Un casting de followers avant le talent ?
À Cannes, Léna Situations pose sur le tapis rouge. Mais cette fois, ce n’est pas pour vloguer, c’est en tant qu’actrice. Elle tournera prochainement dans « Spider Island », une comédie horrifique où elle incarne… une influenceuse. Une mise en abîme qui résume bien l’époque.
De plus en plus de créateurs de contenu franchissent la barrière entre réseaux sociaux et cinéma. Studios et producteurs y voient une opportunité : leurs millions d’abonnés représentent un public potentiel déjà conquis. Un post bien placé peut faire plus que n’importe quelle bande-annonce à la télévision.
Des noms qui attirent les clics… et les critiques
Mister V, Paola Locatelli, Just Riadh, Léna Mahfouf… tous ont franchi le pas. Leur force ? Une audience jeune, fidèle et ultra-connectée. Pour les studios, c’est la garantie d’un buzz immédiat. Pour autant, le résultat n’est pas toujours au rendez-vous en salle.
En France, plusieurs films avec des influenceurs ont fait flop. Les critiques pointent le manque de formation, un jeu parfois jugé faible, ou des scénarios écrits autour de l’influence plus que de la qualité artistique. Le fossé entre cinéma populaire et cinéma d’auteur se creuse.
Les réseaux sociaux, nouvel outil promo du cinéma
Sur le plan marketing, faire appel à un influenceur, c’est intégrer le film directement dans les flux Instagram, TikTok et YouTube de millions de jeunes. Chaque publication devient une campagne de pub virale, gratuite ou presque, avec un taux d’engagement supérieur aux canaux classiques.
Les studios bénéficient de la portée des influenceurs. Ces derniers, eux, légitiment leur image en devenant acteurs. Pour certains, comme Jonathan Cohen, qui a débuté sur internet, la transition est naturelle et réussie. Pour d’autres, c’est un terrain d’apprentissage.
Mais attention à l’effet boomerang : un mauvais film, une prestation ratée, et l’image publique de l’influenceur peut en pâtir. Le public est aussi exigeant que volatil.
Une évolution mondiale du cinéma
Ce phénomène dépasse la France. Aux États-Unis, des créateurs comme Addison Rae ou même Kim Kardashian décrochent des rôles dans des séries ou des films Netflix. En Asie, certaines productions sont entièrement construites autour de figures virales locales. Le cinéma se mondialise à l’ère des algorithmes.
Les festivals se mettent à la page
À Cannes, à Berlin, à Toronto, les influenceurs ne sont plus seulement invités : ils montent les marches, participent aux avant-premières, parfois même aux jurys. Leur présence modifie les codes du prestige cinématographique et interroge : faut-il défendre un art élitiste ou l’ouvrir à la culture web ?
Les points clés à retenir
- Les influenceurs attirent un public jeune que le cinéma a du mal à toucher autrement.
- Leur présence booste la visibilité des films sur les réseaux sociaux.
- Leur talent d’acteur est parfois remis en question, ce qui crée un débat sur leur légitimité.
- La frontière entre divertissement numérique et cinéma devient floue.
Vers un nouveau modèle hybride ?
Certains studios envisagent déjà de créer des formats pensés dès le départ pour les réseaux. Films interactifs, storytelling adapté aux codes TikTok, narrations courtes… Le cinéma évolue au rythme des usages numériques. Et les influenceurs pourraient en être les moteurs les plus inattendus.
Pour les fans, voir leurs créateurs préférés à l’écran est excitant. Pour les puristes, c’est une trahison du cinéma. Pourtant, les deux mondes se croisent de plus en plus. Et si, au lieu de les opposer, on apprenait à composer avec leurs forces respectives ?