Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 s’apprêtent à accueillir un moment historique avec la participation de Valentina Petrillo, la première athlète ouvertement transgenre à concourir dans cet événement mondial. Âgée de 50 ans, cette sprinteuse italienne participera aux épreuves du 200 m et du 400 m dans la catégorie T12, réservée aux athlètes ayant une déficience visuelle. Son inclusion dans la délégation italienne a suscité un débat mondial sur l’inclusion des athlètes transgenres dans les compétitions féminines, soulignant les tensions persistantes entre l’équité sportive et les droits des personnes transgenres.
Valentina Petrillo, née Fabrizio, a effectué sa transition en 2019, après avoir remporté 11 titres nationaux dans la catégorie masculine T12 entre 2015 et 2018. Diagnostiquée avec la maladie de Stargardt à l’âge de 14 ans, une maladie dégénérative qui réduit la vision à seulement 1/50e de la normale, Petrillo a surmonté de nombreux obstacles pour atteindre le niveau d’excellence sportive qu’elle affiche aujourd’hui. Avec le soutien de sa femme, elle a commencé à vivre en tant que femme en 2018 et a entamé une thérapie hormonale en janvier 2019. Cette transition, bien qu’elle ait apporté des changements significatifs à son métabolisme et à ses capacités physiques, a également été marquée par une baisse de performance, un défi que Petrillo a dû accepter pour rester fidèle à son identité.
Une participation historique
La sélection de Valentina Petrillo pour les Jeux Paralympiques de Paris a été saluée par certains comme un symbole important d’inclusion, mais a également déclenché une vague de critiques, notamment de la part de ceux qui estiment que son passage par la puberté masculine lui confère un avantage physique injuste. Mariuccia Quilleri, avocate et athlète, a notamment exprimé ses préoccupations en affirmant que la décision de permettre à Petrillo de concourir privilégie l’inclusion au détriment de l’équité sportive. En 2021, une pétition signée par plus de 30 athlètes féminines italiennes avait été envoyée aux autorités sportives italiennes, contestant le droit de Petrillo à concourir dans les courses féminines.
Malgré ces critiques, Andrew Parsons, président du Comité International Paralympique (CIP), a affirmé que Petrillo est « la bienvenue » à Paris, tout en reconnaissant que le débat sur la participation des athlètes transgenres nécessite une réponse plus unifiée et basée sur la science. Parsons a souligné l’importance de traiter tous les athlètes avec respect, mais a également insisté sur la nécessité de garantir l’équité dans la compétition. Il a exprimé le souhait que la communauté sportive mondiale parvienne à une position commune sur cette question complexe.
Depuis sa transition, Valentina Petrillo a noté une série de changements physiques qui ont affecté ses performances sportives. Elle a déclaré que son métabolisme avait ralenti, qu’elle avait perdu de la force et que son endurance avait diminué. Ces effets secondaires de la thérapie hormonale sont courants chez les athlètes transgenres, mais ils n’atténuent pas les préoccupations de ceux qui estiment que les avantages physiques acquis avant la transition subsistent en dépit de ces changements. Des scientifiques du sport, comme le professeur Ross Tucker, ont souligné que certaines caractéristiques physiques, telles que la masse musculaire et la densité osseuse, ne disparaissent pas entièrement après la transition, même si les niveaux de testostérone sont réduits.
Un symbole d’inclusion ou d’injustice ?
Pour Valentina Petrillo, participer aux Jeux Paralympiques est bien plus qu’une simple compétition ; c’est un acte symbolique qui défend l’inclusion des personnes transgenres dans le sport. Elle affirme que sa présence aux Jeux ne doit pas être perçue comme une tricherie, mais plutôt comme une reconnaissance de son identité et de son droit à concourir en tant que femme. Petrillo a déclaré que sa transition n’était pas un choix de style de vie, mais une nécessité pour vivre authentiquement.
Cependant, le débat sur l’équité dans le sport reste intense. Pour de nombreux critiques, la participation de Petrillo dans la catégorie féminine soulève des questions fondamentales sur la définition de l’équité dans le sport, en particulier dans des disciplines où la force physique joue un rôle crucial. Certains plaident pour la création d’une troisième catégorie ouverte aux athlètes transgenres, afin de préserver l’intégrité des compétitions féminines tout en respectant les droits des personnes transgenres.