Ce mardi, Ouest-France, premier quotidien régional français, a annoncé la suspension de toutes ses publications sur X, anciennement Twitter. Cette décision s’inscrit dans un contexte de protestation contre le manque de modération et la désinformation persistante sur la plateforme, désormais dirigée par Elon Musk.
Un média attaché aux valeurs démocratiques
Dans un communiqué publié sur son site, Ouest-France a expliqué les raisons de cette décision. Le média, profondément attaché à la démocratie, au respect du débat apaisé et à la lutte contre le harcèlement, estime que X est devenu un espace où les tensions et la désinformation prédominent.
Par les tensions qui y demeurent et le manque de vigilance face aux débordements, X contribue à l’empoisonnement du débat public, pourtant vital à la démocratie.
Cette prise de position marque une rupture nette avec une plateforme autrefois considérée comme un outil précieux pour la liberté d’expression et le partage d’informations.
Ouest-France a souligné que cette décision n’a pas été prise à la légère. Depuis janvier 2023, le média avait considérablement réduit son activité sur X, passant de 200 tweets quotidiens à environ 20 publications hebdomadaires. Cette diminution s’inscrivait déjà dans une volonté de protestation contre les dérives observées sur le réseau.
En un an, force est de constater que rien ne s’est arrangé. Les nouvelles mesures prises par X affaiblissent davantage la plateforme.
Parmi les facteurs déclencheurs, le média pointe plusieurs changements ayant aggravé la situation :
- La suppression de l’ancienne certification bleue, désormais accessible à tous contre paiement, au détriment de la fiabilité des sources.
- La modification des règles de blocage, exposant davantage les utilisateurs au cyberharcèlement.
- Une politique d’algorithmes favorisant les contenus payants au détriment des contenus fiables.
Désormais, les comptes officiels de Ouest-France (général, locaux, sportifs…) ne publieront plus de contenus sur X, que ce soit sous forme de productions originales ou de republications.
Le média précise toutefois qu’il continuera à intégrer dans ses articles des publications issues de X si elles relèvent d’informations fiables ou originales. Les journalistes de la rédaction, quant à eux, restent libres de partager leurs travaux sur leurs comptes personnels.
Dans son communiqué, Ouest-France déplore les nouvelles règles imposées par X, qu’il qualifie de “biaisées”.
Les médias refusant de payer pour les options premium voient leur visibilité drastiquement réduite, tandis que les auteurs de contenus douteux bénéficient d’une large audience grâce à des publications sponsorisées.
Le média estime qu’en l’état actuel, il n’est ni judicieux ni opportun de continuer à alimenter une plateforme qui ne prend pas suffisamment de mesures contre les dérives et les violences en ligne.
Cette décision reflète les principes fondamentaux d’Ouest-France, dont l’actionnaire principal est une association dédiée à la promotion des valeurs de la démocratie humaniste.
Xavier-François Lefranc, président du directoire du média, a déclaré au Figaro :
Cet outil, qui aurait pu être fabuleux pour la démocratie, est devenu une zone où le droit n’est pas appliqué.
Ouest-France n’est pas le seul média à s’éloigner de X. Récemment, d’autres grandes publications internationales comme The Guardian (Royaume-Uni) et La Vanguardia (Espagne) ont pris des mesures similaires. Ces décisions reflètent une désillusion générale quant au potentiel de la plateforme en tant qu’espace de dialogue constructif.
Malgré cette suspension sur X, Ouest-France continue d’investir dans d’autres canaux numériques pour maintenir une proximité avec ses lecteurs. Le média affirme vouloir privilégier les plateformes où les valeurs de respect, de modération et de fiabilité sont mieux garanties.
En quittant X, Ouest-France souhaite réaffirmer son engagement pour un journalisme de qualité, dans un espace numérique où la véracité des informations prime sur le sensationnalisme ou les contenus sponsorisés.