Paul-Loup Sulitzer a marqué la littérature populaire en créant un genre à part entière : le « western financier ». Ses romans, mêlant aventures et affaires, ont rencontré un succès international, avec plus de 40 millions d’exemplaires vendus dans une quarantaine de langues. Parmi ses plus grands best-sellers figurent Money, Cash et Fortune, qui retracent les péripéties de son héros emblématique, Franz Cimballi, un homme d’affaires redresseur de torts.
Né en 1946 à Boulogne-Billancourt, il abandonne ses études à 16 ans et se lance dans les affaires. Il devient ainsi le plus jeune PDG de France à 21 ans, avant d’être consultant financier. C’est en 1980 qu’il se fait un nom dans la littérature avec Money, un ouvrage qui s’impose comme un véritable phénomène de librairie.
Le mélange des affaires et de la littérature
Au-delà de ses livres, Sulitzer est aussi connu pour son sens du marketing. Il investissait massivement dans la promotion de ses romans, allant jusqu’à financer des campagnes publicitaires dignes des stars du show-business. Cette stratégie a contribué à faire de lui un auteur incontournable des années 1980 et 1990.
Mais sa carrière a été entachée par la controverse. Il a été accusé d’avoir eu recours à des « nègres littéraires » pour écrire ses romans, notamment l’écrivain Loup Durand. Cette polémique a été exacerbée en 1987 lorsqu’elle a été évoquée dans l’émission « Apostrophes » de Bernard Pivot.
Sulitzer était aussi un personnage public médiatique, souvent associé à l’image du capitalisme triomphant des années 1980. Il incarnait une vision décomplexée de l’argent et du succès, qu’il défendait dans ses écrits comme dans ses apparitions publiques. Alain Souchon l’évoquait d’ailleurs dans sa chanson « Foule sentimentale », où il symbolisait la société de consommation.
Au fil des années, sa santé s’est dégradée. Il a été victime d’une arythmie cardiaque en 2019, avant d’être frappé par l’AVC qui lui a été fatal.
La fin de sa carrière a également été marquée par des affaires judiciaires. En 2008, il a été condamné à quinze mois de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire dite de l’Angolagate, une vente illégale d’armes à l’Angola. Cet épisode a contribué à ternir son image, même s’il continuait à publier des ouvrages, notamment des essais sur la finance et des récits inspirés de son expérience.