La rentrée est qualifiée d’« sans précédent » par Véronique Cotrelle, présidente du Snec-CFTC. Selon elle, cette rentrée 2024 est marquée par un manque de direction et de visibilité. Même si la nomination d’un nouveau Premier ministre est saluée, le syndicat espère que les projets en cours, notamment ceux concernant la revalorisation et l’attractivité du métier, seront relancés.
La baisse des salaires des enseignants
La crise de recrutement des enseignants est principalement due à la dégradation des conditions de travail et à la baisse des salaires. En 1980, un enseignant en début de carrière percevait 2,3 fois le SMIC, tandis qu’aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 1,5 fois le SMIC. Cette tendance affecte également les enseignants en milieu et fin de carrière. Selon Cyril Chabanier, président de la Confédération française des travailleurs chrétiens, le phénomène de « désmicardisation » de la France devrait également s’appliquer à l’enseignement. Le Snec-CFTC demande donc une revalorisation de 20% pour augmenter réellement les salaires des enseignants du privé, afin de compenser l’impact de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
Malgré les revalorisations promises pour la rentrée 2023, les enseignants ne sont pas censés gagner moins de 2 000 euros nets par mois. Cependant, dans la réalité, les enseignants débutants dans le privé ne touchent jamais ce montant, sauf exceptions. Les enseignants des écoles, collèges, et lycées privés sous contrat, bien que considérés comme des agents publics, subissent un système de prélèvement salarial différent de celui des établissements publics, entraînant une baisse de rémunération. En raison de charges plus élevées, les enseignants du privé gagnent entre 7% et 10% de moins que leurs homologues du public, même en effectuant le même travail et en passant le même concours.
Précarité des enseignants suppléants
Le Snec-CFTC alerte également sur la précarité des enseignants suppléants dans les établissements privés. Ces enseignants, embauchés en CDD ou CDI, représentent 19% des effectifs dans le privé pour l’année 2023-2024. La présidente du syndicat, Véronique Cotrelle, parle de l’« ubérisation » de l’enseignement privé. En effet, à la fin de ce mois de septembre, ces enseignants risquent de ne pas être payés, et certains pourraient attendre jusqu’à la fin novembre pour percevoir leur salaire. Cette situation, qui persiste depuis 40 ans, est jugée inadmissible par le Snec-CFTC. Le syndicat appelle à un plan de déprécarisation pour ces enseignants.
Disparités entre privé et public
Le syndicat met en lumière le manque de considération envers les enseignants du privé, qui sont souvent ignorés ou dénigrés. Les syndicats de l’enseignement privé ne sont pas reçus en même temps que ceux de l’enseignement public par le ministère, ce qui les empêche de participer pleinement aux négociations. Cyril Chabanier souligne que la situation des enseignants est encore plus préoccupante dans le privé que dans le public, bien que la majorité des élèves français soient scolarisés dans des établissements publics.
Situation des personnels non enseignants
La situation des 80 000 personnels non enseignants du privé est également préoccupante. Contrairement aux personnels de l’enseignement public, ces employés ne sont pas rémunérés par l’État mais par les associations de gestion des établissements, qui disposent de moins de moyens financiers. Leur situation est donc beaucoup plus précaire, tant sur le plan salarial que sur celui des conditions de travail. Leur rémunération serait 36% inférieure à la moyenne nationale, ce qui en fait les « grands oubliés du système éducatif », selon Davy-Emmanuel Durand, vice-président du Snec-CFTC.
Alors que certains syndicats de l’enseignement public ont appelé à la grève, le Snec-CFTC ne souhaite pas encore recourir à cette méthode. Cependant, Cyril Chabanier prévient que si rien ne change et que les enseignants du privé continuent d’être traités de manière inéquitable, un mouvement de grève pourrait être envisagé.
Le syndicat espère que ses revendications seront entendues par le futur ministre et que des mesures seront prises pour améliorer les conditions de travail et de rémunération des enseignants du privé. La situation actuelle souligne la nécessité d’une prise de conscience et d’une action concrète pour assurer un avenir durable pour ces professionnels de l’éducation.
Lire aussi : quel est le salaire d’un enseignant aux Etats-Unis ?