Le drapeau de Luffy déclenche la panique au sommet de l’État indonésien

À quelques jours de l’anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie, un symbole inattendu fait vibrer le pays : le célèbre drapeau pirate de Monkey D. Luffy, tiré du manga One Piece. Ce pavillon noir, orné d’une tête de mort coiffée d’un chapeau de paille, s’affiche partout et suscite l’ire des autorités, qui y voient une provocation contre l’ordre établi. L’univers du manga rencontre ici une réalité politique tendue, où les frontières entre fiction et protestation s’effacent.
one piece indonésie

Un emblème pirate dans les rues d’Indonésie

Depuis plusieurs semaines, le drapeau des Mugiwaras est omniprésent dans le paysage urbain indonésien. On le retrouve accroché aux fenêtres, planté sur les scooters ou hissé aux côtés du drapeau national. Popularisé par l’œuvre d’Eiichiro Oda, ce symbole n’est plus simplement une référence geek : il cristallise aujourd’hui un mouvement de contestation.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos virales montrent des jeunes arborant fièrement cette bannière, parfois en groupe, souvent en silence, mais toujours avec détermination. Pour une partie de la jeunesse, ce geste marque une rupture claire avec un pouvoir jugé injuste.

Le Jolly Roger comme message politique

Le message porté par le drapeau est simple : liberté, révolte, résistance. Dans One Piece, Luffy et son équipage refusent de plier devant un gouvernement autoritaire. Ce parallèle avec la réalité indonésienne n’échappe à personne, surtout à l’approche du 17 août, date hautement symbolique marquant les 80 ans de l’indépendance nationale.

« Exhiber ce drapeau vise à diviser la nation. » — Sufmi Dasco Ahmad, vice-président de la Chambre des représentants

Cette déclaration reflète l’inquiétude des autorités face à l’ampleur du phénomène. Des appels à remplacer le drapeau officiel par celui de Luffy pour les célébrations circulent, déclenchant une série de réactions officielles en cascade.

Une réponse politique de plus en plus ferme

Face à ce mouvement, plusieurs figures du gouvernement n’ont pas tardé à réagir. Le ministre coordinateur de la sécurité, Budi Gunawan, a évoqué une potentielle infraction pénale, tandis que Firman Soebagyo a évoqué une tentative de renversement du pouvoir en place.

« Lever ce drapeau est une trahison. Cela porte atteinte à l’honneur de la République. » — Budi Gunawan

Le ton est donné : toute personne surprise à hisser ce drapeau en public risque désormais des poursuites. Le gouvernement tente d’étouffer le phénomène, mais cette interdiction nourrit au contraire l’engouement autour du symbole.

Un flou juridique qui nourrit la polémique

En Indonésie, aucune loi ne prohibe spécifiquement l’usage de symboles fictifs sur une propriété privée. Le cadre légal stipule simplement que le drapeau national doit être placé en priorité lorsqu’il est accompagné d’un autre. Ce détail alimente les débats sur la liberté d’expression.

Certains juristes locaux estiment que cette levée de boucliers est davantage politique que juridique. La réaction du gouvernement serait, selon eux, une réponse disproportionnée face à une jeunesse en quête de nouveaux repères.

Quand la pop culture devient outil de rébellion

One Piece n’est pas qu’un manga d’aventure. C’est aussi une œuvre engagée, qui aborde des thématiques comme la justice, l’oppression et le pouvoir corrompu. Pour de nombreux jeunes indonésiens, Luffy incarne l’espoir d’un changement profond.

Ce phénomène rappelle que les créations culturelles ont un impact bien au-delà de leur univers d’origine. Dans une époque marquée par la défiance envers les institutions, le drapeau de Luffy devient plus qu’un clin d’œil : c’est un cri visuel de liberté.

Un symbole qui dépasse la fiction

Le pavillon des Mugiwaras est aujourd’hui à la croisée des mondes. Il résume les tensions d’une génération désillusionnée, qui trouve dans la figure de Luffy un héros à suivre, non plus sur papier, mais dans les rues.

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