Serious game : de quoi parle-t-on exactement ?
Un serious game, c’est un jeu pensé pour faire apprendre quelque chose. L’objectif n’est pas seulement de divertir, mais de te faire progresser sur un sujet précis : recherche d’emploi, sécurité, management, écologie, santé… On utilise les mécaniques du jeu (scénario, missions, scores, personnages) au service d’un objectif pédagogique.
Apprendre en jouant, mais pas pour jouer
Dans un serious game, tu peux :
- incarner un personnage (un candidat, un manager, un collègue) ;
- faire des choix, tester des comportements ;
- voir immédiatement les conséquences de tes décisions ;
- recommencer si tu te plantes, sans risque réel.
L’idée est simple : tu t’amuses, ton cerveau bosse. Et comme tu es acteur de la situation, tu retiens mieux que devant un simple diaporama ou un cours magistral.
Pourquoi les codes de l’entreprise sont si compliqués à intégrer ?
Quand tu arrives en entreprise, ce qui bloque le plus n’est pas toujours la technique, mais les codes implicites :
- comment dire « non » sans passer pour un boulet ;
- comment intervenir en réunion sans couper la parole ;
- comment gérer un désaccord avec ton manager ;
- comment se présenter à un entretien d’embauche ou de stage ;
- quelle tenue, quel ton, quels emojis tu peux te permettre (ou pas).
Le problème, c’est qu’on te juge dessus, mais qu’on te les explique rarement clairement. Et tu n’as pas forcément envie d’apprendre « sur le tas » en te prenant des vents en open space. D’où l’intérêt d’apprendre ces codes par le jeu.
Comment un serious game t’aide à décoder le monde du travail ?
Une immersion sans risque
Un serious game crée une mini-fausse entreprise : un univers, des personnages, des missions à remplir. Tu dois, par exemple :
- préparer un entretien d’embauche pour convaincre un recruteur virtuel ;
- négocier un salaire avec un personnage non-joueur (PNJ) ;
- choisir comment répondre à un mail ambigu d’un manager ;
- résoudre un conflit dans une équipe projet.
Tu vois ce qui se passe si tu arrives en retard, si tu coupes la parole à tout le monde, si tu oublies de remercier ton interlocuteur… Tu te trompes, tu rejoues, tu testes une autre attitude. C’est exactement ce qui manque dans la vraie vie, où chaque faux pas peut laisser une impression durable.
Changer de rôle pour comprendre les autres
Certains serious games te font passer tour à tour par différents rôles :
- candidat qui doit se présenter en quelques minutes ;
- recruteur qui pose les questions et observe les attitudes ;
- collègue qui doit donner un feedback ;
- observateur chargé de repérer ce qui fonctionne bien ou mal.
Ce changement de rôle est précieux : tu comprends mieux ce que regarde un recruteur, pourquoi un simple « bonjour » ou un sourire change l’ambiance, et comment ton comportement impacte les autres.
Travailler les soft skills sans discours moralisateur
Les serious games autour de l’entreprise permettent de travailler les soft skills que les employeurs adorent :
- communication : écouter, reformuler, poser des questions ;
- confiance en soi : oser se présenter, parler de ses qualités ;
- esprit d’équipe : coopérer pour résoudre une mission ;
- gestion du stress : garder son calme en entretien simulé.
Tu n’es pas « en train de suivre un cours sur les soft skills », tu es juste en train d’essayer de gagner la partie. La compétence vient presque « en bonus ».
Des exemples concrets de serious games autour des codes de l’entreprise
Un jeu d’aventure pour préparer son premier emploi
Certaines structures publiques proposent désormais des serious games pensés pour les jeunes diplômés. C’est le cas d’un jeu mobile narratif dans lequel tu explores un univers futuriste, rencontres des personnages, aides une équipe et passes plusieurs « épreuves » qui font écho à la vraie vie : réseauter, préparer un entretien, parler salaire, clarifier tes attentes sur le sens du travail. Au fil de ton avancée, tu débloques des simulateurs d’entretien, des fiches conseils ou des contenus sur la rémunération et la qualité de vie au travail.
Ce type de serious game est pensé pour coller aux codes et références des jeux vidéo que tu connais déjà : avatars, quêtes, univers soigné, scénario qui avance. Résultat : tu entres dans la thématique « premier emploi » par un format qui ressemble plus à un RPG qu’à une fiche ONISEP.
Des jeux de cartes pour s’entraîner à l’entretien
Autre format très utilisé : les jeux de cartes et de plateau animés dans les collèges, lycées, écoles ou CFA. Le principe :
- tu tires des cartes « questions » ou « défis » du type : « Raconte une situation dont tu es fier », « Cite une personne qui t’inspire et explique pourquoi », « Comment réagirais-tu à un feedback négatif ? » ;
- tu construis une sorte de carte de ta personnalité : valeurs, envies, forces, points à travailler ;
- tu enchaînes ensuite des jeux de rôle d’entretien en petits groupes, avec des rôles (candidat, recruteur, observateur…).
