La Grèce ferme plus de 700 écoles, la crise démographique s’aggrave

En 2025-2026, la Grèce va suspendre 721 écoles sur 13 478, faute d’élèves. C’est le signe le plus visible d’une crise démographique qui s’installe : moins de naissances, une population qui vieillit, des jeunes qui partent. Résultat : classes vides dans les villages, trajets rallongés pour les enfants, budgets sous tension.
fermeture écoles grece

Ce que disent les chiffres

Le ministère grec de l’Éducation a fixé un seuil minimal de 15 élèves : en dessous, l’établissement n’ouvre pas. Pour l’année à venir, 721 écoles ne remplissent pas ce critère. La baisse touche surtout le primaire : 324 écoles élémentaires et 358 maternelles sont suspendues, en forte hausse par rapport à 2018-2019 (247 et 312). 

Le nombre d’élèves en primaire, secondaire et filières pro tombe à environ 1,21 million, soit plus de 150 000 de moins qu’en 2018-2019. À Athènes même, la région d’Attique voit 77 établissements suspendus (dont 73 maternelles).

Concrètement, certains enfants devront parcourir jusqu’à 80 km par jour pour rejoindre une autre école. Des responsables au ministère parlent d’un niveau « Armageddon ».

Pourquoi la crise frappe l’école maintenant

Une natalité au plancher

La Grèce figure parmi les pays de l’UE où la fécondité est la plus basse, autour de 1,3 enfant par femme (moyenne UE 2023 : 1,38). Avec moins de naissances que de décès, la pyramide des âges se contracte par la base.

Exode des jeunes et vieillissement

La crise économique a poussé une partie des jeunes diplômés à partir, amenuisant la tranche d’âge qui fonde des familles. En parallèle, l’espérance de vie augmente : la part des plus de 65 ans s’élargit, pesant sur les comptes publics… et sur la démographie scolaire.

Que dit la règle ?

En primaire, la norme d’allocation des enseignants (héritée d’un cadre légal des années 1980) s’établit à un enseignant pour 15 élèves. En-dessous, l’école peut être suspendue. Au bout de trois années sans repasser au-dessus du seuil, elle est retirée de la carte scolaire. Les écoles « minorité » font exception : elles ne sont que suspendues.

La scolarité reste obligatoire jusqu’à 15 ans ; le pays recourt à des enseignants remplaçants pour boucher les trous, mais cela ne compense pas l’absence d’élèves.

Qui est touché et comment ?

Villages, îles… mais aussi Athènes

La baisse d’effectifs est la plus brutale dans les zones rurales et insulaires, où la fermeture d’une école accélère la désertification. Les grandes villes, y compris Athènes, ne sont pas épargnées : la natalité baisse partout, y compris dans les quartiers centraux.

Ce que ça change pour les familles

Quand l’école la plus proche ferme, les élèves sont réaffectés plus loin. Cela crée des trajets longs, complique la garde, renchérit le transport scolaire et fragilise l’égalité d’accès aux apprentissages pour les plus jeunes.

Dans les classes restantes : regroupements et pression

Les écoles qui restent ouvertes accueillent davantage d’élèves venus de communes voisines. Cela pousse à des regroupements multiclasse, à une logistique de transport complexe… et à un sentiment d’abandon dans les villages où l’école était souvent le cœur social.

« Armageddon » : le mot qui fâche, mais dit la réalité

« Le problème démographique est terrifiant, nous le voyons année après année. Certaines écoles rouvrent, mais la règle, hélas, c’est la fermeture définitive. »

Ce constat d’un haut responsable du ministère résume l’ampleur du choc. La pression ne vient pas seulement des chiffres : elle touche le lien entre école, vie de village et avenir économique.

Quelles réponses sont sur la table ?

Des plans nationaux… à l’épreuve des faits

Le gouvernement a présenté un plan démographique étalé jusqu’en 2035, avec incitations financières, avantages fiscaux et mesures familiales. Pour l’instant, l’effet reste limité : les naissances ne repartent pas.

Des solutions locales qui inspirent

Sur le terrain, certaines communes testent des idées pour réattirer des familles : aides au logement, emplois locaux, vie associative renforcée. Un village de montagne a vu son école passer de deux à huit élèves après un appel à projets et un soutien de la communauté.

Ce que montrent les pays qui résistent mieux

À l’international, les politiques qui combinent crèches accessibles, congés parentaux partagés, horaires de travail flexibles et valorisation de l’implication des pères obtiennent les meilleurs résultats de fécondité… et donc une stabilité scolaire plus durable.

Ce qui va se jouer à la rentrée

Transport, accueil et services publics

À court terme, la priorité sera de garantir des transports scolaires fiables, d’organiser l’accueil périscolaire dans les communes d’accueil, et de suivre les élèves fragiles (CP-CE1) pour éviter les retards d’apprentissage liés aux navettes quotidiennes.

Moderniser sans couper le lien

La fermeture d’écoles peut s’accompagner de “campus ruraux” : un regroupement d’établissements avec bus cadencés, cantines mutualisées, salles numériques et espaces ouverts aux associations. L’objectif : maintenir une vie locale autour de l’éducation, plutôt que d’éteindre la lumière.

Pour les étudiants et jeunes actifs qui regardent la Grèce

Tu pars en Erasmus ou en stage ?

Renseigne-toi sur la carte scolaire locale : si tu loges en périphérie, anticipe les transports et les services (crèche si tu as un enfant, consultations médicales, vie associative). Demande à ton université d’accueil la liste des communes partenaires et les liaisons bus/rail qui desservent les campus.

Tu t’intéresses aux métiers de l’éducation ?

La réorganisation ouvre des besoins en enseignants remplaçants, accompagnants, personnels de transport et coordinateurs périscolaires. Les candidatures se font chaque année, avec des contrats jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar