Des frais étudiants très bas… grâce à l’État
En France, s’inscrire à l’université reste accessible financièrement. Pour l’année 2025-2026, les droits d’inscription sont de 178 € pour une licence, 254 € pour un master et 391 € pour un doctorat. À cela s’ajoute la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), fixée à 105 €. Au total, un étudiant dépense rarement plus de 300 € par an pour ses droits d’inscription, soit une somme dérisoire comparée à d’autres pays européens.
Mais si l’étudiant paie peu, c’est parce que l’État prend en charge l’immense majorité des coûts réels de la formation. Et ces chiffres donnent le vertige.
Combien l’État dépense par élève ou étudiant ?
Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur en 2025, la dépense moyenne par élève ou étudiant s’élève à 10 470 € par an. Ce montant varie fortement selon le cycle d’enseignement.
Niveau | Coût moyen par an et par élève |
---|---|
École primaire (maternelle et élémentaire) | 8 450 € |
Collège | 10 070 € |
Lycée général et technologique | 12 660 € |
Lycée professionnel | 14 470 € |
Université | 12 250 € |
BTS | 16 730 € |
Classes préparatoires (CPGE) | 18 500 € |
La différence est frappante : un étudiant de CPGE coûte en moyenne six fois plus cher à l’État qu’un étudiant en licence. Ces écarts s’expliquent par le nombre d’heures d’enseignement, la taille des groupes et les moyens alloués.
Un budget colossal
En 2025, l’État consacre environ 115,8 milliards d’euros à l’éducation de la maternelle au lycée, et 43 milliards d’euros à l’enseignement supérieur. Ces sommes couvrent une large palette de dépenses.
Les principales dépenses de l’éducation
- Salaires et charges du personnel : ils représentent environ 75 % du budget total, avec des centaines de milliers d’enseignants, chercheurs et personnels administratifs.
- Infrastructures : construction et entretien des bâtiments, équipements numériques, laboratoires et bibliothèques.
- Aides étudiantes : bourses sur critères sociaux, aides au logement et dispositifs d’accompagnement.
« En moyenne, un étudiant paie environ 300 € pour ses études, mais l’État en dépense plus de 13 000. »
Public vs privé : deux réalités différentes
Dans le privé, la situation change radicalement. Les frais d’inscription peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros par an. Dans certaines écoles de commerce ou d’ingénieurs, on dépasse même les 20 000 € par an, soit près de 70 000 € sur trois ans. L’État finance beaucoup moins ces établissements, donc ce sont surtout les étudiants qui assument la facture. La CVEC reste obligatoire, mais son montant est symbolique par rapport aux frais totaux.
En échange, les établissements privés mettent en avant des avantages : suivi personnalisé, locaux modernes, partenariats avec des entreprises, réseaux d’alumni. Mais ce modèle repose sur une logique différente : moins de subventions publiques et davantage de financement par les ménages.
Qui finance l’éducation en France ?
Contrairement à certaines idées reçues, l’État n’est pas le seul financeur de l’éducation. D’autres acteurs interviennent :
- Collectivités locales : elles participent à hauteur de 23 %, surtout pour les écoles et collèges (cantines, transports, bâtiments).
- Entreprises : environ 8,5 %, via la taxe d’apprentissage et la formation professionnelle.
- Familles : près de 8 %, notamment pour les frais liés aux établissements privés, aux fournitures et aux activités extrascolaires.
Un investissement stratégique
Le financement de l’éducation est souvent présenté comme une dépense, mais c’est surtout un investissement pour l’avenir. Former des générations de jeunes, c’est préparer la société de demain, réduire les inégalités et favoriser la croissance économique. Dans un contexte de compétition internationale, les choix budgétaires en matière d’éducation restent un enjeu politique majeur.
Vers plus d’équité et de modernisation
Les débats actuels portent sur deux points clés : l’égalité des chances et l’adaptation au monde numérique. Les écarts entre régions, la fracture sociale et la nécessité d’intégrer les nouvelles technologies à l’école sont au cœur des politiques éducatives. Les prochaines années pourraient voir un renforcement des moyens pour le numérique, les apprentissages hybrides et les filières en tension (santé, sciences, ingénierie).