Des violences découvertes grâce à une caméra cachée
Les vidéos ont été enregistrées entre le 28 mars et le 4 avril 2025. On y voit Dominique G., auxiliaire de 49 ans, porter plusieurs coups au visage de Rayan, le tirer violemment par les cheveux et le gifler. Rayan est paralysé, aveugle et incapable de parler. Sa mère, Sana, avait placé une caméra après avoir constaté des marques suspectes sur le visage de son fils.
Le choc est d’autant plus violent que Dominique G. était accueilli régulièrement par la famille. Il faisait partie du quotidien, partageait des repas avec eux. La mère et le beau-père de Rayan ont confié avoir été trahis, bouleversés par ce qu’ils ont vu.
Un procès sous haute tension
Au tribunal correctionnel de Marseille, les images ont été diffusées sur trois écrans. L’émotion dans la salle était palpable. Dominique G. a reconnu les faits mais a affirmé ne pas se souvenir des gestes, invoquant une décompensation psychotique. Les juges n’ont pas retenu cette thèse, estimant que son discernement n’était pas altéré au moment des faits.
Le parquet a requis neuf mois de prison avec sursis, une obligation de soins et une interdiction définitive d’exercer dans le secteur de l’aide à la personne. La famille de Rayan, mais aussi plusieurs associations, jugent cette peine insuffisante au regard de la gravité des faits. Le verdict est attendu pour le 10 juillet.
Un secteur à la dérive
Cette affaire soulève des questions majeures sur les conditions de recrutement et de contrôle des auxiliaires de vie. D’après l’association APF France Handicap, ce drame reflète une crise structurelle du secteur : manque de formation, salaires dérisoires et absence de supervision.
Dans ce cas précis, l’aide était facturée 45 euros de l’heure à la famille, alors que Dominique G. était payé seulement 8 euros. Un modèle économique dénoncé par les associations qui parlent de dérive marchande au détriment de la dignité des personnes vulnérables.
Un besoin urgent d’encadrement
Pour l’APF, cette affaire prouve qu’il est urgent de mettre en place un Grenelle de l’aide humaine. Le but serait d’établir des règles claires, de renforcer les contrôles et de garantir la sécurité des bénéficiaires.
« Sans les vidéos, il n’y aurait pas eu d’affaire Rayan », rappelle la coordinatrice Deguene Alix.
Des dizaines de situations similaires pourraient encore être cachées dans l’ombre.