Plus de 4 580 détenus dorment sans lit, directement sur des matelas installés au sol. En maison d’arrêt, où se trouvent ceux en attente de jugement ou condamnés à de courtes peines, la densité atteint 159,9 %. Autrement dit, ces lieux sont conçus pour 100 personnes mais en accueillent souvent 160.
Le seuil des 80 000 détenus franchi
En novembre 2024, la barre des 80 000 détenus a été franchie pour la première fois. Ce cap ne cesse depuis d’être dépassé, sauf un léger recul observé au 1er janvier 2025. Aujourd’hui, la tendance reste clairement à la hausse.
À la même date, 53 973 détenus se trouvaient dans des établissements où la densité dépasse 120 %, et 42 627 dans des structures où elle dépasse 150 %. Cela concerne donc l’immense majorité du parc carcéral français.
Un quart des détenus sont en attente de jugement
Parmi les 82 152 incarcérés, 21 649 sont des prévenus, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore été jugés de manière définitive. Ces personnes sont juridiquement présumées innocentes. Cette situation pose une vraie question sur le respect des droits fondamentaux.
En ajoutant les personnes non détenues (bracelet électronique, placement à l’extérieur), on arrive à 99 730 personnes placées sous écrou. Parmi elles, 17 578 ne sont pas enfermées, mais restent sous contrôle judiciaire.
Une position peu glorieuse en Europe
La France figure parmi les pires élèves de l’Europe en matière de surpopulation carcérale. Elle est classée troisième derrière Chypre et la Roumanie selon une étude du Conseil de l’Europe publiée en 2024.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lancé une initiative pour identifier les détenus étrangers éligibles à l’expulsion. Actuellement, plus de 19 000 étrangers sont incarcérés, dont environ deux tiers sont définitivement condamnés.
Des prisons modulaires en préparation
Pour répondre à la crise, le gouvernement mise sur la construction de 15 000 places supplémentaires d’ici 2029. L’une des pistes envisagées est celle des prisons modulaires, plus rapides à mettre en place et moins coûteuses.
Ces prisons ne pourront accueillir que les détenus considérés comme peu dangereux. Les profils plus sensibles, comme les narcotrafiquants ou les personnes radicalisées, seront orientés vers des établissements plus sécurisés, dont certains sont aussi en projet.
Entre les conditions de détention dégradées, la densité alarmante et une justice qui peine à offrir des alternatives, le système carcéral français donne des signes de saturation avancée. Cette réalité soulève des questions majeures sur la place de la prison dans notre société et sur les moyens mis en œuvre pour garantir à la fois la sécurité et la dignité humaine.
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