Une affaire judiciaire qui fait trembler le football français
Le 5 février dernier, Nasser Al-Khelaïfi a été mis en examen pour complicité d’abus de pouvoir et d’achat de vote. Selon l’AFP, la justice française enquête sur une possible intervention du dirigeant qatari dans un vote stratégique du fonds souverain QIA, alors actionnaire majoritaire du groupe Lagardère en 2018.
Al-Khelaïfi rejette catégoriquement ces accusations et assure n’avoir joué aucun rôle actif dans cette affaire. Pourtant, cette décision pourrait avoir des conséquences majeures sur l’engagement du Qatar en France, notamment dans le domaine du sport.
Selon des sources proches du gouvernement qatari citées par RMC Sport, l’émirat considère que cette mise en cause est injustifiée et motivée par des raisons politiques. En réponse, il envisagerait de se retirer progressivement de ses engagements financiers en France, notamment via beIN Sports et le Paris Saint-Germain.
Le Qatar est un acteur clé de l’économie sportive française, avec des investissements massifs dans le football et les droits télévisés. Si cette menace venait à se concrétiser, elle pourrait fragiliser l’écosystème du football français, déjà en difficulté avec la question des droits TV de la Ligue 1.
Depuis son arrivée en 2011, le Qatar a injecté plus de 25 milliards d’euros dans divers secteurs économiques français. Outre le sport, l’émirat possède des parts importantes dans de grands groupes comme TotalEnergies, LVMH, Accor Hotels ou Airbus.
Une telle décision mettrait également en péril l’avenir du PSG, club qui a connu une ascension fulgurante sous la direction de QSI. Un désengagement qatari pourrait modifier profondément le paysage du football français, avec un possible changement de propriétaire pour le club de la capitale.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de relations fluctuantes entre la France et le Qatar. En 2023, lors d’une visite officielle, l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani avait annoncé un plan d’investissement de 10 milliards d’euros dans des secteurs stratégiques comme l’intelligence artificielle, la santé et l’aérospatial.
Toutefois, l’accumulation de tensions et les critiques croissantes sur l’influence du Qatar en France ont contribué à un climat de défiance mutuelle. Le gouvernement qatari dénonce une campagne de stigmatisation, pointant du doigt une volonté de limiter son influence dans le pays.
Certains observateurs estiment que cette menace de retrait est une manœuvre stratégique pour faire pression sur les autorités françaises. Le Qatar a toujours affiché son ambition de long terme avec le PSG, investissant dans l’infrastructure du club, notamment avec le projet d’un nouveau stade en banlieue parisienne.
De plus, malgré les tensions, beIN Sports reste un acteur clé dans la distribution des droits TV en France, et pourrait même renforcer son influence si DAZN se retire de la Ligue 1. Il est donc incertain que l’émirat mette réellement ses menaces à exécution.
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