L’UE investit 15 millions d’euros pour les vignobles en Afrique du Sud

Alors que la filière viticole française se débat dans une crise profonde, la décision de l’Union européenne de débloquer 15 millions d’euros pour soutenir la viticulture en Afrique du Sud passe très mal. À l’heure où les vignerons européens réclament un soutien d’urgence, cette annonce provoque colère et incompréhension dans les campagnes françaises.
vin afrique du sud

Une aide massive pour la filière sud-africaine

La Commission européenne a officialisé le versement d’un montant de 15 millions d’euros pour accompagner le développement de la viticulture en Afrique du Sud. Cet argent, issu d’un accord commercial ancien, est destiné à promouvoir l’inclusivité du secteur sud-africain du vin. Selon Wines of South Africa, 10 millions serviront à renforcer les entreprises viticoles détenues par des personnes de couleur, tandis que 5 millions seront dédiés à leur commercialisation.

Cette enveloppe fait suite à un engagement prévu par l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et la SADC, signé en 1999. Le volet vitivinicole de cet accord permet déjà à plus de 119 millions de litres de vins sud-africains d’entrer en Europe sans droits de douane en 2024. L’aide financière vient donc s’ajouter à des avantages commerciaux significatifs.

Un choc pour les viticulteurs français

Du côté de la filière française, la nouvelle est accueillie comme une véritable provocation. « Cette décision est inadmissible », réagit Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer et viticulteur dans le Languedoc. Alors que les producteurs français font face à une déconsommation historique, à la pression des prix et à des stocks inquiétants, ils se battent pour obtenir des fonds européens qui se font attendre.

Le projet de réforme du « paquet vin » européen propose bien de réintroduire des outils comme l’arrachage ou la distillation de crise, mais sans prévoir de

Les professionnels demandent à ce que l’Union européenne oriente ses efforts vers les vignobles européens en détresse. Le groupe de contact viticole réunissant la France, l’Italie et l’Espagne a d’ailleurs plaidé, quelques jours avant l’annonce, pour des ressources adéquates et pérennes. Leur objectif : permettre une régulation de la production et une relance durable de la consommation intérieure.

Selon eux, sans révision du budget PAC ni dispositif de soutien concret dans le paquet vin, l’UE prend le risque de fragiliser encore plus les structures vitivinicoles européennes. Dans un marché mondialisé, soutenir uniquement des pays tiers peut nuire à la compétitivité de l’Europe.

Ce choix politique touche aussi une génération montante de jeunes vignerons, souvent engagés dans des démarches environnementales, de qualité ou d’innovation. Faute de soutien financier, beaucoup peinent à trouver un modèle économique viable. L’aide à l’Afrique du Sud est donc vécue comme un désaveu pour la viticulture de demain en Europe.

Un sentiment d’injustice généralisé

Bien que l’objectif de cette aide soit de favoriser la justice sociale et l’inclusivité à l’échelle internationale, de nombreux viticulteurs soulignent une forme de déséquilibre. La solidarité européenne semble fléchir dès lors qu’il s’agit d’investir sur son propre territoire. Plusieurs syndicats agricoles exigent une réaction rapide de la Commission et la mise en place d’un plan d’urgence en faveur des producteurs européens.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar