Torse nu face à la violence : Rebecca Baby se rebelle en pleine scène

Rebecca Baby, chanteuse du groupe Lulu Van Trapp, a été victime d’une agression sexuelle en pleine performance lors du festival Le Cri de la Goutte. Choquée mais combative, elle a choisi de terminer son concert torse nu, transformant sa douleur en acte de résistance. Une prise de parole puissante qui met en lumière les limites de la sécurité en milieu festif et la lenteur des avancées féministes dans le rock.
rebecca baby

Un concert qui vire au cauchemar

Le 26 juillet 2025, sur la scène du festival dans l’Ain, Rebecca Baby descend dans la fosse pour communier avec son public. Mais ce moment de proximité vire rapidement à l’horreur : plusieurs hommes l’entourent, l’un la saisit violemment par le poignet, un autre lui attrape la poitrine sans consentement. Une scène de violence sexiste que la chanteuse qualifie d’ »inédite » en plus de dix ans de carrière.

Malgré l’état de choc, elle remonte sur scène, choquée mais lucide. Sans hésiter, elle retire son haut et s’adresse à la foule :

« Je resterai seins nus jusqu’à ce que ça devienne normal, jusqu’à ce que vous ne voyiez plus du sexe, mais juste un corps. »

Ce geste, Rebecca Baby le porte comme un symbole de désobéissance : refus de la honte, reprise de pouvoir, et volonté de briser l’hypersexualisation des corps féminins sur scène.

Une réponse collective immédiate

Dans le public, trois femmes enlèvent également leur haut en signe de solidarité. Mais très vite, un vigile intime à l’une d’elles de se rhabiller pour des raisons de « sécurité ». Une injonction paradoxale, révélatrice d’une société où la prévention des agressions repose encore sur les victimes.

Les organisateurs du Cri de la Goutte ont rapidement exprimé leur soutien. Dans un communiqué, ils ont déclaré :

« Ce comportement est inacceptable. Il ne reflète en rien les valeurs de notre festival : respect, bienveillance, inclusion, sécurité. »

Un message clair, mais qui relance la question de la formation des équipes de sécurité en festival et de la capacité à anticiper ce type d’agression.

Le corps comme outil politique

En exposant son torse, Rebecca Baby retourne la violence contre ses auteurs. Elle ne cherche pas la provocation, mais la réappropriation de son corps. Elle le dit elle-même : cette nudité n’est pas une revendication esthétique, mais un moyen de dire stop à la domination masculine sur les corps féminins.

Dans une publication sur Instagram, elle s’indigne aussi du retard de la scène musicale sur ces questions. Elle parle d’un milieu qui se veut révolutionnaire mais peine encore à protéger les artistes et les spectatrices. Pour elle, la musique devrait être un espace sûr, libérateur, où la peur ne devrait jamais avoir sa place.

Un témoignage censuré

Le message original posté sur Instagram a été supprimé par la plateforme, provoquant une vague d’indignation. Rebecca Baby y voyait un point d’appui pour d’autres victimes, une manière de briser l’isolement. Elle dénonce cette suppression comme une forme de censure violente et contre-productive.

« Ce post, c’était une source de réconfort infini », écrit-elle. « Et on me l’a enlevée. »

Elle appelle alors ses abonnés à relayer son message. Et son geste résonne : des milliers de partages, de témoignages, de messages de soutien affluent en ligne.

Transformer la honte en force

La chanteuse ne veut pas que cette agression reste un point final. Au contraire, elle veut que ce moment marque un tournant. À travers ses mots, elle rappelle que le problème n’est pas la tenue, mais ceux qui la regardent comme une permission à la violence.

« Ce n’est pas notre habit le souci. C’est eux, et leur frénésie de possession. »

Rebecca Baby transforme la scène en tribune, et sa voix devient celle de toutes celles qui n’en ont pas encore eu. Dans un monde où la parole des femmes est encore trop souvent mise en doute, son courage devient un modèle. Son torse nu n’était pas une provocation, mais une affirmation.

Elle confie ne jamais avoir été aussi fragile, ni aussi forte. « Sans autre armure que ma conviction », elle a chanté jusqu’au bout. Une manière pour elle de dire que la musique ne se taira pas devant la violence. Et que les corps féminins ne seront plus jamais muselés par la peur.

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