Pourquoi la production mondiale grimpe encore
Depuis les années 1950, la production de plastiques « synthétiques » a été multipliée par environ 230. Elle a même doublé entre 2000 et 2019. La raison est simple : c’est un matériau léger, modulable, bon marché, présent dans l’alimentaire, la santé, l’électronique, le bâtiment ou l’auto.
Revers immédiat : plus on fabrique, plus on jette. En 2019, environ 22 millions de tonnes de plastiques auraient fui dans l’environnement, dont 6 millions dans les cours d’eau et les océans. Les microplastiques sont désormais détectés dans l’eau, les sols, l’air… et dans le corps humain.
Le classement monde : qui fabrique le plus de plastique ?
L’Asie concentre plus de la moitié de la production mondiale. La Chine est très loin devant, avec environ un tiers de la production. Derrière, viennent l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada), puis l’Europe. Plusieurs pays d’Asie de l’Est pèsent lourds (Corée du Sud, Taïwan, Japon), tout comme les producteurs du Golfe (Arabie saoudite).
Parts de production (ordre de grandeur) par grandes zones
Zone / pays | Part estimée | Remarques |
---|---|---|
Chine | ~33–34 % | 1er producteur mondial, poids dominant en résines de base. |
Amérique du Nord (USA + Canada) | ~17 % | Coûts énergétiques favorables, capacités en hausse. |
Union européenne élargie (UE + RU + CH + NO) | ~12 % | Part en recul ; forte pression concurrentielle sur les résines. |
Asie hors Chine/Japon (incl. Corée, Taïwan, Turquie…) | ~20 % | Corée ~5 % ; Taïwan et Japon pèsent aussi. |
Autres régions (Moyen-Orient, reste du monde) | ~17–18 % | Arabie saoudite figure dans le top 7 des pays producteurs. |
Si l’on zoome sur quatre résines très répandues (PE, PP, PET, PS), sept pays produisent environ deux tiers du total : Chine, États-Unis, Arabie saoudite, Corée du Sud, Inde, Japon et Allemagne.
Pays leaders sur les résines PE/PP/PET/PS (ordre de grandeur)
Pays | Part estimée | Position |
---|---|---|
Chine | ~34 % | #1 |
États-Unis | ~13 % | #2 |
Arabie saoudite | ~5 % | Top 5 |
Corée du Sud | ~5 % | Top 5 |
Inde | ~4 % | Top 7 |
Japon | ~3 % | Top 7 |
Allemagne | ~2 % | 1er européen |
Zoom Europe : recul industriel, mais plus de “plastique circulaire”
L’Europe voit sa part baisser. Les producteurs mentionnent la « hausse brutale des importations » de résines moins chères, des coûts énergétiques plus élevés et des normes plus strictes. Dans le même temps, la production mondiale continue d’augmenter.
À l’intérieur de l’UE, l’Allemagne reste le premier producteur (ordre de grandeur : 13 Mt). La Belgique et les Pays-Bas suivent, notamment grâce à leurs hubs pétrochimiques. La France se situe un cran derrière.
« Cette bascule menace la viabilité de la chaîne de valeur européenne des plastiques… Nous assistons déjà à la fermeture d’unités de production dans l’UE », alerte la fédération professionnelle.
Point positif : l’Europe affiche la plus forte part de plastiques “circulaires” (recyclés et biosourcés) dans sa production locale, autour de 15 %. La dynamique existe, mais reste fragile face aux importations qui ne respectent pas toujours ces standards.
Producteurs privés : un marché très concentré
La fabrication de résines vierges est concentrée chez une poignée de géants de la pétrochimie. Quelques groupes pèsent chacun entre 2 % et 5 % du volume mondial. On retrouve des acteurs publics et privés, en Chine, aux États-Unis et au Moyen-Orient. En Europe, des acteurs comme INEOS, Borealis ou TotalEnergies apparaissent dans le top 15 mondial.
Production ≠ pollution : des profils très différents
Être un grand producteur ne signifie pas être le plus gros pollueur des océans. La pollution marine dépend beaucoup des systèmes de collecte, du traitement des déchets, des importations de rebuts et des fuites des déchets mal gérés. Des pays qui produisent moins peuvent avoir des taux de fuite très élevés si leurs infrastructures sont insuffisantes.
Traité mondial contre la pollution plastique : où en est-on ?
175 pays négocient, sous l’égide de l’ONU, un accord juridiquement contraignant. Deux visions s’opposent. D’un côté, les producteurs d’hydrocarbures et de résines, qui poussent le tri, la collecte et le recyclage. De l’autre, des États et ONG qui demandent aussi une réduction de la production de plastique vierge, notamment des usages à courte durée de vie.
À retenir
- La Chine produit environ un tiers des résines les plus courantes.
- L’Amérique du Nord pèse près d’un cinquième du marché ; l’Europe recule vers ~12 %.
- Sept pays font environ 66 % de la production des résines PE/PP/PET/PS.
- L’Europe mène sur les plastiques “circulaires”, mais reste sous pression.
- Un traité mondial est en négociation : réduire le vierge ou miser surtout sur le recyclage ? Le débat est ouvert.
Questions / Réponses
Combien de plastique produit-on dans le monde ?
L’ordre de grandeur se situe au-delà de 400 millions de tonnes par an. La tendance est encore à la hausse.
Pourquoi la Chine est-elle si dominante ?
Un écosystème pétrochimique massif, des coûts compétitifs, une demande interne immense et un rôle clé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
L’Europe peut-elle regagner du terrain ?
Oui, mais avec une stratégie double : investir dans la compétitivité (énergie, innovation, hubs) et accélérer la bascule vers des matières recyclées/biosourcées de haute qualité.
Le recyclage peut-il suffire ?
Indispensable, mais pas suffisant seul. Les experts parlent d’un mix : réduire certains usages jetables, concevoir mieux (moins de multicouches), développer réemploi et recyclage, tout en sécurisant la gestion des déchets là où elle fait défaut.