Nomophobie : la peur d’être sans son téléphone touche 70 % des gens

La nomophobie, ou peur d’être séparé de son smartphone, touche aujourd’hui plus de 70 % des jeunes. Ce phénomène, en plein boom avec l’omniprésence des réseaux sociaux, soulève des questions sur notre rapport au numérique et sur les risques d’une dépendance trop forte aux écrans. Ce trouble anxieux, bien réel, bouleverse nos comportements et notre santé mentale.
nonophobie

Qu’est-ce que la nomophobie exactement ?

Le mot nomophobie vient de l’anglais “no mobile phone phobia”. Il décrit une peur irrationnelle mais croissante : celle d’être sans son téléphone portable. Ce n’est pas juste un petit stress passager. Pour beaucoup, c’est une vraie source d’anxiété, parfois accompagnée de tremblements, d’agitation ou d’angoisse intense.

Chez certains, la séparation avec le téléphone entraîne une panique réelle. On parle alors d’un lien émotionnel très fort, presque comme une dépendance affective. Ce qui pouvait paraître anecdotique est devenu un vrai sujet de santé mentale.

Des chiffres qui font réfléchir

Une méta-analyse publiée en 2021 par MDPI révèle que près de 70,8 % de la population mondiale présenterait des signes de nomophobie. Et chez les 18-24 ans, ce chiffre grimpe encore plus haut. La génération qui a grandi avec les écrans semble particulièrement concernée.

Pourquoi cette peur est-elle aussi fréquente ?

Le smartphone n’est plus un simple objet. Il regroupe nos photos, nos contacts, nos rendez-vous, nos divertissements, et même notre identité numérique. Il est devenu le centre de notre quotidien. Difficile alors de s’en détacher sans ressentir un vide.

Les causes principales de la nomophobie

  • La dépendance à la technologie : l’usage intensif du smartphone rend difficile toute coupure volontaire.
  • Le besoin d’être joignable à tout moment : peur de manquer un message, une info ou un appel important.
  • L’ennui ou le stress : pour beaucoup, le téléphone devient une façon de fuir le vide ou les émotions négatives.
  • La pression sociale : être “offline” peut faire peur, notamment dans un monde ultra-connecté où tout se partage en temps réel.

Quels sont les symptômes visibles ?

La nomophobie se manifeste de manière différente selon les personnes. Mais certains signes doivent alerter :

  • Vérifier son téléphone en boucle, même sans notification.
  • Se sentir mal quand la batterie est faible ou quand il n’y a pas de réseau.
  • Avoir besoin de garder le téléphone à portée de main tout le temps, même dans les toilettes ou pendant les repas.
  • Isolement : préférer rester seul avec son téléphone plutôt que d’être avec d’autres.
  • Sautes d’humeur : être irritable ou anxieux quand on ne peut pas utiliser son smartphone.

Comment repérer une nomophobie sévère ?

Un test reconnu, appelé NMP-Q (Nomophobia Questionnaire), permet de mesurer son niveau de dépendance. Il propose des phrases comme :

“Je panique quand je n’ai pas mon téléphone avec moi.”

“Quand mon smartphone est éteint, je me sens inutile.”

“Je vérifie mes messages même sans avoir reçu de notification.”

En attribuant une note à ces affirmations, il est possible d’estimer si la nomophobie est modérée ou sévère. Un score supérieur à 60 révèle une dépendance préoccupante.

Est-ce qu’on peut s’en sortir ?

Bonne nouvelle : oui. Il existe des solutions simples et progressives pour reprendre le contrôle de son usage numérique.

Commencer par des petits gestes

  • Limiter les réseaux sociaux à 50 minutes par jour, puis réduire de 10 minutes chaque semaine.
  • Ne plus regarder son téléphone pendant les repas ou juste après le réveil.
  • Activer le mode avion en soirée pour profiter d’un moment de calme.
  • Supprimer les notifications non essentielles.
  • Utiliser des applications comme Forest ou Offtime pour rester concentré.

Changer sa perception

Le docteur Thibaud Dumas, auteur du livre J’arrête de scroller (ou presque), propose une approche simple : se demander “pourquoi j’ouvre mon téléphone ?” et “est-ce que j’ai atteint ce que je voulais faire ?”.

“Le smartphone doit rester un outil à notre service, pas l’inverse.”

— Thibaud Dumas

Et si ça ne suffit pas ?

Si les symptômes de la nomophobie deviennent trop forts ou persistants, il est possible de se faire aider. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est souvent utilisée pour aider à sortir des dépendances numériques. Elle permet de travailler sur les schémas de pensées qui maintiennent la peur.

Parler avec un psychologue ou un coach en gestion du temps numérique peut aussi faire une vraie différence. Le plus important, c’est de ne pas rester seul avec cette peur.

Reprendre le pouvoir sur son attention

La nomophobie, c’est peut-être juste le reflet d’un besoin plus profond : celui de reprendre la main sur son attention, son temps, ses priorités. Dans un monde saturé d’écrans, apprendre à s’en détacher un peu, c’est aussi apprendre à mieux se connaître.

Que ce soit en coupant les notifications, en redécouvrant l’ennui ou en se reconnectant au monde réel, il y a mille façons de se libérer petit à petit de cette hyperconnexion permanente.

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