Le nombre de diplômés s’effondre dans les universités

Depuis quelques années, le nombre de diplômés s’effondre dans les universités françaises, alors même que les jeunes n’ont jamais autant entendu parler d’études supérieures. Derrière les slogans sur la « société de la connaissance », les chiffres montrent une réalité plus contrastée : moins de licences obtenues, des universités en difficulté budgétaire et un secteur privé qui attire de plus en plus d’étudiants.
Nombre diplomés universités

Moins de diplômés à l’université : que disent les chiffres ?

Pour comprendre pourquoi le nombre de diplômés s’effondre dans les universités, il faut regarder ce qui s’est passé entre 2019 et 2023. Les dernières données du ministère de l’Enseignement supérieur montrent une rupture nette par rapport à la période post-Covid, où les études étaient vues comme une valeur refuge.

Évolution des diplômes délivrés entre 2019 et 2023
Niveau / secteur20192023Évolution
Bac+3 à l’université (licence…)Base 10085,3-14,7 %
Ensemble des diplômes à l’universitéBase 10095,3-4,72 %
Diplômes dans le public (universités, lycées)Base 10096,7-3,3 %
Diplômes dans le privéBase 100128,8+28,8 %
Nombre total de diplômés en France858 000915 000+6,22 %

Premier constat : le problème n’est pas un manque global de diplômés. Au contraire, le nombre total de diplômes délivrés augmente. C’est surtout dans les universités, et en particulier au niveau licence, que la chute est la plus visible.

Un effondrement marqué au niveau licence

Entre 2019 et 2023, le nombre de diplômes délivrés au niveau bac+3 par les universités a diminué de près de 15 %. Ce recul s’ajoute à une baisse progressive du taux de réussite en licence. Autrement dit : moins d’étudiants valident leur licence, et ceux qui restent sont plus nombreux à décrocher en cours de route.

Ce mouvement est particulièrement violent dans certaines filières. Les licences d’économie et de sciences de gestion auraient par exemple perdu plus d’un tiers de leurs diplômés en un an. À l’inverse, les formations liées à la santé attirent davantage d’étudiants, mais ne compensent pas totalement l’hémorragie dans les autres domaines.

Masters : une légère hausse qui ne sauve pas l’ensemble

On pourrait se dire que si le nombre de diplômés de licence baisse, c’est peut-être parce que les étudiants vont plus loin et valident davantage de masters. C’est partiellement vrai : le nombre de diplômes de niveau bac+5 augmente légèrement, nourri par les anciennes promos de licence. Mais cette hausse ne suffit pas à rattraper la baisse globale : au final, les universités délivrent moins de diplômes qu’avant la crise sanitaire.

Quand le privé progresse et que le public décroche

Pendant que le nombre de diplômés s’effondre dans les universités, le privé, lui, s’en sort très bien. Entre 2019 et 2023, les établissements privés d’enseignement supérieur ont vu le nombre de diplômes délivrés bondir d’environ 29 %. Sur la même période, le public recule.

Pourquoi une telle différence ? Plusieurs facteurs se cumulent :

  • Promotions plus petites et mieux encadrées dans de nombreuses écoles.
  • Développement massif de l’alternance et de la professionnalisation.
  • Communication très agressive sur l’employabilité et les « métiers qui recrutent ».
  • Offre de formations très ciblées : informatique, mode, communication, événementiel, écologie, etc.

Les étudiants se tournent de plus en plus vers des parcours courts, concrets, proches de leurs centres d’intérêt. Résultat : les écoles de commerce, d’ingénieurs et les écoles spécialisées tirent leur épingle du jeu, pendant que l’université peine à garder ses effectifs jusqu’au diplôme.

Universités en déficit, conditions d’études sous tension

Ce décrochage s’inscrit dans un contexte budgétaire compliqué. De nombreuses universités françaises affichent un budget en déficit. Derrière les lignes comptables, il y a des conséquences très concrètes pour les étudiants : moins d’enseignants, des groupes plus chargés et parfois des fermetures de formations.

