourrait également s’expliquer par le ralentissement économique que connaît actuellement la Chine, et qui incite le pays à revoir sa stratégie d’investissement à l’étranger.
À long terme, cette nouvelle enveloppe financière de 50 milliards de dollars pourrait jouer un rôle décisif dans la transformation des économies africaines. Les investissements dans les infrastructures et les énergies renouvelables pourraient non seulement améliorer la connectivité entre les pays africains, mais aussi stimuler le commerce intra-africain et renforcer l’indépendance énergétique du continent.
Cependant, la question de l’endettement reste un sujet sensible. Il sera crucial pour les gouvernements africains de s’assurer que les projets financés par la Chine génèrent des retombées économiques suffisantes pour éviter une dépendance excessive. Les organisations internationales, telles que l’ONU, encouragent une approche plus collaborative et durable, où les investissements chinois seraient accompagnés de mesures de soutien à la gouvernance et à la gestion financière des pays bénéficiaires.