Une baisse généralisée dans toutes les filières
Le chiffre est tombé : seulement 40,3 % des étudiants inscrits en licence en 2020 ont décroché leur diplôme en 2024. C’est 5,4 points de moins que la promotion précédente. Et aucune discipline n’est épargnée par cette chute.
| Discipline | Taux de réussite 2023 | Taux de réussite 2024 | Écart |
|---|---|---|---|
| Droit, sciences politiques | 47,3 % | 43,3 % | -4 pts |
| Sciences économiques | 48,3 % | 43,2 % | -5,1 pts |
| AES | 39,6 % | 34,3 % | -5,3 pts |
| Psychologie | 46,6 % | 45,0 % | -1,6 pt |
| Langues | 40,4 % | 34,2 % | -6,2 pts |
| Sciences et santé | 43,8 % | 36,6 % | -7,2 pts |
| STAPS | 46,2 % | 41,9 % | -4,3 pts |
Un système qui n’accompagne pas assez
Pourquoi tant d’échecs ? Le modèle universitaire reste peu adapté à une majorité d’étudiants. Contrairement aux filières comme le BUT ou le BTS, la licence manque souvent d’encadrement, de suivi personnalisé et d’alternance. Résultat : seuls 30,1 % des étudiants valident leur licence en 3 ans, contre 54,9 % dans les BUT.
Pour certains, c’est le choc du rythme, du niveau, ou simplement de la solitude. Le passage de la terminale à l’université est parfois brutal. Pourtant, des indicateurs montrent que certains profils s’en sortent mieux que d’autres.
Les femmes et les meilleurs bacheliers tirent leur épingle du jeu
Les étudiantes réussissent globalement mieux que les étudiants. En 3 ans, elles sont 34 % à décrocher leur licence, contre 23,9 % pour leurs homologues masculins. Même écart sur 4 ans : 40 % pour les femmes, 30 % pour les hommes.
Autre critère déterminant : le niveau scolaire au lycée. Les bacheliers ayant obtenu une mention Très bien affichent un taux de réussite impressionnant de 69,7 % en 3 ou 4 ans. À l’inverse, ceux sans mention ou issus de filières technologiques ou professionnelles sont beaucoup plus exposés au décrochage.
Des inégalités sociales toujours très fortes
Plus préoccupant encore : l’écart selon l’origine sociale. Les étudiants issus de milieux modestes réussissent bien moins que les autres. Les boursiers, par exemple, ont un taux de réussite de 38,3 %, contre 42,8 % pour les non-boursiers.
| Origine sociale des parents | Taux de réussite en 4 ans |
|---|---|
| Très favorisée | 48,9 % |
| Favorisée | 42,7 % |
| Assez défavorisée | 39,1 % |
| Défavorisée | 32,0 % |
| Non renseignée | 29,8 % |
En droit, par exemple, la moitié des étudiants très favorisés obtiennent leur licence en 4 ans, contre à peine 30,5 % pour les plus modestes. Cette fracture sociale à l’université interroge de plus en plus sur l’équité du système.
Des signaux positifs malgré tout ?
Tout n’est pas noir. Le ministère note que le taux de passage en deuxième année repart à la hausse : 49,1 % des bacheliers de 2023 sont passés en L2, soit +1,3 point en un an. Un signe encourageant pour la suite ?
Et certaines disciplines résistent mieux que d’autres. La psychologie reste la filière avec le meilleur taux de réussite, à 45 % sur 4 ans. Une performance notable dans un cursus souvent considéré comme exigeant.
« Aujourd’hui, la fac n’offre pas les mêmes chances à tout le monde. Et c’est ça, le vrai problème » — Étudiante en licence de lettres à Lille
Alors, faut-il éviter la licence ?
Pas forcément. La licence reste une voie d’accès à de nombreux masters et débouchés. Mais ces chiffres doivent servir d’alerte. Le choix de la licence demande réflexion, accompagnement, et surtout une meilleure prise en charge des étudiants. Le vrai enjeu : ne pas laisser les plus fragiles au bord du chemin.
















