Du MoJo à l’IA : les 5 compétences du journaliste de demain

Tu as grandi bercé par les reportages de guerre, et aujourd’hui, tu consommes ton info via Brut, Hugo Décrypte ou des threads sur X ? Les formats changent, passant du papier au pixel, mais l’envie reste la même : raconter le monde. Cependant, derrière la caméra ou le clavier, le métier connaît une mutation sans précédent. L’arrivée fracassante de l’intelligence artificielle et l’omniprésence du mobile ont redéfini la fiche de poste. Devenir journaliste aujourd’hui, ce n’est plus seulement bien écrire ; c’est devenir un « curateur de sens » capable de piloter des algorithmes tout en gardant son humanité.
mojo ia journaliste

1. La curiosité « active » : scroller n’est pas s’informer

C’est le cliché numéro un, et pourtant, c’est là que tout se joue. Dans les écoles de journalisme, c’est le premier filtre. Mais attention, il ne s’agit pas de la curiosité passive qui te fait scroller indéfiniment sur TikTok. On parle ici d’une « curiosité de l’information ».

Sacha Balit, directeur des études de l’EFJ Paris, insiste sur ce point : il faut transformer le « je m’intéresse à l’actu » en « je sais poser les bonnes questions ». Cette compétence demande de l’énergie, voire de l’acharnement. C’est la capacité à lever la tête, faire un pas de côté et aller chercher ce que les autres ne voient pas. Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos – Le Parisien, décrit cela comme une « disposition mentale particulière » nécessaire pour décrypter le réel plutôt que de simplement le consommer.

2. L’esprit critique : savoir penser contre soi-même

À l’heure des bulles de filtres algorithmiques, un bon journaliste doit être capable de sortir de sa zone de confort intellectuelle. C’est peut-être la compétence la plus difficile à acquérir : accepter d’être bousculé dans ses certitudes.

Pour mener une bonne interview, il faut savoir « porter l’antagonisme », c’est-à-dire défendre une position qui n’est pas la tienne pour obtenir des réponses pertinentes. Cela implique de varier ses sources quotidiennement, de lire des médias de toutes sensibilités politiques (gauche comme droite) et de traiter des sujets qui peuvent te mettre mal à l’aise sans émettre de jugement. Si tu ne répètes que ce que tu sais déjà ou ce qui te fait plaisir, tu n’informes pas, tu milites.

3. La « Tech Literacy » : du MoJo au pilotage de l’IA

Le journaliste « couteau-suisse » n’est plus un mythe, c’est la norme. Le MoJo (Mobile Journalism) fait désormais partie du bagage de base : savoir tourner, monter et diffuser un sujet avec un simple smartphone est indispensable dans toutes les rédactions.

Mais la nouvelle frontière, c’est l’intelligence artificielle. Selon le Reuters Institute, plus de 80 % des grandes rédactions internationales expérimentent déjà l’IA. Elle sert à transcrire, traduire, ou analyser des montagnes de données (comme pour les Panama Papers). Le journaliste de demain doit savoir prompter, utiliser des outils comme ChatGPT ou Jasper, tout en gardant le contrôle.

« L’IA ne propose pas ce qui n’a pas déjà été pensé. Elle brasse des mots. Vous, vous pourrez inventer, faire émerger ce qui n’est pas encore sorti. » — Pierre Louette.

4. La rigueur du fact-checking : devenir un rempart contre le fake

Avec la puissance de l’IA générative, la désinformation s’industrialise. Deepfakes, images truquées, textes hallucinés… Le risque est partout. C’est ici que le journaliste devient irremplaçable : il est le garant de la véracité.

Les outils d’IA « hallucinent » encore dans 30 à 40 % des cas. Ta compétence clé sera donc la vérification. Tu devras apprendre à repérer les contenus manipulés, à sourcer chaque affirmation et à « passer derrière la machine ». Des agences comme l’AFP ou des services comme Checknews ne cherchent pas des robots, mais des experts de la vérification capables d’utiliser l’IA pour fact-checker 40 fois plus vite, sans jamais lui déléguer la responsabilité finale. C’est ce qu’on appelle le « contrat de sincérité » avec le lecteur.

5. L’écriture : la base indétrônable

On pourrait croire qu’à l’ère de la vidéo courte, l’écrit est mort. C’est tout l’inverse. Un bon reportage vidéo, un podcast captivant ou une story Instagram percutante commencent toujours par un script solide. L’écrit reste l’outil premier pour structurer sa pensée.

Pourtant, c’est souvent là que le bât blesse chez les jeunes candidats : syntaxe approximative, orthographe fragile, vocabulaire pauvre. Maîtriser l’écriture journalistique — c’est-à-dire écrire pour être lu, vu ou entendu — est non négociable. L’IA peut aider à dégrossir ou reformuler, mais elle tend à lisser et standardiser la pensée. Ta « patte », ton style et ta capacité à raconter une histoire (le storytelling) sont des atouts que l’algorithme ne peut pas encore imiter parfaitement.

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