Un recul global, mais des contrastes selon les filières
Les établissements publics et privés sous contrat enregistrent des évolutions différentes. Le secteur public recule de 13 000 élèves (-0,3 %), tandis que le secteur privé reste presque stable avec une baisse de seulement 1 800 élèves (-0,1 %). Cette tendance générale reflète surtout la baisse démographique qui touche les classes de collège, mais elle masque aussi une dynamique positive du côté de la voie professionnelle, en forte progression depuis deux ans.
Le collège en première ligne de la baisse
Le collège concentre l’essentiel du recul des effectifs, avec -26 900 élèves (-0,8 %). La cause principale : une démographie moins favorable. Les générations nées en 2011 et 2013, moins nombreuses, arrivent aujourd’hui en troisième et en cinquième, ce qui entraîne mécaniquement une baisse des inscrits.
Dans le détail, les baisses sont marquées en cinquième (-1,4 %) et en troisième (-1,4 %). En sixième, le repli est limité à -0,5 %, notamment en raison d’un léger recul du taux de redoublement en fin de cycle. À l’inverse, certaines structures spécialisées comme les ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) progressent de 4,3 %, et les Segpa de 0,2 %, signe d’un besoin accru d’accompagnement personnalisé.
Une situation similaire dans le public et le privé
La baisse touche de manière comparable le public (-0,8 %) et le privé (-0,6 %). Le public recule davantage en sixième, cinquième et troisième, tandis que le privé est plus impacté en quatrième. L’écart le plus notable apparaît en cinquième : -1,7 % dans le public contre -0,3 % dans le privé. Ces différences illustrent le poids de la démographie locale et des choix d’orientation des familles.
Des effectifs stables dans les lycées généraux et technologiques
Les formations générales et technologiques accueillent environ 1,6 million d’élèves, soit une quasi-stabilité (+0,1 %). La progression se concentre surtout en seconde (+1 %), conséquence directe de la génération 2010, plus nombreuse, qui fait son entrée au lycée. En revanche, les effectifs de première (-0,8 %) et de terminale (-0,1 %) diminuent légèrement.
Le taux de passage de la troisième vers la seconde générale et technologique s’établit à 61,4 %, contre 60,9 % en 2024. Une part légèrement plus importante d’élèves choisit donc de poursuivre dans cette voie, au détriment de la voie professionnelle. Cette évolution reste cependant modérée, et les lycées généraux affichent une stabilité presque parfaite dans leurs effectifs totaux.
Le privé progresse légèrement dans cette voie
Dans le détail, le secteur public perd environ 300 élèves (-0,0 %), tandis que le secteur privé en gagne 1 200 (+0,4 %). Cette petite différence s’explique notamment par une attractivité accrue des établissements privés en périphérie urbaine et par des dispositifs d’accompagnement renforcés.
La voie professionnelle poursuit sa croissance
C’est la grande gagnante de cette rentrée. Les lycées professionnels comptent 661 600 élèves (hors apprentis), soit une hausse de 1,8 % par rapport à 2024. Cela représente environ 11 500 élèves supplémentaires. Cette progression s’inscrit dans la continuité des deux dernières années et confirme un regain d’intérêt pour les formations concrètes et professionnalisantes.
Les effectifs augmentent notamment en CAP (+1,6 % en première année, +3,1 % en deuxième) et dans les classes de première et terminale professionnelles (+1,6 % et +3,1 %). En revanche, les secondes professionnelles restent stables, conséquence d’un taux de passage légèrement en baisse (19,1 % en 2025 contre 19,3 % en 2024). Cette croissance s’explique par la réduction du nombre d’abandons en cours de formation et par la volonté de certains élèves de sécuriser leur avenir sur des métiers porteurs.
« Les lycées professionnels bénéficient d’une meilleure reconnaissance et de débouchés plus visibles. Les jeunes y voient désormais un vrai tremplin vers l’emploi », confie un inspecteur d’académie interrogé par France Info.
Des écarts entre public et privé
La hausse est légèrement plus marquée dans le secteur public (+1,9 %) que dans le secteur privé (+1,2 %). Seules les deux années de CAP et la première professionnelle affichent une tendance inverse. Cette évolution reflète la diversité des modèles pédagogiques et la spécialisation croissante de certains établissements.
Des disparités selon les académies
Si la tendance générale est à la baisse, elle ne touche pas toutes les régions de la même manière. Les académies de Martinique (-2,6 %) et de Guadeloupe (-2,5 %) enregistrent les plus fortes baisses. En revanche, certaines zones comme Créteil (+0,9 %), Versailles (+0,4 %) ou Nice (+0,3 %) gagnent des élèves, portées par la dynamique démographique de l’Île-de-France et du sud du pays.
Au total, 23 académies voient leurs effectifs reculer, deux restent stables (Strasbourg et Toulouse) et cinq progressent. Ces disparités traduisent les contrastes territoriaux entre zones urbaines attractives et territoires en déclin démographique.
Tableau récapitulatif : effectifs sous contrat à la rentrée 2025
Le tableau ci-dessous détaille les effectifs d’élèves dans le second degré selon le secteur (public, privé sous contrat, ensemble) et l’évolution entre 2024 et 2025.
Effectifs d’élèves du second degré sous contrat à la rentrée 2025
| Niveau / formation | Public | Privé sous contrat | Ensemble | |||
|---|---|---|---|---|---|---|
| 2025 | Évolution 2024/2025 | 2025 | Évolution 2024/2025 | 2025 | Évolution 2024/2025 | |
| Sixième | 621 221 | -3 529 | 181 009 | -185 | 802 230 | -3 714 |
| Cinquième | 620 647 | -10 879 | 179 655 | -477 | 800 302 | -11 356 |
| Quatrième | 628 455 | -582 | 175 880 | -1 867 | 804 335 | -2 449 |
| Troisième | 637 150 | -9 700 | 177 297 | -2 131 | 814 447 | -11 831 |
| Ensemble sixième-troisième | 2 507 473 | -24 690 | 713 841 | -4 660 | 3 221 314 | -29 350 |
| Voie professionnelle (ensemble) | 539 700 | +10 086 | 121 931 | +1 460 | 661 631 | +11 546 |
| Voie générale et technologique (ensemble) | 1 253 787 | -285 | 344 610 | +1 228 | 1 598 397 | +943 |
| Ensemble second degré | 4 431 283 | -12 961 | 1 189 696 | -1 751 | 5 620 979 | -14 712 |
Un système en mutation
La baisse globale du nombre d’élèves n’est pas forcément une mauvaise nouvelle à court terme : elle peut alléger les classes et faciliter l’individualisation du suivi. Mais elle interroge sur le long terme : comment maintenir des établissements dynamiques dans les zones rurales ou ultramarines où les effectifs chutent ?
Pour les filières professionnelles, la tendance inverse montre une réhabilitation progressive de ces parcours. De plus en plus de jeunes privilégient la voie pro pour ses débouchés rapides et ses liens avec les entreprises. Une orientation que le ministère entend encourager, même si le financement reste un défi.
Le visage du second degré en 2025 illustre donc une transformation plus large de l’école française : moins d’élèves dans les filières traditionnelles, mais davantage dans les formations concrètes. Une évolution qui pourrait redéfinir durablement les priorités éducatives du pays.
