« Ce n’est pas un débat technique sur le budget. Pour les étudiants, cela veut dire moins de profs, moins d’heures, des bâtiments pas rénovés, et potentiellement des frais d’inscription plus élevés », alertent des responsables universitaires.

Moins d’enseignants, moins d’accompagnement

Pour réduire leurs dépenses, des universités limitent les recrutements d’enseignants, repoussent des projets ou suppriment des heures de cours. Or on sait que la réussite en licence dépend beaucoup du taux d’encadrement, surtout pour les étudiants qui arrivent tout juste du lycée.

Quand les amphis débordent et que les TD sont surchargés, il devient plus difficile de poser des questions, de se faire accompagner, de rattraper un retard. Cela joue directement sur le taux de diplomation, en particulier en première et deuxième année.

Une offre de formation qui se réduit par endroits

Autre conséquence : certaines universités réduisent leurs capacités d’accueil, voire ferment des filières ou des antennes en région. Les places deviennent plus rares dans certaines disciplines, et la sélection se renforce de façon indirecte.

Pour les étudiants, cela peut se traduire par :

  • des voeux Parcoursup refusés faute de places,
  • des kilomètres supplémentaires à parcourir pour accéder à une formation,
  • ou la nécessité de se tourner vers le privé, souvent plus cher.

Pourquoi le nombre de diplômés s’effondre dans les universités ?

Plusieurs grandes tendances se croisent et expliquent pourquoi le nombre de diplômés s’effondre dans les universités :

Crises successives et changement de priorités

La crise sanitaire, la crise économique, la hausse du coût de la vie étudiante ont laissé des traces. Pour beaucoup de jeunes, l’objectif n’est plus forcément d’empiler les diplômes, mais de trouver rapidement un emploi stable. Les formations courtes, professionnalisantes et en alternance apparaissent plus rassurantes qu’un long parcours universitaire théorique.

Orientation floue et décrochage précoce

Une partie des étudiants arrive encore à l’université par défaut, sans projet clair. Le choc entre le lycée et la fac, l’autonomie soudaine, le manque d’encadrement et les difficultés financières peuvent conduire à des abandons dès la première année. Moins de réussites en licence, c’est mécaniquement moins de diplômés à l’arrivée.

Fragmentation du paysage de l’enseignement supérieur

Le paysage se diversifie : BTS, BUT, licences pro, écoles spécialisées, écoles de commerce accessibles après le bac, formations en ligne… L’université n’est plus la seule porte d’entrée vers le bac+3. Beaucoup d’étudiants choisissent désormais une structure où ils se sentent davantage accompagnés, quitte à payer plus cher.

Ce que ça change pour les étudiants

Le basculement actuel ne signifie pas que les études longues sont mortes, ni que l’université n’a plus d’intérêt. Mais il impose aux lycéens et aux étudiants d’être plus stratégiques.

Des parcours plus courts et plus ciblés

On observe une montée des formations centrées sur des secteurs en tension : ingénierie, informatique, management intermédiaire, santé, paramédical. Beaucoup de jeunes choisissent des diplômes très ciblés, en se disant qu’ils pourront toujours compléter plus tard.

Un besoin de lire entre les lignes des chiffres

Quand on répète que « le nombre de diplômés s’effondre dans les universités », cela ne veut pas dire que les jeunes sont moins ambitieux. Cela signifie surtout qu’ils se tournent vers d’autres formats : écoles, privé, alternance, formations spécialisées.

Si tu es lycéen ou étudiant, l’enjeu est de te poser quelques questions simples :

  • Est-ce que j’ai besoin d’un parcours long à l’université pour mon projet ?
  • Ou est-ce qu’un diplôme plus court, dans une école ou un IUT, peut mieux coller à ce que je veux faire ?
  • Est-ce que je préfère la sécurité d’un encadrement fort ou la liberté (et les risques) d’un cursus très autonome ?

Le système bouge vite. Comprendre pourquoi le nombre de diplômés s’effondre dans les universités, c’est surtout une façon de mieux choisir ton propre chemin dans un enseignement supérieur de plus en plus éclaté.

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