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La vidéosurveillance algorithmique va être généralisée

Le gouvernement français semble prêt à généraliser la vidéosurveillance algorithmique après les expérimentations menées lors des Jeux olympiques de Paris 2024. Ce système de surveillance, basé sur l’utilisation d’algorithmes couplés à des caméras de sécurité, pourrait devenir une réalité permanente dans les espaces publics. Cette technologie a été testée pour analyser les comportements suspects et alerter les autorités en temps réel, mais elle suscite des interrogations, notamment sur le respect des libertés individuelles.

Un dispositif expérimenté lors des JO

La vidéosurveillance algorithmique (VSA) a été initialement déployée à titre expérimental dans le cadre de la loi sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Elle a été utilisée pour la première fois dans des lieux stratégiques comme les abords des sites olympiques, mais également lors d’événements de grande envergure tels que Roland-Garros et des concerts populaires. Ce système repose sur l’intelligence artificielle, qui analyse en continu les images des caméras de surveillance et repère automatiquement des comportements ou objets considérés comme suspects.

Le principe de la VSA est de détecter des anomalies ou des comportements à risque, tels que des mouvements de foule inhabituels, des objets abandonnés, ou encore des véhicules en sens interdit. Ces alertes sont ensuite envoyées en temps réel à des opérateurs humains, qui peuvent intervenir rapidement. Cette surveillance automatisée est capable de surveiller des zones étendues avec une efficacité accrue par rapport à la surveillance humaine traditionnelle.

Une généralisation à l’étude

Alors que le ministère de l’Intérieur avait initialement affirmé que l’expérimentation serait limitée à la période des Jeux, il est désormais envisagé de pérenniser ce dispositif au-delà de 2025. Selon des sources gouvernementales, le Premier ministre Michel Barnier a évoqué la possibilité de généraliser cette technologie lors de sa déclaration de politique générale, soulignant son potentiel pour renforcer la sécurité publique.

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a également plaidé en faveur de cette généralisation, estimant que les résultats de l’expérimentation étaient globalement positifs. Toutefois, des améliorations restent à apporter, notamment sur la détection des armes ou des départs de feu.

Le gouvernement se félicite du bilan globalement positif de l’expérimentation, même si certains points techniques nécessitent encore des ajustements. La capacité à détecter des incidents tels que les objets abandonnés ou les mouvements de foule a prouvé son efficacité, ce qui a poussé les autorités à envisager une généralisation de la VSA.

Cependant, cette mesure ne fait pas l’unanimité. Les défenseurs des libertés s’inquiètent des dérives potentielles qu’un tel système pourrait engendrer. Bien que la loi encadre strictement l’utilisation des algorithmes, sans recours à la reconnaissance faciale pour le moment, de nombreux observateurs redoutent que cette technologie ne conduise à une surveillance généralisée et à une atteinte aux droits individuels.

Plusieurs associations, dont Amnesty International et La Quadrature du Net, ont exprimé leurs préoccupations concernant l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique. Elles craignent une banalisation de la surveillance et une restriction des libertés individuelles. Le principal point de contention réside dans le risque de discrimination dans la détection des comportements suspects. En effet, un comportement non conventionnel pourrait être interprété comme suspect par les algorithmes, avec des conséquences discriminatoires pour certaines populations vulnérables, telles que les personnes en situation de handicap.

Ces organisations estiment que la généralisation de la VSA pourrait ouvrir la porte à l’utilisation de la reconnaissance faciale, une technologie encore plus intrusive qui soulève des questions éthiques majeures. Pour l’instant, le gouvernement s’en tient à une utilisation limitée de la VSA, sans recours à la biométrie, mais les associations restent vigilantes face à une évolution potentielle des pratiques.

La loi relative à la vidéosurveillance algorithmique, votée en 2023, encadre strictement l’usage de cette technologie. Elle interdit l’utilisation de la reconnaissance faciale et limite le stockage des données collectées à une durée de 12 mois. De plus, seuls les agents du ministère de l’Intérieur sont habilités à accéder aux données en temps réel.

Un rapport d’évaluation doit être remis d’ici la fin de l’année 2024, afin de dresser un bilan complet de cette expérimentation et de déterminer les éventuelles améliorations à apporter. Ce rapport est attendu avec impatience par de nombreux acteurs, aussi bien du côté des autorités que des associations de défense des droits humains.