Moscou déclare «terroriste» un supposé mouvement sataniste

La Russie a inscrit le « mouvement sataniste international » sur sa liste officielle des « terroristes et extrémistes ». Cette décision, actée le 19 septembre 2025 par l’agence fédérale de surveillance financière (Rosfinmonitoring), s’appuie sur un arrêt de la Cour suprême de juillet, alors même qu’aucune organisation portant ce nom n’existe formellement.
Russie mouvement sataniste

Ce que dit la décision russe

Concrètement, l’inscription sur cette liste permet de geler des avoirs, de poursuivre pénalement toute personne reconnue liée à ce « mouvement » et d’élargir les pouvoirs de la justice et de la police en matière de « lutte contre l’extrémisme ». Rosfinmonitoring a confirmé l’ajout le 19 septembre ; côté juridique, la Cour suprême avait déjà interdit en juillet le « mouvement sataniste international » en tant qu’organisation « extrémiste ».

« Il a été établi que ce mouvement est fondé sur une idéologie extrémiste, la haine et l’hostilité envers les confessions religieuses traditionnelles », a justifié l’instance judiciaire, sur saisine du Parquet général.

Les autorités affirment que des « adeptes » pratiqueraient des rites occultes et des meurtres rituels, des allégations invérifiables à ce stade et qui inquiètent les défenseurs des droits humains par leur caractère très flou.

Un « mouvement » qui n’existe pas… officiellement

Plusieurs médias indépendants rappellent que ce « mouvement sataniste international » n’a pas d’existence formelle (pas de structure, ni de statuts publics). Le précédent le plus proche remonte à 2023, lorsque la justice russe a interdit le « mouvement international LGBT » et que Rosfinmonitoring l’a ajouté à la même liste, ouvrant la voie à des poursuites et à des gels de comptes.

Contexte politique et religieux

Le Kremlin s’appuie de plus en plus sur un discours valorisant les « valeurs traditionnelles » et une proximité affichée avec l’Église orthodoxe. Vladimir Poutine a déjà décrit l’Occident comme « décadent » et « satanique ». Des observateurs y voient une rhétorique morale mobilisée pour justifier un durcissement intérieur, de la répression des personnes LGBT+ à la surveillance des sous-cultures jugées « déviantes ».

Pourquoi cette annonce maintenant ?

Selon des analystes, l’inscription du « satanisme » dans l’appareil légal permet de cibler très largement des individus ou des groupes, y compris sans lien entre eux, sous l’accusation de « participation » à un ensemble idéologique indéfini. La charge de la preuve devient plus aisée pour l’accusation, les termes « extrémiste » et « terroriste » restant extensifs dans la loi russe.

Qu’est-ce que cela change pour les personnes visées ?

Être lié — même de façon présumée — à une entité inscrite sur la liste Rosfinmonitoring peut entraîner :

  • le gel des comptes bancaires et des actifs ;
  • l’interdiction de certaines activités publiques et politiques ;
  • des poursuites pénales passibles de peines lourdes ;
  • un risque de censure et de restrictions numériques accrues.

Des ONG rappellent que des décisions analogues ont déjà eu pour effet de judiciariser des comportements sans lien direct avec des actes violents, en raison de la vaguité des qualifications.

Pourquoi cette affaire vous concerne aussi

Au-delà du fait divers, la décision pose des questions de liberté de conscience, de liberté d’expression et de sécurité juridique. En élargissant la catégorie d’« organisations extrémistes » à des concepts plutôt qu’à des structures identifiables, l’État russe accroît sa capacité à poursuivre des minorités religieuses ou culturelles, mais aussi des opposants politiques.

Le risque d’un effet boule de neige

Une fois l’incrimination posée, les autorités peuvent l’étendre à des communautés ou à des pratiques culturelles (musique, symboles, esthétiques) au nom de la prévention de l’« extrémisme ». Des titres de presse britanniques notent que des publics comme les fans de metal/goth pourraient, à tort, entrer dans le viseur des procureurs.

Ce qu’il faut retenir

  • Depuis juillet 2025, la Cour suprême a banni le « mouvement sataniste international » en Russie ; le 19 septembre 2025, Rosfinmonitoring l’a ajouté à sa liste « terroristes et extrémistes ». 
  • Le « mouvement » n’a pas d’existence formelle, ce qui élargit le spectre des personnes potentiellement ciblées.
  • Des sanctions financières et pénales peuvent s’appliquer sur simple présomption d’appartenance. 
  • Cette décision s’inscrit dans une trajectoire déjà observée avec le « mouvement international LGBT ».

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