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Pourquoi pleut il autant en 2024 ?

En 2024, la France a connu des précipitations d’une ampleur exceptionnelle, dépassant largement les moyennes saisonnières. Ce phénomène météorologique inhabituel suscite de nombreuses interrogations quant à ses causes et à son lien avec le changement climatique.

Un niveau record de précipitations en 2024

Depuis le début de l’année 2024, les précipitations en France ont atteint un niveau record. À titre de comparaison, il est tombé en moyenne 865 mm de pluie sur l’ensemble du territoire, alors que la moyenne habituelle pour cette période se situe autour de 630 mm. Ce chiffre est d’autant plus marquant que certaines régions ont vécu des épisodes pluvieux d’une intensité inédite. Par exemple, en Ardèche, des pluies de 600 millimètres ont été enregistrées en quelques jours seulement, un record de mémoire d’homme.

L’une des raisons principales de ces chiffres impressionnants réside dans la pluviométrie exceptionnelle observée au printemps 2024. Contrairement à certaines années précédentes, où des périodes de sécheresse s’étaient installées, 2024 a vu un défilé quasi ininterrompu de perturbations océaniques et méditerranéennes.

Les spécialistes de Météo France ont également constaté qu’il n’y a eu aucune longue période sans pluie cette année. Cela a contribué à maintenir des sols saturés d’eau, augmentant les risques d’inondations et d’évacuations dans certaines zones.

Les facteurs météorologiques en jeu

Les épisodes cévenols et méditerranéens sont des phénomènes météorologiques bien connus dans le sud-est de la France, particulièrement à l’automne. En 2024, ces phénomènes ont été particulièrement intenses. Ils sont causés par un flux de sud qui transporte de l’air chaud et humide de la Méditerranée vers les montagnes, où il rencontre des reliefs, provoquant des pluies torrentielles.

Les eaux de la Méditerranée étaient cette année plus chaudes que la normale, avec des températures dépassant la moyenne de 1°C à 2°C. Cette chaleur supplémentaire a favorisé l’évaporation et la formation de nuages gorgés de vapeur d’eau, augmentant ainsi l’intensité des précipitations. Ce phénomène est amplifié par ce que les météorologues appellent la loi de Clausius-Clapeyron, qui stipule qu’une hausse de 1°C entraîne une augmentation de 7 % de la capacité de l’air à retenir de la vapeur d’eau, ce qui accroît le potentiel de précipitations.

Depuis la fin de 2023, la France connaît une absence prolongée d’anticyclones, c’est-à-dire de périodes de hautes pressions qui bloquent les perturbations. Habituellement, ces systèmes se forment et empêchent les perturbations océaniques de s’installer durablement. Or, en 2024, ces perturbations ont pu se succéder sans interruption, favorisant des précipitations régulières sur tout le territoire.

Le retour des flux océaniques a marqué un changement radical par rapport aux années précédentes, où la sécheresse et les vagues de chaleur dominaient. Ce flux océanique, combiné aux restes d’anciens phénomènes cycloniques, a contribué à augmenter considérablement la pluviométrie sur l’ouest de l’Europe.

Le lien avec le changement climatique

L’un des éléments récurrents dans l’analyse de cette année exceptionnelle en termes de précipitations est le rôle du changement climatique. Selon les experts, les phénomènes météorologiques observés en 2024 sont fortement influencés par les perturbations climatiques globales. Le changement climatique accentue la variabilité et l’intensité des épisodes météorologiques.

Des températures plus élevées

L’un des effets directs du changement climatique est l’augmentation des températures globales, ce qui affecte les cycles de l’eau. Avec des océans plus chauds, les volumes de vapeur d’eau présents dans l’atmosphère augmentent. Cela se traduit par des épisodes pluvieux plus intenses et fréquents. Comme l’explique Laurent Boissier, spécialiste des risques climatiques, le réchauffement climatique a un double effet paradoxal : il engendre à la fois plus d’eau sous forme de précipitations et des périodes de sécheresse.

Le réchauffement climatique intensifie donc les contrastes entre les périodes de sécheresse et les périodes de fortes pluies, un phénomène appelé « extrémisation du climat ».

Des épisodes pluvieux de plus en plus réguliers

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que les épisodes pluvieux massifs observés en 2024 sont directement liés au dérèglement climatique. Elle a mis en garde contre le fait que ce type d’épisode deviendra de plus en plus courant à l’avenir. Ces événements sont souvent associés à des phénomènes de super typhons, de cyclones ou encore de moussons plus intenses, qui touchent également d’autres régions du monde.

Un phénomène mondial

La France n’est pas le seul pays à être touché par des épisodes pluvieux intenses. En 2024, de nombreux pays à travers le monde ont également subi des précipitations extrêmes. En Asie, des super typhons comme Yagi et Bebinca ont causé des inondations dévastatrices, tandis qu’en Afrique, la saison des pluies a été particulièrement meurtrière, provoquant des déplacements de populations.

Selon l’observatoire Copernicus, septembre 2024 a été l’un des mois de septembre les plus chauds jamais enregistrés. Cette chaleur excessive a contribué à intensifier les précipitations dans plusieurs régions du globe, aggravant des situations déjà fragiles sur le plan climatique.

Face à cette nouvelle réalité climatique, de nombreux experts soulignent l’importance de l’adaptation aux changements en cours. Il devient essentiel de repenser les infrastructures, en particulier dans les zones sujettes aux inondations, afin de mieux faire face à ces épisodes pluvieux récurrents.