Thierry El Borgi est l’un des protagonistes principaux d’une affaire criminelle glaçante ayant marqué la France en 1989 : l’affaire des paras de Francazal. Avec trois autres appelés du service militaire, il a commis une série de crimes d’une violence inouïe, dont des homicides, des viols, et des actes de barbarie. Ces faits, surnommés parfois la « dérive sanglante des paras de Francazal », restent parmi les plus choquants de l’histoire judiciaire française.
Un parcours marqué par une enfance difficile
Thierry El Borgi, né en 1969, a grandi dans un contexte familial extrêmement difficile. Sa mère, placée en foyer pendant une grande partie de son enfance, aurait donné naissance à El Borgi suite à un viol. Cette origine dramatique aurait profondément influencé son développement, alimentant des troubles comportementaux dès l’adolescence.
Durant son adolescence, El Borgi multiplie les petits délits, une trajectoire qu’il partage avec ses futurs complices. Ces jeunes hommes, venant pour la plupart de milieux brisés, se retrouvent au sein de la Base opérationnelle mobile aéroportée (BOMAP) de Francazal, près de Toulouse, où ils effectuent leur service militaire en 1989.
Les crimes de l’été 1989
Le 30 mai 1989, Isabelle Rabou, une jeune kinésithérapeute de 23 ans, disparaît après avoir passé la soirée avec des amis. Elle est enlevée par El Borgi et ses complices, qui cherchent initialement à voler une voiture. Ils la violent et la tuent avec une brutalité extrême avant de brûler son véhicule. Son corps est retrouvé enterré plusieurs semaines plus tard.
Quelques semaines plus tard, le 13 juillet 1989, El Borgi et ses complices croisent deux jeunes filles, Noria Boussedra, 17 ans, et Luisa De Azevedo, 12 ans, à une fête foraine près de Toulouse. Après les avoir emmenées dans une voiture, ils les violent et les assassinent. Leurs corps calcinés sont retrouvés dans le coffre d’une voiture incendiée.
Le 18 juillet 1989, alors en fuite, El Borgi et Philippe Siauve, un de ses complices, croisent le chemin de Marcel Douzet, un garde-chasse de 62 ans, dans l’Isère. Après avoir discuté avec lui, ils l’abattent froidement avant de cacher son corps sous des branchages.
Un mode opératoire d’une violence extrême
Les meurtres et agressions commis par Thierry El Borgi et ses complices témoignent d’une préméditation et d’une organisation macabre. Ils utilisaient leurs permissions pour planifier leurs actions, choisissant leurs victimes au hasard et exécutant leurs crimes avec une violence gratuite.
Durant leur procès, aucun des accusés n’a pu expliquer précisément ce qui les motivait. Thierry El Borgi a cependant laissé transparaître une haine raciale, avouant qu’il aurait « préféré tuer un Maghrébin » plutôt que les jeunes filles. Ces propos ont contribué à aggraver l’horreur de leurs actes.
Arrestation et procès
Après le meurtre de Marcel Douzet, les gendarmes identifient rapidement El Borgi et Siauve comme des suspects. Ces derniers, en cavale, sont retrouvés dans une maison de Saint-Romain-de-Jalionas, où ils se rendent sans résistance. Lors de leur interrogatoire, ils avouent leurs crimes et dénoncent leurs deux complices : Thierry Jaouen et Franck Feuerstein.
Le procès des quatre paras de Francazal s’ouvre en avril 1991 à Toulouse. Les accusés, âgés d’une vingtaine d’années, sont jugés pour meurtres aggravés, viols, actes de barbarie et tortures. Face à l’ampleur des faits, les jurés doivent répondre à pas moins de 130 chefs d’accusation.
Les peines prononcées sont parmi les plus lourdes jamais infligées en France depuis l’abolition de la peine de mort :
- Thierry El Borgi et Philippe Siauve : réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 30 ans.
- Thierry Jaouen : réclusion criminelle à perpétuité avec 15 ans de sûreté.
- Franck Feuerstein : réclusion criminelle à perpétuité avec 13 ans de sûreté.
L’impact sur la société française
L’affaire des paras de Francazal a profondément marqué l’opinion publique, tant par la brutalité des crimes que par le profil des accusés, des jeunes appelés censés représenter la discipline militaire. Elle a également mis en lumière les failles dans le suivi psychologique et comportemental au sein de l’armée.
Certains observateurs ont comparé cette affaire au film Orange mécanique de Stanley Kubrick, en raison de l’ultra-violence et de l’absence de remords des coupables. Elle reste un cas d’école dans l’histoire criminelle française, illustrant les dangers de laisser des individus psychologiquement instables évoluer sans encadrement approprié.
Thierry El Borgi demeure une figure sinistre de l’histoire criminelle française, représentant la dérive ultime d’une jeunesse en quête de repères, mais ancrée dans une violence aveugle et gratuite.