Les points clés à retenir
Le jugement acte une peine de 4 ans ferme, assortie d’une obligation de rembourser les victimes et d’indemniser le préjudice moral. Les faits s’étalent sur une période allant de janvier 2023 à avril 2025, principalement en Loire-Atlantique et en Bretagne. L’auteur a reconnu avoir « mis en confiance » plusieurs femmes avant d’obtenir des virements de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. À l’audience, il a été rappelé qu’il avait déjà comparu pour des escroqueries, soulignant une récidive et une détermination à continuer malgré des mesures judiciaires.
Comment l’arnaque fonctionnait
Tout commence par un match. La conversation s’enflamme vite : flatteries, proximité affichée, routine de messages quotidiens. Une situation « urgente » arrive ensuite : un salaire prétendument bloqué, un loyer à régler, un souci familial. Pour rassurer, l’escroc envoie parfois des photos de documents (carte d’identité, carte Vitale) ou des captures d’écran censées prouver un virement imminent. Ces « preuves » sont en réalité truquées et servent à décrocher un premier transfert d’argent… puis un second.
Le discours est calibré pour paraître crédible : il peut se présenter comme agent immobilier sur le point de toucher un premier salaire, ou évoquer un contrat qui tombe « demain ». L’objectif est de rendre le remboursement plausible et de faire passer la demande d’argent pour un dépannage temporaire. Chez certaines victimes, les pertes ont grimpé jusqu’à 10 000 €.
Dès que la victime réclame un remboursement ou parle de plainte, le ton change. Les messages deviennent menaçants pour dissuader toute démarche.
« Je vais te piétiner le crâne »
La stratégie est classique : alterner promesses, culpabilisation et intimidation pour garder le contrôle et gagner du temps.
Témoignages et impact psychologique
Plusieurs femmes ont décrit des mois compliqués : anxiété, perte de confiance, difficultés financières, repli social. Certaines expliquent avoir dû contracter un prêt pour s’en sortir. Les avocats ont insisté : les victimes n’ont rien à se reprocher. Les escrocs s’appuient sur des mécaniques de social engineering (manipulation des émotions, urgence fabriquée, faux gages de sérieux) qui piègent même des personnes prudentes.
Ce que dit la loi et la décision du tribunal
Le tribunal correctionnel de Rennes a suivi les réquisitions du parquet : 4 ans de prison ferme, remboursement et indemnisation. La décision prend en compte le nombre de victimes, la durée des faits, la récidive et la volonté de continuer malgré les procédures en cours. Le message est clair : les escroqueries amoureuses en ligne sont traitées avec sérieux, et les menaces associées aggravent la situation judiciaire.
Repérer les signaux d’alerte
Indices qui doivent faire tiquer
- Demande d’argent rapide avec une histoire urgente et très émotive.
- Refus récurrent des appels vidéo ou des rencontres en lieu public.
- Envoi de documents et de captures trop « parfaits », faciles à falsifier.
- Promesse de remboursement immédiat « demain » ou « dès que le salaire tombe ».
- Passage aux menaces dès que la victime exprime des doutes.
Les bons réflexes à adopter
- Ne jamais envoyer d’argent à une personne rencontrée uniquement en ligne.
- Exiger une visio et vérifier l’identité par plusieurs canaux.
- Conserver les captures d’écran des échanges et des demandes d’argent.
- Signaler le profil sur l’application et déposer plainte en cas de doute.
- Parler du cas à un proche pour prendre du recul avant toute décision.
Pourquoi cette affaire parle à tout le monde
Les applis de rencontre font partie du quotidien. On discute, on se confie, on s’attache. C’est justement ce lien émotionnel que les arnaqueurs exploitent. Rappeler les bases est utile : garder la main sur son rythme, vérifier les infos, demander des preuves crédibles (que l’on peut contrôler soi-même), et refuser le chantage affectif. Un bon réflexe : si une demande d’argent arrive, on stoppe, on respire, on vérifie, et on demande conseil.