Les sinistrés du Mont Baduel en Guyanne

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Les sinistrés du Mont Baduel, qui avaient trouvé refuge dans le gymnase du collège Paul Kapel après l’incendie dévastateur de leur squat le 27 juillet, se retrouvent une fois de plus en situation précaire. Ce lundi, les autorités ont procédé à leur évacuation, sans leur offrir de solutions de relogement alternatives, laissant ces personnes, déjà fragilisées par leur situation, livrées à elles-mêmes.

La scène a été marquée par l’annonce brutale d’un policier à l’aide d’un mégaphone, informant les sinistrés qu’ils devaient quitter le gymnase, un abri temporaire qu’ils avaient occupé pendant deux semaines.

Donc aujourd’hui, il va falloir quitter le gymnase. C’était un relogement provisoire qui a duré pendant deux semaines, mais aujourd’hui, il va donc falloir que vous quittiez les lieux…

À 13 h 30, des dizaines de personnes, hommes pour la plupart, attendaient encore désespérément devant le gymnase, espérant récupérer leurs maigres effets personnels laissés à l’intérieur. « Je vais probablement dormir sur le trottoir ce soir », a confié l’un d’eux, tandis qu’un autre, en attente de régularisation, ajoutait : « On nous a simplement dit de partir, sans aucune explication. »

Face à cette situation, aucune alternative de relogement ne leur a été proposée, hormis une offre pour retourner dans leur pays d’origine, Haïti, avec une somme d’argent en guise de soutien. Un des sinistrés, un homme haïtien, a révélé qu’on lui avait proposé 1 200 euros pour retourner en Haïti, une offre qu’il a immédiatement refusée. « Je suis en règle ici, et j’ai quatre enfants scolarisés en Guyane. Comment pourrais-je envisager de retourner dans un pays en pleine crise humanitaire avec si peu ? » a-t-il expliqué.

Cette politique a été vivement critiquée par Rosita Pierre Louis, trésorière de l’association Réseau des Acteurs Haïtiens de Guyane (RAHG), qui a dénoncé l’absurdité de proposer un retour volontaire dans un pays en proie à une instabilité grave. « C’est incohérent. D’un côté, on parle de mise à l’abri pour les demandeurs d’asile, et de l’autre, on propose de l’argent pour les renvoyer dans un pays en crise. »

Les questions soulevées par cette évacuation sont nombreuses et préoccupantes. Qu’adviendra-t-il de ces sinistrés, surtout des femmes et des enfants, après le 16 août, date butoir fixée par la Collectivité Territoriale de Guyane pour la libération des gymnases ? Où iront ces personnes, dont beaucoup sont en situation régulière et ont des enfants scolarisés ?

La situation a attiré l’attention des élus locaux, notamment Gabriel Serville et Sandra Trochimara, qui ont alerté le Président de la République sur cette crise humanitaire. La maire de Cayenne, Sandra Trochimara, a également pris des mesures pour attirer l’attention des autorités nationales. Elle a adressé un courrier sur la situation des sinistrés de Baduel, et sera reçue à Paris par le directeur de cabinet du Président, Patrick Faure, pour tenter de trouver une issue à cette situation critique.

En attendant, les efforts des associations locales pour trouver des solutions d’urgence se poursuivent. Le RAHG, en particulier, a lancé un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux pour venir en aide à ces sinistrés, qui sont dans le dénuement le plus total. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un abri, un logement a finalement été trouvé à Stoupan, pouvant accueillir une vingtaine de personnes. D’autres ont été hébergées par un pasteur, mobilisé par les membres de l’association. Malgré ces efforts, les besoins restent énormes. « Nous avons besoin de matelas, de glacières, et d’autres biens de première nécessité », a déclaré Rosita Pierre Louis.

Cette situation met en lumière les lacunes des dispositifs d’urgence en Guyane, et pose de sérieuses questions sur la prise en charge des populations vulnérables dans des moments de crise. Les sinistrés du Mont Baduel, déjà frappés par un drame qui a détruit leurs habitations, se retrouvent aujourd’hui sans abri, sans ressources, et sans perspectives claires pour l’avenir.

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