Que s’est-il passé ?
Dans cette vidéo devenue virale, on voit l’enseignante s’approcher de l’enfant, en pleine crise de larmes, avant de lui asséner un violent coup au niveau du dos. L’enfant, visiblement bouleversée, continue de pleurer en appelant sa mère, tandis que l’enseignante ne semble pas réagir immédiatement. Quelques secondes plus tard, elle se saisit d’un vaporisateur et asperge la petite fille. La scène se déroule devant d’autres élèves de la classe, qui, selon les témoins, sont restés impassibles.
L’enseignante, dont le comportement a suscité l’indignation, a été identifiée grâce à la vidéo. Ce geste violent a rapidement alerté les parents de l’élève, qui ont déposé plainte le 5 septembre auprès du commissariat d’Issy-les-Moulineaux. Selon le témoignage du père de l’enfant :
Ma fille avait déjà reçu un coup avant, c’est pourquoi elle pleurait à ce moment-là.
C’est une autre mère présente dans la classe qui a filmé la scène discrètement et qui a ensuite montré la vidéo à la mère de la petite fille.
Les répercussions immédiates
Face à ces images choquantes, l’avocate de la famille, Me Vanessa Edberg, a relayé la vidéo sur les réseaux sociaux, assurant qu’elle mènerait ce « combat main dans la main avec la famille ». La vidéo a rapidement attiré l’attention des médias et des autorités. Le rectorat de Paris a confirmé que l’enseignante avait reconnu les faits et avait présenté ses excuses à la famille. Dès le lendemain de la plainte, le recteur de l’académie de Paris, Bernard Beignier, a annoncé que l’enseignante avait été suspendue de ses fonctions pour protéger les élèves, mais aussi l’enseignante elle-même. « Un enfant n’a pas à subir de violences à l’école », a-t-il déclaré.
Le recteur a précisé que cette suspension n’était pas une sanction, mais une mesure de protection en attendant les suites de l’enquête. Il a ajouté qu’une procédure disciplinaire serait lancée, et que l’enseignante serait convoquée dans les prochains jours pour être entendue.
La ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a également réagi vivement à la diffusion de cette vidéo. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), elle a exprimé son indignation :
Ces images sont terriblement choquantes et inacceptables dans notre École. J’ai demandé sans délai le lancement d’une procédure disciplinaire, avec une suspension immédiate de la professeure.
La ministre a également adressé son soutien à la victime et à sa famille, tout en rappelant l’importance de protéger les élèves dans leur environnement scolaire.
La famille de la petite fille est encore sous le choc. D’après le témoignage de la mère au journal Le Parisien, sa fille refuse désormais de sortir de la maison et présente des signes de traumatisme sévère. Selon le rapport médical établi par un médecin généraliste, l’enfant présente un préjudice psychologique grave. Le médecin a observé que la fillette « ne regarde pas les autres dans les yeux et refuse de parler de sa maîtresse ».
Me Vanessa Edberg, l’avocate de la famille, a confirmé que la fillette devrait revoir un médecin pour évaluer son ITT (incapacité totale de travail). Elle insiste sur la gravité des séquelles psychologiques que pourrait subir la petite fille, précisant que « c’était sa première rentrée à l’école, et cet événement a brisé sa confiance ».
La diffusion de cette vidéo a provoqué un profond malaise au sein de la communauté éducative de l’école maternelle des Frères Voisins, où les faits se sont produits. Certains parents d’élèves ont exprimé leur incompréhension face à de tels agissements. « Je peux comprendre que l’on puisse être dépassé en tant qu’enseignant, mais frapper un enfant comme cela, c’est inacceptable », a déclaré un parent interrogé par le journal Le Parisien.
Le maire du 15e arrondissement de Paris, Philippe Goujon, a également réagi en direct sur BFMTV. « C’est une enseignante qui a travaillé ici depuis de nombreuses années, et aucun problème n’avait jamais été signalé auparavant. Nous devons comprendre ce qui a pu la pousser à un tel acte », a-t-il affirmé. Il a ajouté que des mesures disciplinaires strictes devaient être prises pour assurer la sécurité des élèves.
Quels recours pour la famille ?
La plainte déposée par les parents de la fillette repose sur des accusations de violences aggravées, commises dans un établissement scolaire par une personne exerçant une mission de service public. Cette qualification juridique pourrait entraîner des sanctions lourdes à l’encontre de l’enseignante, si les faits sont confirmés par l’enquête en cours. Le parquet de Paris, qui n’a pas encore été officiellement saisi de l’affaire, devrait rapidement se prononcer sur l’ouverture d’une enquête pénale.
Les syndicats d’enseignants, bien que choqués par les faits, insistent sur la nécessité de contextualiser ces événements. Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-SNUipp, a rappelé que « les enseignants doivent en toute circonstance assurer la sécurité physique et affective des élèves ». Elle a exprimé son désarroi face à cet incident, tout en soulignant que la pression sur les enseignants dans certaines classes surchargées pouvait parfois conduire à des situations de stress intense.
Cet événement relance le débat sur la gestion des classes et la formation continue des enseignants. Les syndicats d’enseignants plaident depuis longtemps pour de meilleures conditions de travail, en particulier dans les établissements où les effectifs sont importants et où les enseignants peuvent être confrontés à des situations de grande tension.
La suspension de l’enseignante, bien que provisoire, pourrait marquer le début d’une réflexion plus large sur la gestion des cas de burn-out ou de détresse psychologique chez les enseignants, souvent confrontés à des situations difficiles.
🇫🇷 Une enseignante de l’école maternelle de Frères-Voisins, située dans le 15e arrondissement de Paris, a été filmé en train d’asséner un coup dans le dos d’une élève de 3 ans. Une plainte a été déposée.
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) September 10, 2024
On distingue l’enseignante aspergeant un produit en direction de la petite,… pic.twitter.com/C5wI7FQVFv