Entre classes préparatoires, grandes écoles, thèse, puis post-doctorats, le parcours d’un chercheur dure souvent plus de dix ans. Et au bout du tunnel, il n’y a pas forcément de poste permanent.
« Il y a un poste pour 250 candidats », témoignait récemment une ancienne chercheuse devenue entrepreneuse.
Ce qui était censé être une vocation devient rapidement une impasse.
Un désengagement budgétaire qui inquiète
En 2025, l’État a prévu de réduire de près de 500 millions d’euros les budgets de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une coupe qui arrive dans un contexte de baisse continue du nombre de doctorants et de difficultés croissantes pour les laboratoires à financer leurs projets. Entre baisse des financements publics, matériel obsolète et dépendance accrue aux financements privés, le système s’étouffe lentement.
Les chercheurs français travaillent encore avec des méthodes jugées dépassées dans les pays anglo-saxons. Certains laboratoires n’ont même plus les moyens de remplacer du matériel défectueux, ou de suivre les dernières avancées technologiques. Cette situation crée une forme de décrochage scientifique, qui fragilise la place de la France dans les classements internationaux de recherche.
Des témoignages qui révèlent l’absurde
Le témoignage d’Élise Bordet, ex-chercheuse, est particulièrement marquant :
Ma directrice de thèse m’a dit que mon salaire serait mon argent de poche.
Une phrase qui résume cruellement la vision dévalorisante du métier dans l’administration et certaines institutions. Ce manque de reconnaissance est souvent vécu comme une gifle par ceux qui ont investi leur jeunesse dans le savoir et l’innovation.
Le statut de chercheur, pourtant prestigieux sur le papier, ne garantit aujourd’hui ni stabilité, ni revenu digne. Beaucoup quittent le monde académique pour le secteur privé, voire changent complètement de voie. Ce sont autant de talents que la France perd.
Un appel au changement
Face à cette réalité, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger une revalorisation salariale, mais aussi une restructuration profonde de la recherche publique. Accueillir des chercheurs étrangers est une chose, mais encore faut-il garantir un système digne à ceux déjà en poste. La précarité n’est pas compatible avec l’excellence scientifique.