À la fin de la partie, tu repars avec une vision plus claire de ce que tu peux raconter en entretien, des erreurs à éviter (monologue, réponses vagues, manque de regard, etc.) et des codes basiques : dire bonjour, remercier, regarder ton interlocuteur, ne pas dénigrer un ancien employeur.
Des serious games orientation et projet pro
On trouve aussi des serious games qui t’aident à clarifier ton projet professionnel : tu y explores des situations de travail fictives, tu testes tes réactions, tu découvres des métiers et tu dois faire des choix cohérents avec tes valeurs, ton mode de vie ou ton rapport au collectif. Ces jeux utilisent souvent :
- des scénarios de réunion ou de conflits à gérer ;
- des dilemmes éthiques (que faire face à un comportement toxique ?) ;
- des missions en équipe pour expérimenter différents rôles (leader, facilitateur, expert technique, etc.).
L’objectif n’est pas de te dire « fais tel métier », mais de te faire sentir comment tu fonctionnes en situation professionnelle.
Pourquoi ça marche (quand c’est bien conçu) ?
Tu apprends par essais-erreurs
Dans un serious game, tu es autorisé à te tromper. Tu arrives en retard à un rendez-vous virtuel ? Tu perds des points. Tu coupes systématiquement la parole ? Les personnages réagissent négativement. Tu peux alors modifier ton comportement et voir immédiatement la différence. Ce mode « je teste, je rate, je corrige » aide à construire de vraies compétences et renforce ta confiance en toi quand tu appliques ensuite ces codes dans la vie réelle.
Tu observes et tu imites des modèles
Les serious games s’appuient aussi sur le fait qu’on apprend en observant des modèles : personnages crédibles, avatars auxquels tu peux t’identifier, collègues virtuels qui adoptent les « bons » réflexes et sont valorisés pour ça. À force de les voir :
- arriver préparés en entretien ;
- gérer une réunion calmement ;
- recadrer un collègue sans agressivité ;
ton cerveau retient ces comportements comme des références à reproduire.
Tu es plus engagé qu’en formation « classique »
Des travaux récents sur les jeux sérieux en formation montrent qu’ils peuvent augmenter la motivation et l’engagement des participants, notamment parce que tu es actif, que tu prends des décisions et que tu vois instantanément leurs conséquences. La difficulté, c’est que toutes les organisations ne les utilisent pas encore, même si leur intérêt est reconnu.
Serious game ou formation classique : quelles différences ?
| Outil | Ce que tu fais | Ce que tu travailles | Atout pour les codes de l’entreprise |
|---|---|---|---|
| Cours magistral | Tu écoutes, tu prends des notes | Connaissances théoriques | On t’explique les règles, mais tu ne les testes pas vraiment |
| Atelier classique | Tu discutes, tu fais parfois des jeux de rôle | Expression orale, échanges d’expérience | Tu expérimentes un peu, mais le cadre reste souvent très scolaire |
| Serious game | Tu joues un rôle, tu prends des décisions, tu recommences | Soft skills, prise d’initiative, gestion d’erreurs | Tu vis les codes de l’entreprise dans un environnement sécurisé, puis tu peux les transposer IRL |
Les limites à garder en tête
Le serious game est un super outil, mais ce n’est pas une baguette magique :
- si le scénario est faible ou éloigné du réel, tu décroches vite ;
- si les règles sont trop compliquées, tu passes plus de temps à comprendre le jeu qu’à apprendre ;
- si le jeu n’est pas suivi d’un débrief, le risque est de rester sur le côté « fun » sans faire le lien avec ta vie pro ;
- tout le monde n’aime pas forcément jouer, et c’est ok.
Les études insistent d’ailleurs sur l’importance de l’accompagnement : animateur, formateur ou enseignant doivent aider à faire le lien entre ce qui s’est passé dans le jeu et ce que tu peux changer dans ton comportement.
Comment profiter à fond d’un serious game orienté entreprise ?
Si tu as l’occasion de tester un serious game sur les codes de l’entreprise, tu peux :
- jouer le jeu à fond : ose tester des stratégies différentes, même si tu as peur de te tromper ;
- observer les autres quand il y a des jeux de rôle : ce que tu trouves efficace chez les autres est souvent ce que tu peux aussi travailler ;
- demander un débrief : « Qu’est-ce que j’ai bien fait ? Qu’est-ce que je peux améliorer ? » ;
- prendre des notes rapides après la session : 3 choses à garder, 3 choses à changer en vrai ;
- réutiliser les codes dès que possible : mail à un prof, entretien pour un job étudiant, réunion d’association.
Apprendre les codes de l’entreprise en jouant, ce n’est pas de la triche. C’est juste une autre manière de te préparer à un monde pro qui, lui, ne joue pas toujours. Autant arriver avec quelques parties d’avance.
















