Vers la fin de l’exonération fiscale pour les revenus étudiants et apprentis ?

Jobs étudiants, alternance, stages : le gouvernement étudie la suppression ou une forte restriction de l’exonération d’impôt sur le revenu dont bénéficient aujourd’hui beaucoup de jeunes — avantage souvent capté par leurs parents via le foyer fiscal. L’enjeu budgétaire annoncé tourne autour de 700 millions d’euros. Ce qui changerait concrètement pour toi, et quand.
lecornu étudiant

Ce qui est sur la table

Matignon travaille à une refonte des dispositifs fiscaux visant les revenus étudiants et d’apprentissage. L’idée évoquée : supprimer, ou au minimum resserrer, l’exonération d’impôt sur le revenu pour ces rémunérations. Le signal politique est clair : dégager des économies et « réorienter » les aides.

Dans le même paquet, le gouvernement teste d’autres pistes (défiscalisation des heures supplémentaires, réactivation partielle de la prime Macron, baisse de la CVAE pour les entreprises, taxation des holdings). Mais pour les jeunes, c’est bien la fin de l’exonération sur les jobs étudiants, les stages gratifiés et l’alternance qui fait réagir.

Pourquoi maintenant ?

Le budget 2026 est construit sous forte contrainte : moindre croissance, déficit à réduire, et volonté affichée de « justice fiscale ». Cibler un avantage à 700 millions d’euros apparaît comme une mesure rapide à chiffrer, même si ses effets sociaux restent discutés.

Qui paierait plus (et comment) ?

Deux cas principaux :

  • Tu déclares seul·e (hors foyer parental). La fin de l’exonération ferait entrer une part plus large de tes revenus dans le calcul de l’impôt. Si tu es non imposable aujourd’hui, l’impact immédiat peut rester nul, mais tu perds un filet de sécurité quand tes revenus montent.
  • Tu es rattaché·e au foyer de tes parents. L’avantage fiscal bénéficie en pratique au foyer familial. Sa suppression peut augmenter l’impôt des parents, même si tes propres revenus restent modestes.

Au-delà, les formations en apprentissage seraient doublement touchées : la rémunération progressive selon l’âge et l’année d’étude resterait versée, mais sa neutralité fiscale diminuerait.

Exemples

Cas 1 : Léa, 20 ans, en licence, garde son rattachement au foyer familial et gagne 5 000 € sur des jobs d’été et week-ends. Aujourd’hui, une grande partie est exonérée. Demain, si l’exonération disparaît, le revenu imposable du foyer pourrait augmenter d’un montant proche de ses gains nets.

Cas 2 : Ilyes, 22 ans, apprenti en bachelor, perçoit 900 € nets par mois. Avec la fin de l’exonération, une fraction plus importante de ses salaires entrerait dans le calcul, avec un risque de franchir le seuil d’imposition du foyer si rattaché, ou du sien s’il est autonome.

Ce que disent les partisans et les opposants

Les arguments côté gouvernement

  • Réallouer des ressources vers des mesures « ciblées » pour le travail et le pouvoir d’achat.
  • Réduire les niches jugées peu efficaces.
  • Simplifier la lisibilité du barème et des avantages.

« Rien n’est encore arbitré », assure l’entourage, tout en défendant des compromis budgétaires « responsables ».

Les critiques des syndicats et de l’opposition

  • Mesure perçue comme un coup dur pour les étudiants et les jeunes actifs, déjà pris en étau par les loyers et l’inflation.
  • Effet paradoxal : taxer des revenus d’insertion alors que l’on dit vouloir « valoriser le travail ».
  • Risque de désinciter certains à faire des stages longs ou à accepter des heures en plus.

Calendrier et étapes clés

Le Premier ministre doit présenter sa déclaration de politique générale au Parlement. Le projet de budget 2026 précisera ce qui est réellement retenu. Entre-temps, les discussions peuvent encore faire bouger la ligne : périmètre de la mesure, seuils, exceptions éventuelles (par exemple pour les plus faibles revenus ou certains types de stages).

Ce qui peut encore changer

  • Suppression totale de l’exonération, ou plafond abaissé.
  • Exclusions pour les plus modestes ou pour les stages obligatoires.
  • Mesures de compensation ciblées (bourses, logement, transports) pour atténuer l’impact.

Comment te préparer dès maintenant

Fais un check-up fiscal

  • Regarde si tu es rattaché·e ou non au foyer parental et simule les deux options.
  • Estime ton revenu 2025–2026 (job, alternance, stage) pour situer le risque de franchir un seuil.
  • Note que le barème, les décotes et les crédits peuvent compenser partiellement.

Optimise ton mix revenus/charges

  • Vérifie tes droits aux bourses, aides au logement et à la mobilité.
  • Compare les effets d’un rattachement vs une déclaration individuelle selon ton niveau de revenus et celui de ta famille.
  • Anticipe les justificatifs (convention de stage, contrat d’apprentissage, fiches de paie) pour sécuriser ta déclaration.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar