Une réalité démographique impossible à ignorer
La France entre dans une phase de vieillissement accéléré. Le nombre de retraités augmente plus vite que celui des actifs. Selon les projections de l’Insee, en 2040, près d’un tiers de la population aura plus de 60 ans. En parallèle, la natalité chute, et le nombre d’entrées sur le marché du travail ne suffit plus à compenser les départs.
Ce déséquilibre entre actifs et inactifs pèse lourd sur notre modèle social : retraites, hôpitaux, écoles, transports publics… tous dépendent d’une base solide de cotisants. Et cette base s’effrite.
Les études convergent. Pour éviter l’effondrement de notre système économique et social, la France devra accueillir entre 250 000 et 310 000 travailleurs immigrés chaque année. Ce chiffre ne sort pas de nulle part : il s’appuie sur des données démographiques, économiques et sociales fiables.
Une économie déjà sous perfusion migratoire
Qui travaille dans les hôpitaux, les restaurants, sur les chantiers, dans les services de propreté ou à domicile ? Une part massive de ces postes essentiels est occupée par des travailleurs immigrés.
À titre d’exemple, plus de 60 % des aides à domicile en Île-de-France sont d’origine étrangère. Sans eux, une partie du pays s’arrête.
Contrairement aux idées reçues, l’immigration rapporte plus qu’elle ne coûte. D’après l’OCDE et la Cour des comptes, la population immigrée contribue positivement aux finances publiques, aux cotisations sociales et à la consommation.
Ils sont aussi médecins, ingénieurs, chercheurs. Un médecin sur cinq en France a obtenu son diplôme à l’étranger. Ce ne sont pas uniquement des « petits métiers » qu’on refuse de faire, ce sont aussi des compétences vitales.
Des talents gâchés par des politiques dépassées
Trop de talents restent bloqués dans des files d’attente interminables à la préfecture ou se voient refuser la reconnaissance de leurs diplômes. Des ingénieurs deviennent livreurs, des infirmières travaillent au noir. C’est un immense gâchis pour le pays.
France Stratégie estime que des dizaines de milliers de compétences sont inutilisées à cause d’une politique d’intégration inefficace.
On parle souvent d’immigration choisie ou subie, mais dans les faits, rien n’est vraiment choisi. Le système est lent, mal coordonné et trop souvent dicté par des logiques sécuritaires, pas par la réalité du marché du travail.
Une perception déformée par la peur
La population immigrée représente environ 11 % des habitants en France. Mais plus de 70 % des Français pensent que ce chiffre est bien plus élevé. Cette mésinformation, nourrie par des discours anxiogènes, alimente les peurs.
Le fantasme du « grand remplacement » est une construction idéologique, pas une réalité statistique. Et il détourne le débat des vrais enjeux.
Mal informés, beaucoup de Français s’opposent à l’arrivée de nouveaux immigrés, sans voir que le pays en dépend déjà. C’est un paradoxe : on rejette ce qui nous permet de tenir debout.
Un choix de société à faire maintenant
La France ne peut plus se contenter de lois bricolées ou de circulaires de crise. Il faut une stratégie claire, articulée autour de quatre piliers :
- Maîtrise de la langue française
- Reconnaissance des diplômes étrangers
- Accès digne au logement
- Intégration culturelle et citoyenne
Ces axes ne sont pas « gentils » ou « naïfs », ils sont efficaces. Et surtout, ils répondent à la réalité du terrain.
Plutôt que de la subir, la France a tout intérêt à organiser l’arrivée de compétences, à accompagner les parcours, à valoriser les profils. C’est là que se joue la survie de notre modèle social.
Le pays est déjà métissé, interdépendant, en mouvement. Il s’agit simplement de mettre les politiques au niveau de cette réalité.