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« No Pasarán » : le cri des rappeurs Français contre le Rassemblement National

Un collectif de vingt rappeurs français, parmi lesquels Akhenaton, Zola et Fianso, a secoué la scène musicale avec la sortie de « No Pasaran », un titre dénonçant le Rassemblement National (RN). Publié lundi soir sur YouTube, ce morceau de 9 minutes et 43 secondes ne laisse aucune place à l’ambiguïté avec des punchlines acérées à l’encontre de figures du RN telles que Marine Le Pen, Marion Maréchal et Jordan Bardella.

Inspiré du célèbre slogan antifasciste espagnol signifiant « Ils ne passeront pas », « No Pasaran » s’attaque frontalement aux politiques du RN, dénonçant les contrôles au faciès et les dérives nationalistes. Dès les premières secondes, Fianso lance un avertissement clair : « Secousses et tremblements, fuck le Rassemblement ». Les rappeurs enchaînent ensuite les couplets, chacun apportant sa propre critique sans concertation préalable, selon les sources proches de la production.

Lancé dans la nuit de lundi à mardi, le titre a rapidement cumulé des vues sur YouTube, atteignant plus de 1,5 million de vues en seulement trois jours. Cependant, cette visibilité a également déclenché une vive polémique dans les milieux politiques et médiatiques, notamment à droite.

Réactions des stations de radio

Le parcours du morceau dans les médias traditionnels a été plus tumultueux. Sur la station Générations, basée en région parisienne, le titre a été diffusé en exclusivité peu après sa sortie. Jefferson, animateur de la tranche 20h-minuit, explique : « On l’a passé en exclusivité quand il est sorti. C’est de la musique et on est une radio musicale. Ça fait simplement partie des nouveautés de la journée. » Cependant, la diffusion a été de courte durée, la direction décidant rapidement de retirer le morceau des rotations.

D’autres stations de radio, comme Mouv’ et Skyrock, ont été plus catégoriques. Yannick Bodin, responsable adjoint de la programmation musicale sur Mouv’, affirme : « C’était non tout de suite. J’ai entendu le morceau lundi soir, ça n’allait pas au niveau des paroles. » Les paroles jugées trop violentes, voire complotistes, ont été un frein majeur à sa diffusion. Par exemple, Alkpote scande : « [ils] veulent nous injecter des puces dans le sang », une phrase qui a particulièrement attiré les critiques.

Du côté de Skyrock, une des principales radios rap suivie par un demi-million de personnes sur X (anciennement Twitter), le morceau n’a pas non plus trouvé sa place. La station a confirmé à franceinfo n’avoir ni diffusé le titre ni abordé le sujet à l’antenne.

Un message controversé

Le contenu de « No Pasaran » a suscité des réactions variées, allant de l’enthousiasme des fans pour son engagement politique à des critiques sévères pour ses propos incendiaires. Le morceau pose des questions sur la liberté d’expression et la responsabilité des artistes dans la diffusion de messages politiques. En refusant de diffuser « No Pasaran », certaines stations de radio invoquent la nécessité de maintenir un certain niveau de modération dans les paroles des chansons qu’elles diffusent.

Malgré les controverses et les obstacles, « No Pasaran » continue de marquer les esprits et de faire parler de lui, témoignant de la capacité de la musique à porter des messages puissants et à provoquer des débats essentiels sur la société et la politique.