Né le 23 octobre 1923 dans le village d’El Kouahi à Aïn M’lila, à 40 km au sud de Constantine, Larbi Ben M’hidi était le cadet d’une famille modeste de cinq enfants. Dès son plus jeune âge, il manifeste un intérêt marqué pour l’éducation et la culture, obtenant son certificat d’études primaires à Batna avant de poursuivre ses études secondaires à Biskra. En 1939, il rejoint les Scouts musulmans algériens (SMA), organisation qui, au-delà de son rôle éducatif, a été un terreau fertile pour le nationalisme algérien. Ben M’hidi, par son leadership naturel, devient rapidement chef de groupe, renforçant son engagement patriotique.
Ses premiers pas en politique
L’engagement politique de Ben M’hidi débute dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA) et se poursuit avec le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). En mai 1945, il participe aux manifestations pour l’indépendance algérienne qui aboutissent aux violents événements de Sétif et Guelma. Il est arrêté et emprisonné pendant plusieurs semaines, une expérience qui ne fait qu’intensifier sa détermination à lutter contre le colonialisme.
En 1947, il intègre l’Organisation spéciale (OS), une branche clandestine visant à préparer la lutte armée contre la présence coloniale française. Suite au démantèlement de l’OS en 1950, il devient un des piliers du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), prélude à la création du Front de libération nationale (FLN).
Le FLN et le déclenchement de la révolution
Le 1er novembre 1954, date du début de la guerre d’indépendance algérienne, est en partie l’œuvre de Ben M’hidi et de huit autres fondateurs du FLN. En sa qualité de dirigeant, il se voit confier la wilaya V (l’Oranie), qu’il organise avec un succès notoire malgré de multiples obstacles. Sa réputation de stratège et d’homme de conviction grandit rapidement.
En 1956, il participe activement au Congrès de la Soummam, un événement majeur qui consolide la structure politique et militaire du FLN. Aux côtés d’Abane Ramdane et de Krim Belkacem, Ben M’hidi contribue à renforcer la cohésion interne et la vision à long terme du mouvement indépendantiste.
Nommé chef de la zone autonome d’Alger en 1956, Ben M’hidi orchestre une série d’attentats marquants, dont celui du Milk-Bar le 30 septembre. L’intensification des opérations du FLN conduit le gouvernement français à lancer la bataille d’Alger en janvier 1957, sous la direction du général Jacques Massu. Larbi Ben M’hidi est arrêté le 23 février 1957, dans des circonstances où des accusations de trahison par certains membres de sa propre cause sont évoquées.
Exécution et manipulation
Le sort tragique de Larbi Ben M’hidi reste l’une des pages les plus sombres de la guerre d’Algérie. Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, il est exécuté par pendaison sous les ordres du général Paul Aussaresses, qui admettra, en 2001, dans son livre « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 », avoir orchestré son assassinat avec l’assentiment des autorités militaires et politiques de l’époque. La version officielle d’un « suicide en détention » est alors avancée, mais peu crédible pour ses contemporains et encore moins aujourd’hui.
La bravoure et l’esprit inflexible de Ben M’hidi ont marqué aussi bien ses partisans que ses ennemis. Le colonel Jacques Allaire, qui l’a arrêté, dira de lui en 2006 : « Ben M’hidi était un homme impressionnant de calme et de conviction ». En 2024, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement la responsabilité de la France dans son exécution, un acte qui clôture un long silence d’État sur ce crime de guerre.
En Algérie, Larbi Ben M’hidi est vénéré comme un héros national. Des rues, des écoles et des institutions portent son nom, et sa tombe repose au cimetière El Alia d’Alger, dans le carré des martyrs. Sa vie, son combat et sa mort rappellent que le courage et la détermination sont les piliers de toute quête de liberté.