Sandrine Pissara, condamnée à perpétuité

Ce vendredi, les jurés de la cour d’assises de l’Hérault ont rendu leur verdict dans l’affaire tragique d’Amandine, une adolescente morte à 13 ans après avoir subi des années de maltraitance. Sandrine Pissara, la mère de la victime, a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans. Son ex-compagnon, Jean-Michel Cros, le beau-père d’Amandine, a quant à lui écopé de 20 ans de prison.
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Au cours du procès, le procureur général Jean-Marie Beney a décrit Sandrine Pissara comme une figure centrale dans ce qu’il a qualifié de « dictature familiale ». Selon lui, elle était « le bourreau d’Amandine », agissant avec une cruauté calculée pour briser sa fille aussi bien physiquement que psychologiquement.

Les maltraitances infligées à Amandine ne datent pas uniquement des derniers mois de sa vie. Pendant près de dix ans, elle a subi coups, privations et humiliations. La période du confinement, en mars 2020, a marqué l’escalade finale de ces violences.

Le beau-père de l’adolescente, décrit comme « le collaborateur » par le procureur, a été reconnu coupable de complicité. Selon l’accusation, il « ne voyait rien, n’entendait rien et ne disait rien », malgré les preuves accablantes. Sa passivité face aux atrocités a renforcé la domination de Sandrine Pissara sur le foyer.

Le calvaire d’Amandine

Lors des dernières semaines de sa vie, Amandine était enfermée nue dans un débarras, sous surveillance constante grâce à une caméra connectée aux téléphones des accusés. Affamée, privée de soins et isolée du reste de la famille, elle a été réduite à un état de déchéance totale. À sa mort, l’adolescente mesurait 1,55 mètre pour un poids de seulement 28 kilos.

Un enregistrement audio diffusé lors du procès a révélé des moments glaçants de violence. Sur la bande, on entend Sandrine Pissara hurler sur sa fille tandis qu’Amandine supplie : « Aïe, arrête, j’ai mal… »

Plusieurs signaux d’alerte avaient pourtant été observés. Une surveillante de l’internat qu’Amandine fréquentait avant le confinement a raconté que la jeune fille volait de la nourriture et évitait de montrer ses bras, probablement pour cacher des marques de violence. Lorsqu’elle a appris qu’elle ne retournerait pas à l’école en mars 2020, Amandine s’est effondrée en déclarant : « Je vais mourir. »

Malgré ces signes, aucune intervention décisive n’a eu lieu pour protéger l’adolescente.

Les accusés face à la justice

Durant le procès, Sandrine Pissara a été décrite comme une femme manipulatrice, violente et incapable d’assumer son rôle de mère. Interrogée par le président de la cour, elle a reconnu les violences infligées à sa fille mais a tenté de justifier ses actes par les traumatismes de sa propre enfance. « Je ne sais pas pourquoi j’en suis arrivée là », a-t-elle déclaré à plusieurs reprises, tout en minimisant les faits.

Elle a évoqué un ressentiment envers Amandine, en raison de sa ressemblance avec son père, un homme dont elle était séparée depuis plusieurs années.

Jean-Michel Cros, décrit comme un homme faible et manipulé par sa compagne, a exprimé des regrets tardifs. Il a affirmé avoir cru à l’explication d’une « anorexie mentale » donnée par Sandrine Pissara pour justifier l’état de l’adolescente. Pourtant, il avait accès aux images de la caméra installée dans le débarras où Amandine était enfermée. Son inaction face à la détérioration visible de l’état de l’enfant a été vivement critiquée par le tribunal.

Le président de la cour, Éric Emmanuelidis, a mené un interrogatoire intense pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à cette tragédie. Il a confronté Sandrine Pissara à ses contradictions et l’a interrogée sur son incapacité à protéger ses enfants.

Comment une mère peut-elle frapper un enfant de deux ans ? Pourquoi ne pas demander de l’aide ?

Face à ces questions, Sandrine Pissara a admis avoir « verrouillé les choses » et empêché toute intervention extérieure.

Pendant le procès, des images tirées de la caméra de surveillance ont été projetées. Elles montraient Amandine, squelettique, nue, incapable de se tenir debout sans appui. Ces moments ont plongé la salle d’audience dans un silence pesant, mettant en lumière l’ampleur des souffrances qu’elle a endurées.

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