Pavel Durov, souvent surnommé le « Mark Zuckerberg russe », est une figure emblématique du monde de la technologie, connu pour sa vision libertaire et son engagement en faveur de la protection des données personnelles. Né à Saint-Pétersbourg en 1984, il a marqué l’industrie numérique avec la création de VKontakte (VK) en 2006, un réseau social qui a rapidement surpassé Facebook en Russie.
Cependant, c’est avec la fondation de Telegram en 2013 qu’il a véritablement laissé une empreinte indélébile dans le paysage numérique mondial.
VKontakte et le conflit avec le FSB
Durov a fondé VKontakte alors qu’il n’avait que 22 ans, en s’inspirant du modèle de Facebook mais en l’adaptant au marché russe. VK est rapidement devenu le réseau social le plus populaire en Russie, attirant des millions d’utilisateurs grâce à son interface conviviale et ses fonctionnalités de partage de contenu. Ce succès fulgurant a rapidement attiré l’attention des autorités russes, notamment le FSB, le Service de sécurité intérieure, qui a demandé à Durov de leur fournir les données personnelles des utilisateurs, en particulier celles des militants pro-européens ukrainiens.
Refusant catégoriquement de coopérer avec le FSB, Durov a choisi de s’exiler en 2014. Cet acte de défiance a renforcé son image de défenseur des libertés individuelles et de la vie privée. Il s’est alors installé à Dubaï, où il a établi la base de son entreprise Telegram, tout en acquérant la nationalité émiratie. Plus tard, il a également obtenu un passeport de Saint-Christophe-et-Niévès, un petit État insulaire des Caraïbes, et en 2021, il a obtenu la nationalité française dans des circonstances entourées de mystère.
La montée en puissance de Telegram
Telegram, lancé en 2013 par Pavel et son frère Nikolai, est rapidement devenu un bastion de la protection des données et de la liberté d’expression. L’application, qui compte aujourd’hui plus de 700 millions d’utilisateurs actifs, se distingue par son chiffrement de bout en bout et ses discussions secrètes qui offrent un niveau de confidentialité inégalé. Telegram est souvent utilisé par les activistes, journalistes et citoyens dans des pays où la liberté d’expression est restreinte, et a été un outil crucial durant les conflits comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
L’approche non modérée de Telegram a cependant attiré des critiques, l’application étant accusée d’être un refuge pour les extrémistes et les théoriciens du complot. En 2018, un tribunal de Moscou a ordonné le blocage de Telegram, mais cette tentative a échoué face à la résistance des utilisateurs et de Durov, qui a toujours refusé de se plier aux exigences des gouvernements pour compromettre la confidentialité des utilisateurs.
Une fortune colossale et un mode de vie minimaliste
Selon Forbes, la fortune de Pavel Durov est estimée à environ 15,5 milliards de dollars, faisant de lui l’une des personnes les plus riches du monde, se classant à la 121e position en 2024. Sa richesse provient principalement de la valeur de Telegram, qui, bien qu’offerte gratuitement, a exploré des modèles de monétisation éthiques tels que des abonnements premium. Durov a également investi dans des actifs numériques comme les bitcoins, ce qui a contribué à augmenter sa fortune.
Malgré cette immense richesse, Pavel Durov mène une vie relativement austère. Il est connu pour son mode de vie minimaliste, ne consommant ni viande, ni alcool, ni café, et restant souvent vêtu de noir. Il se décrit comme un solitaire, préférant se concentrer sur son travail plutôt que de s’adonner aux plaisirs matériels. Cette approche contraste fortement avec celle de nombreux autres milliardaires de la tech, renforçant son image d’entrepreneur atypique.
Les défis juridiques et l’avenir de Telegram
Durov a récemment fait face à des défis juridiques, notamment en France, où il a été arrêté à l’aéroport du Bourget en août 2024, en raison d’un mandat d’arrêt émis pour diverses accusations liées à l’utilisation de Telegram par des criminels. Les autorités françaises l’accusent de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour empêcher l’utilisation de sa plateforme à des fins criminelles, notamment en ce qui concerne la cyberintimidation, la fraude, et d’autres activités illicites.
Telegram, qui se présente comme une plateforme libre, a toujours résisté à la modération stricte, ce qui a conduit à des conflits avec les régulateurs dans plusieurs pays. Toutefois, Durov et son équipe ont affirmé que Telegram respecte les lois en vigueur, y compris celles de l’Union européenne, et continuent de défendre leur modèle de gestion de la plateforme.