Études

L’apprentissage en 2023 : une stabilisation qui freine les ambitions

En 2023, le nombre d’apprentis en France a atteint 849 600 contrats, marquant une progression de seulement 2% par rapport à 2022. Cette augmentation modérée contraste fortement avec les croissances de 14% en 2022 et 38% en 2021. Ces chiffres, publiés par la Dares, soulignent un ralentissement après plusieurs années de forte hausse qui avaient […]

En 2023, le nombre d’apprentis en France a atteint 849 600 contrats, marquant une progression de seulement 2% par rapport à 2022. Cette augmentation modérée contraste fortement avec les croissances de 14% en 2022 et 38% en 2021. Ces chiffres, publiés par la Dares, soulignent un ralentissement après plusieurs années de forte hausse qui avaient porté l’apprentissage à un niveau jamais atteint.

Alors que le président Emmanuel Macron visait le cap symbolique d’un million de contrats annuels d’ici 2027, cette stagnation laisse entrevoir un écart grandissant entre les ambitions et la réalité. Depuis 2018, où le nombre de contrats s’élevait à 320 000, l’apprentissage a connu une montée en puissance, mais semble aujourd’hui atteindre un plafond de verre.

Un apprentissage de plus en plus orienté vers le supérieur

L’apprentissage évolue vers des profils de plus en plus diplômés. En 2023, 62% des contrats concernent des formations dans l’enseignement supérieur. Parmi elles, les niveaux bac+5 et plus enregistrent une hausse de 5%, représentant désormais 21% des contrats. Les formations bac+2, comme les BTS, progressent également légèrement (+3%), totalisant 22% des entrées.

Cette orientation vers le supérieur contraste avec la situation d’avant 2018, où l’apprentissage était principalement perçu comme une voie destinée aux formations courtes et aux métiers manuels. Aujourd’hui, les jeunes entrant en apprentissage sont mieux formés, avec une part de ceux ayant un niveau inférieur au baccalauréat tombant à 30% en 2022, contre 45% en 2019.

Une évolution de l’âge des apprentis

Les données montrent également un changement significatif dans l’âge des apprentis. En 2023, les 20-25 ans représentent désormais 57% des nouveaux contrats, contre seulement 50% en 2018. À l’inverse, la part des 15-17 ans a chuté, passant de 35% en 2018 à 21% en 2023. Ce déplacement vers des profils plus âgés reflète l’augmentation des formations supérieures dans l’apprentissage.

Des disparités selon les profils

Le profil des apprentis en 2023 reste marqué par plusieurs tendances :

  • Hommes majoritaires : Les hommes représentent 55% des contrats signés, une proportion stable par rapport à l’année précédente, bien qu’en baisse par rapport à 2018, où ils étaient 59%.
  • Femmes en progression : Les femmes atteignent 45% des apprentis, une part en forte augmentation par rapport à 2018 (34%). Cette progression semble toutefois marquer une pause en 2023.
  • Faible représentation des quartiers prioritaires : Seulement 8% des apprentis résident dans des quartiers prioritaires de la ville (QPV), un chiffre stagnant depuis 2021.
  • Personnes en situation de handicap : Les apprentis reconnus comme travailleurs handicapés représentent 2% des contrats, un chiffre stable depuis 2022.

Des contraintes budgétaires qui menacent la croissance

La progression de l’apprentissage s’est accompagnée d’un investissement massif de l’État, avec des dispositifs comme la prime à l’embauche de 6 000 euros et des exonérations fiscales pour les entreprises. Toutefois, la situation des finances publiques rend difficile la poursuite de ce soutien sans précédent.

Le gouvernement avait envisagé en 2023 de réduire la prime et d’alourdir les cotisations sociales pour les apprentis, mais ces mesures restent en suspens. De telles restrictions pourraient freiner davantage la dynamique de l’apprentissage, déjà ralentie par l’atteinte d’un certain équilibre entre offre et demande.

Un modèle qui doit se réinventer

Malgré ces défis, l’apprentissage conserve de nombreux atouts, notamment sa capacité à répondre aux besoins des entreprises en recherche de main-d’œuvre qualifiée. Cependant, pour atteindre le million d’apprentis, le modèle devra être repensé afin de :

  • Renforcer l’attractivité des filières techniques et manuelles.
  • Encourager davantage les jeunes issus des quartiers prioritaires ou en situation de handicap.
  • Maintenir un soutien financier adapté pour inciter les entreprises à recruter des apprentis.

En 2023, l’apprentissage marque une pause dans sa croissance, mais reste une voie d’avenir pour l’emploi et la formation.