Livre choc sur LFI : purges, intimidations et secrets autour de Mélenchon

Ce mercredi, Charlotte Belaïch (journaliste à Libération) et Olivier Pérou (Le Monde) publient La Meute (Flammarion), un ouvrage d’investigation qui plonge au cœur de La France insoumise, mouvement fondé en 2016 par Jean-Luc Mélenchon. Résultat de deux ans de travail et 200 témoignages, le livre décrit une organisation où les tensions, les silences imposés et les purges ne seraient pas l’exception mais la norme.
Meute LFI

Une mécanique de purges assumée

L’enquête revient sur les nombreuses exclusions brutales de figures du mouvement. Certaines sont connues du public : Raquel Garrido, Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin ou encore Danielle Simonnet. D’autres sont restées dans l’ombre, mais n’en seraient pas moins marquantes. D’après les auteurs, le parti fonctionnerait en « s’épurant », une logique issue des traditions les plus radicales de la gauche historique.

Clémentine Autain, désormais en rupture avec LFI, évoque « une organisation qui tourne à vide », fondée sur « un clan resserré » et incapable de trancher collectivement sur ses orientations.

Des messages glaçants et une autorité incontestée

Les auteurs rapportent des échanges privés particulièrement virulents. À une élue écologiste, Jean-Luc Mélenchon aurait envoyé : « Je vais te mettre la dose que tu mérites ». À une ancienne proche du mouvement : « Delap aurait honte de toi », en référence à François Delapierre, ancien bras droit du leader insoumis.

Selon plusieurs témoignages, les méthodes de communication internes – sur Telegram notamment – s’apparenteraient à des techniques d’intimidation, avec des dissidents surveillés, ciblés puis évincés.

Un parti sans voix discordante

L’un des points les plus critiques évoqués par le livre est l’absence de démocratie interne. Sans congrès ni véritable système de désignation des dirigeants, LFI fonctionnerait selon une organisation dite « gazeuse », où tout est décidé en petit comité, voire par une seule personne.

Alexis Corbière, figure historique du mouvement, confie : « On ne peut pas promettre une société démocratique en 2027 tout en étouffant toute opposition en interne ». Évincé sans explication lors des dernières législatives, il estime que le mouvement est devenu intolérant au débat.

Sophia Chikirou, un sujet tabou

L’autre volet sensible du livre concerne la place de Sophia Chikirou, à la fois compagne de Jean-Luc Mélenchon et figure influente du mouvement. Selon les auteurs, elle se présente comme « la femme du chef », ce qui lui conférerait une forme d’immunité totale, en dépit de ses propos parfois violents envers d’autres membres.

Des collaborateurs rapportent des comportements autoritaires de sa part, voire humiliants, envers les petites mains du mouvement. Elle serait présente dans toutes les discussions internes, et son pouvoir serait bien au-delà de son statut officiel de députée.

Antisémitisme, violences, contradictions

Le livre n’élude pas les sujets les plus sensibles. Il pointe une minimisation de l’antisémitisme par Jean-Luc Mélenchon, affirmant que ce fléau serait aujourd’hui « résiduel ». Pourtant, des formations sur le sujet auraient été discrètement imposées aux membres de LFI, sans jamais être revendiquées publiquement.

L’affaire Adrien Quatennens, député condamné pour violences conjugales, est aussi abordée. Là encore, les auteurs dénoncent un double discours entre les valeurs affichées de LFI et ses réactions internes aux scandales.

Une atmosphère irrespirable selon les anciens

Plusieurs anciens membres, aujourd’hui en retrait ou exclus, décrivent un fonctionnement pyramidal, où les lieutenants sont devenus des porte-voix, les désaccords sont vus comme des trahisons, et la critique n’a plus sa place. Certains parlent même de « culte du chef », tandis que Fabien Roussel, dirigeant du Parti communiste, va plus loin : « Ce mouvement ressemble à une secte, dirigée par un couple intouchable. »

Réactions mitigées du côté de LFI

Face à ces accusations, les figures de LFI tentent de désamorcer le choc médiatique. Manuel Bompard, bras droit de Mélenchon, parle de « collage de ragots » et de « fiction politique ». Il nie avoir jamais entendu certaines phrases qui lui sont attribuées.

Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire, évoque de son côté une attaque répétée : « Ce livre n’apporte rien. Ce sont des mensonges déjà entendus mille fois. »

Mais malgré cette ligne de défense, les tensions semblent bien réelles. La Meute met à nu une série de dérives internes qui pourraient compromettre l’image du mouvement, déjà affaiblie par des polémiques récentes.

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