Une séquence qui fait débat sur RMC
Ce jeudi soir sur L’After Foot, une émission culte diffusée sur RMC, un débat autour de « l’islamisme dans le sport » a suscité un tollé. Invitée sur le plateau, la députée Caroline Yadan a tenu des propos polémiques qui ont immédiatement provoqué une vague de critiques sur les réseaux sociaux.
La députée Renaissance a notamment affirmé que certains joueurs s’arrêtaient pendant l’entraînement pour prier, qu’ils demandaient des salles dédiées dans les clubs, et que cela témoignait d’un danger « communautariste ». Elle a associé ces pratiques à un projet politique en évoquant les Frères Musulmans, tout en s’appuyant sur un rapport réalisé avec le député RN Julien Odoul.
Très vite, le hashtag #BoycottAfter est apparu sur X, appelant les auditeurs à se détourner de l’émission. Les extraits tournent en boucle, certains dénoncent une séquence stigmatisante visant essentiellement les pratiquants musulmans, sans réel équilibre dans les prises de parole.
La réaction de Walid Acherchour
Absent le soir du débat, Walid Acherchour, chroniqueur très apprécié de l’émission, a publié ce dimanche un communiqué pour clarifier sa position. Il écrit :
J’ai évidemment été heurté, comme beaucoup, par l’angle du débat lors de l’émission.
Il poursuit :
Pour un sujet aussi important, je ne peux pas accepter que la base de la discussion soit un rapport approximatif, rédigé par deux politiques qui utilisent régulièrement des propos exclusivement dégradants et islamophobes.
Estimant que la discussion « franchit une ligne pleine de raccourcis » et qu’elle touche à l’identité de nombreux Français, il déclare avoir besoin de prendre du recul.
Je discute avec la direction pour trouver une solution en respectant mes obligations.
Gilbert Brisbois s’excuse à l’antenne
Ce dimanche, l’animateur historique de l’émission, Gilbert Brisbois, a réagi en direct :
Si nous avons choqué toute une communauté, c’est que nous avons raté cette soirée. J’en suis sincèrement désolé.
Il insiste sur le fait que depuis 19 ans, l’After a toujours été un espace ouvert à toutes les opinions, toutes les croyances et toutes les cultures.
Nous ne sommes pas infaillibles. On peut se tromper, comme un joueur peut rater son match.
Il termine son intervention par un mot à destination de Walid Acherchour :
Je veux lui dire qu’il est le bienvenu, que l’After c’est sa maison, et qu’on l’aime.
Une séquence difficile à digérer
Pendant la séquence diffusée jeudi, les journalistes sur le plateau ont tenté de tempérer les propos de Caroline Yadan. Certains ont élargi la discussion à d’autres confessions, en parlant du carême ou de clubs juifs. Mais la députée a vite recentré la discussion sur les musulmans, parlant de clubs « gangrenés par l’islamisme ».
Plusieurs internautes ont regretté l’absence d’invités capables de proposer un point de vue opposé à celui de la députée. Le débat a ainsi semblé à sens unique, sans contradiction réelle, ce qui a renforcé le malaise.
Le passage très médiatisé de Caroline Yadan a alimenté une tension palpable entre la rédaction et une partie de son public. Nombreux sont ceux qui reprochent à l’After d’avoir offert une tribune à un discours jugé dangereux, sous couvert de laïcité.
La députée s’appuie sur des rapports existants, mais en sélectionnant les passages qui appuient sa thèse, laissant de côté les données qui affirment que le séparatisme religieux dans le sport est extrêmement marginal. Une démarche qui a alimenté les critiques de manque d’honnêteté intellectuelle.
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