Ce que l’on sait
L’enseignante, âgée de 42 ans, a été retrouvée décédée près d’Anglards-de-Salers, à proximité d’un site escarpé. D’après les premiers éléments rapportés par la presse, elle avait contacté dans la matinée la plateforme nationale de prévention du suicide. Une enquête est ouverte.
La victime dirigeait une école primaire à classe unique à Moussages, village d’environ 300 habitants.
Un harcèlement lesbophobe sur la durée
Les faits remontent à fin 2023. Le 13 décembre, un tag « Sale gouine » est découvert sur le mur du préau de l’école. Le 7 mars 2024, un nouveau message apparaît : « gouine = pédophile ». D’autres messages, dont « va crever sale gouine », auraient suivi, y compris dans la boîte aux lettres de l’établissement. Plusieurs plaintes ont été déposées et une enquête judiciaire a été ouverte début 2024 pour injure publique et menace de mort en raison de l’orientation sexuelle. L’auteur n’a pas été identifié.
Témoignages et contexte
« Caroline aura tenté du mieux qu’elle pouvait de se reconstruire. Mais la blessure était trop profonde. Elle a choisi de se donner la mort ce lundi 1er septembre, jour de la rentrée scolaire. »
Le message de l’auteur de BD Remedium (Christophe Tardieux), qui avait raconté son histoire dans l’ouvrage Cas d’école, a circulé sur les réseaux et dans la presse. Il met en cause un manque de soutien perçu par la directrice.
« Ce harcèlement l’a détruite et elle a préféré dire stop. D’autant qu’elle n’a été soutenue ni par l’institution qui voulait la changer de poste, ce qu’elle a refusé, ni par la mairie qui trouvait que cette histoire faisait une mauvaise publicité au village. »
Ce témoignage, attribué à Thierry Pajot (S2DE), interroge les réponses locales et institutionnelles.
Réactions et mesures annoncées
Le ministère de l’Éducation nationale se dit « profondément touché » et évoque une « vive émotion » dans la communauté éducative. Une cellule d’écoute a été activée dans la circonscription de Mauriac pour accompagner les équipes. La rectrice de l’académie de Clermont-Ferrand doit saisir la formation spécialisée santé, sécurité et conditions de travail départementale pour conduire des investigations et formuler des préconisations.
Chronologie synthétique
Décembre 2023 — mars 2024
Découverte de tags homophobes à l’école : « Sale gouine » puis « gouine = pédophile ». Dépôts de plainte. Ouverture d’une enquête pour injure publique et menace de mort à caractère homophobe.
Année scolaire 2024–2025
Arrêt de travail. Poursuite du harcèlement par un « corbeau » anonyme selon la presse. Débat local sur la protection de l’enseignante et la gestion du dossier.
1er septembre 2025
Suicide de la directrice, jour de la rentrée. Ouverture d’enquête et déclenchement d’un soutien psychologique dans le secteur.
Pourquoi cette affaire nous concerne
Au-delà du drame, ce dossier rappelle que les personnels de l’Éducation peuvent être confrontés à des violences homophobes et à un isolement réel dans les petites structures. La question de la protection des agents, des procédures de signalement et du suivi des victimes reste centrale. Les jeunes lecteurs et lectrices, élèves comme étudiant·e·s, peuvent aussi être témoins. Parler, signaler, soutenir : trois réflexes qui sauvent.
Ressources d’aide et de signalement
Si vous avez des idées suicidaires, si vous êtes en détresse ou inquiet·e pour quelqu’un, vous pouvez obtenir de l’aide immédiatement :
- 3114 — Numéro national de prévention du suicide, gratuit, 24h/24 et 7j/7.
- SOS homophobie — Ligne d’écoute anonyme : 01 48 06 42 41 (horaires indiqués par l’association).
- En cas d’urgence vitale, appelez le 15 (SAMU) ou le 112.
Parlez-en à une personne de confiance. Vous n’êtes pas seul·e.
