Le 3 janvier 2020, Cédric Chouviat, livreur et père de famille de 42 ans, a été contrôlé par un groupe de policiers à Paris, alors qu’il circulait en scooter avec son casque sur la tête. Le contrôle a dégénéré, et Cédric Chouviat s’est retrouvé plaqué au sol dans une position où il a crié à plusieurs reprises “j’étouffe”. Victime d’un malaise, il est transporté à l’hôpital dans un état critique et décède le 5 janvier. Ce drame a conduit à une enquête approfondie et à plusieurs expertises pour déterminer la cause exacte de sa mort et les responsabilités éventuelles.
Les conclusions du parquet
Le parquet de Paris a récemment requis un procès pour homicide involontaire à l’encontre de trois policiers présents lors de l’interpellation. Selon le réquisitoire du 29 octobre, ces fonctionnaires auraient commis des négligences, principalement en utilisant une technique de plaquage reconnue comme dangereuse, sans surveiller l’état de santé de Chouviat. Bien que le parquet considère que l’intervention des policiers était légitime en raison de l’attitude de la victime, il estime que les manœuvres employées, sans précaution appropriée, ont directement conduit au décès de Chouviat.
La famille de la victime, représentée par les avocats Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, juge cette qualification d’homicide involontaire insuffisante. Ils estiment que les violences subies par Chouviat étaient volontaires et auraient dû être reconnues comme telles dans le cadre des poursuites. Pour eux, l’utilisation de techniques d’interpellation contraignantes, telles que le plaquage ventral, est incompatible avec une qualification involontaire des violences. Selon eux, cette interprétation minimise la gravité de l’intervention et les risques inhérents aux pratiques de maintien au sol.
La réaction de la défense des policiers
L’avocat des policiers mis en cause, Me Laurent-Franck Liénard, conteste la position du parquet et soutient que ses clients n’ont pas perçu les signes d’asphyxie de Cédric Chouviat pendant l’intervention. Selon la défense, les agents auraient interprété la réaction de la victime comme une opposition physique active et non comme des signes de détresse. Les policiers affirment n’avoir jamais entendu Chouviat prononcer les mots « j’étouffe », et ajoutent qu’ils auraient interrompu l’intervention s’ils avaient perçu un risque pour sa vie.
Plusieurs expertises médicales ont joué un rôle essentiel dans l’enquête, mettant en lumière les possibles effets des techniques de plaquage sur l’état de santé de Chouviat. Les enregistrements de l’intervention ont révélé que Chouviat a exprimé sa détresse en criant « j’étouffe » neuf fois en seulement treize secondes, soulignant l’urgence de sa situation. En janvier 2023, une reconstitution a été organisée au quai Jacques-Chirac, près de la Tour Eiffel, lieu du drame, pour déterminer si les agents pouvaient percevoir les signes de détresse de Chouviat. Cette reconstitution a confirmé la difficulté des policiers à identifier les signes d’asphyxie dans certaines conditions de maintien au sol.
Un procès attendu pour clarifier les responsabilités
Alors que le parquet a demandé un procès pour homicide involontaire, la décision finale appartient au juge d’instruction, qui doit décider de renvoyer ou non les policiers devant le tribunal correctionnel. Ce procès, s’il a lieu, pourrait avoir un impact significatif sur les procédures d’interpellation en France, notamment sur l’utilisation de techniques de maintien controversées, comme le plaquage ventral.
La mort de Cédric Chouviat a suscité de vifs débats sur les violences policières en France. Son cas a rejoint une série d’affaires médiatisées qui ont conduit les autorités à examiner les pratiques d’interpellation des forces de l’ordre et à revoir certaines techniques jugées dangereuses. Ce procès pourrait donc non seulement apporter justice à la famille de Cédric Chouviat, mais aussi relancer la discussion autour des droits des citoyens lors des interventions policières.