Aux États-Unis, une œuvre entre dans le domaine public 95 ans après sa première publication. Cela signifie qu’à partir de cette date, elle peut être utilisée, modifiée ou reproduite sans nécessiter l’autorisation des ayants droit, ni le paiement de redevances. Chaque année, des milliers d’œuvres, qu’il s’agisse de livres, de films, de musiques ou de personnages de bande dessinée, voient leurs droits d’auteur expirer. En 2025, Tintin et Popeye rejoignent cette liste, aux côtés d’autres créations notables comme « Le bruit et la fureur » de William Faulkner ou encore le film « Chantage » d’Alfred Hitchcock.
Tintin et Popeye : des débuts en 1929
Tintin, créé par Hergé (Georges Remi), est apparu pour la première fois dans le supplément jeunesse du journal Le Vingtième Siècle, intitulé Le Petit Vingtième. Dans son premier récit, Tintin au pays des Soviets, le jeune reporter se lance dans une aventure en Russie soviétique. Ce personnage deviendra rapidement une icône mondiale, incarnant l’ingéniosité et l’esprit d’aventure.
Popeye, quant à lui, a vu le jour dans la bande dessinée Thimble Theatre, imaginée par Elzie Crisler Segar. Introduit comme un personnage secondaire, le marin aux avant-bras imposants est rapidement devenu la star de la série grâce à son charisme et son humour. À ses débuts en 1929, Popeye n’avait pas encore l’habitude de manger des épinards pour renforcer sa force légendaire. Ce détail viendra plus tard, en 1932.
La propriété demeure à l’international
Bien que Tintin et Popeye entrent dans le domaine public américain, cette liberté ne s’étend pas au reste du monde. Dans l’Union européenne, par exemple, les œuvres d’Hergé restent protégées jusqu’en 2054, 70 ans après sa mort en 1983, conformément aux règles locales. Cette protection s’applique également à Popeye et à d’autres œuvres similaires.
De plus, certaines protections juridiques restent en vigueur même aux États-Unis. Les marques déposées, comme celle de Tintin, gérées par la société Tintinimaginatio, garantissent encore un contrôle sur les produits dérivés et certaines utilisations commerciales. Toute adaptation ou modification qui dénature l’œuvre originale pourrait également être contestée, notamment en Europe, où le droit moral reste une notion clé.
D’autres œuvres marquantes basculent en 2025
L’entrée de Tintin et Popeye dans le domaine public s’inscrit dans une année riche en nouvelles libérations culturelles. Parmi les œuvres notables qui rejoignent le domaine public en 2025, on retrouve :
- « Le bruit et la fureur » de William Faulkner, une exploration poignante des thèmes de la décadence et de la famille.
- « L’adieu aux armes » d’Ernest Hemingway, une œuvre emblématique de la littérature américaine moderne.
- « Une chambre à soi » de Virginia Woolf, un essai influent sur les inégalités de genre dans la création artistique.
- Des compositions musicales comme « Singin’ in the Rain » de Nacio Herb Brown et « Un Américain à Paris » de George Gershwin.
Dans le domaine du cinéma, des chefs-d’œuvre comme « Chantage » d’Alfred Hitchcock ou « La garde noire » de John Ford rejoignent également le domaine public. Ces œuvres pourront être librement rediffusées, réinterprétées ou restaurées par des passionnés et des studios.
L’entrée de Tintin et Popeye dans le domaine public ouvre la voie à de nouvelles créations et adaptations. Les cinéastes, écrivains et artistes auront désormais la liberté de s’inspirer de ces personnages pour des projets innovants. Cependant, cette transition soulève également des défis, notamment en matière de respect de l’œuvre originale.
Pour Popeye, cela pourrait se traduire par des bandes dessinées, films ou séries explorant de nouvelles facettes du personnage. Pour Tintin, la complexité juridique liée aux différentes versions de l’œuvre et à sa forte protection en Europe limite néanmoins les opportunités aux États-Unis.
La bascule de ces personnages dans le domaine public relance le débat sur la durée des protections par droit d’auteur. Aux États-Unis, la durée de 95 ans a été fixée en grande partie grâce au Copyright Term Extension Act de 1998, parfois surnommé la « loi Mickey Mouse », car elle avait pour but initial de prolonger la protection des œuvres Disney.
Alors que certaines voix plaident pour une réduction de cette durée afin de libérer plus rapidement les œuvres culturelles, d’autres soulignent l’importance de protéger les intérêts des ayants droit, notamment pour préserver l’intégrité des créations.