Un empire immobilier construit dans l’ombre
Lorsqu’on pense à Londres et à la royauté, on imagine spontanément Buckingham Palace, Kensington Palace ou St James’s Palace. Mais derrière le décor historique et touristique, une autre famille royale s’est imposée discrètement : la dynastie Al-Thani, au pouvoir au Qatar.
Cette famille ne se contente plus d’investir : elle rachète Londres morceau par morceau. Son empire immobilier dépasse désormais celui du roi Charles III en valeur et en superficie privée. La différence ? Les propriétés royales britanniques appartiennent en réalité au Crown Estate, donc à l’État. Celles du Qatar, elles, sont privées.
Mayfair, rebaptisé “Little Doha”
Le cœur de cet empire se trouve à Mayfair, l’un des quartiers les plus chers du monde. On le surnomme désormais “Little Doha”, tant la présence qatarie y est massive. Selon plusieurs estimations, la famille Al-Thani posséderait près d’un quart du quartier.
Parmi ces propriétés, on trouve notamment ce qui serait la résidence privée la plus chère du Royaume-Uni : un manoir de 44 000 m² acheté près de 400 millions de livres. La reine Elizabeth II elle-même aurait ironisé :
« Comparé à cela, Buckingham Palace paraît presque fade. »
Bien plus que des maisons : un contrôle stratégique de Londres
L’objectif qatari ne se limite pas à acheter des demeures de luxe. Le pays investit dans les symboles britanniques. Et la liste est impressionnante :
- Harrods – mythique grand magasin londonien
- The Shard – plus haute tour d’Europe, détenue à 95% par le Qatar
- Canary Wharf – cœur de la finance londonienne (co-propriété)
- Heathrow Airport – 20% du plus grand aéroport du pays
- Sainsbury’s – 14,3% du géant britannique de la grande distribution
- Claridge’s, The Connaught, The Berkeley – hôtels de luxe londoniens renommés
En tout, l’empire immobilier qatari représenterait environ 170 000 m² de biens à Londres.
Pourquoi le Qatar investit autant à Londres ?
Un choix stratégique
Londres attire l’élite mondiale grâce à sa stabilité économique, son influence financière et son marché immobilier haut de gamme. Pour le Qatar, c’est un moyen d’exercer un soft power discret mais puissant en Europe.
Un refuge financier et politique
Investir massivement au Royaume-Uni permet au Qatar de sécuriser une partie de sa richesse hors du Moyen-Orient, tout en renforçant ses alliances économiques et diplomatiques.
Une influence qui interroge
Cette progression qatarie divise l’opinion publique britannique. Certains y voient du capital étranger bienvenu, créateur d’emplois et sauveur du patrimoine. D’autres s’inquiètent d’une prise de contrôle étrangère de la capitale.
Cette réalité pose une question majeure : Londres appartient-elle encore vraiment aux Britanniques ? La monarchie britannique, symbole historique, se retrouve dépassée sur son propre territoire par une autre famille royale, beaucoup plus riche et stratégiquement agressive.








