Une génération déjà accro à l’IA
La première chose que montre l’enquête, c’est l’ampleur de la vague. En résumé, l’IA n’est plus un gadget, c’est un réflexe. Trois quarts des étudiants déclarent utiliser régulièrement des outils d’IA générative pour leurs études, leurs projets ou leur vie perso.
Certains l’ouvrent pour résumer un cours, d’autres pour reformuler un paragraphe, préparer un exposé ou chercher des idées de plan. L’usage est devenu tellement intégré qu’il ressemble de plus en plus à un moteur de recherche amélioré.
Les enseignants suivent le mouvement, mais avec un peu de retard. Un peu plus de la moitié utilisent l’IA, souvent de façon plus ponctuelle. Les directions d’établissements, elles, se situent entre les deux : elles utilisent l’IA, mais restent prudentes sur la manière de l’intégrer officiellement dans les cursus.
Des usages différents selon les écoles
L’étude montre aussi de grosses différences selon le type d’école. Les étudiants en management sont clairement en avance, alors que d’autres filières restent plus frileuses. Voici un aperçu simplifié des résultats :
| Type d’école | Étudiants utilisant l’IA régulièrement | Perception de l’impact de l’IA sur la carrière |
|---|---|---|
| Écoles de management | 88 % | 59 % jugent l’impact positif |
| Écoles d’ingénieurs | 71 % | 52 % jugent l’impact positif |
| Écoles de spécialité (arts, architecture, journalisme…) | 39 % | 37 % craignent un impact négatif |
On voit bien que les étudiants ne sont pas tous dans la même situation. Certains baignent déjà dans l’IA, d’autres ont peur de voir leur métier transformé ou remplacé sans y être préparés.
Entre confiance, méfiance et besoin de repères
Globalement, les étudiants accordent un niveau de confiance “moyen mais correct” aux contenus générés par l’IA. Sur une échelle de 1 à 10, la note tourne autour de 6. Cela veut dire que l’IA est perçue comme utile, mais pas comme une vérité absolue.
Les doctorants, eux, sont plus prudents. Leur note descend plutôt vers 5. Plus on avance dans les études, plus on apprend à vérifier, recouper, remettre en question les résultats. L’IA devient alors un outil parmi d’autres, pas un oracle.
Côté enseignants, les freins sont clairs : fiabilité des réponses, risque de plagiat, questions éthiques, protection des données. Beaucoup reconnaissent manquer de temps ou de formation pour vraiment s’approprier ces outils et les intégrer au cœur de leurs cours.
« Le vrai sujet n’est plus de savoir si les étudiants utilisent l’IA, mais s’ils apprennent à bien l’utiliser », résume un responsable interrogé dans le cadre de l’enquête.
Pourquoi les étudiants réclament des formations sur l’IA
Si 82 % des étudiants veulent des formations dédiées à l’IA, ce n’est pas seulement par curiosité tech. C’est surtout par peur de se retrouver largués sur le marché du travail. Plus de la moitié d’entre eux estiment que l’IA aura un impact positif sur leur carrière, à condition de savoir s’en servir pour de vrai.
Pour beaucoup, l’IA doit devenir une compétence transversale, au même titre que la bureautique, la recherche d’information ou la prise de parole. Les jeunes attendent :
- des cours concrets sur les usages utiles de l’IA pour leurs études ;
- des explications claires sur les limites, les biais et les risques de plagiat ;
- des ateliers pratiques pour apprendre à rédiger un bon prompt, vérifier une réponse, croiser les sources ;
- des repères éthiques sur ce qu’il est acceptable de faire ou non avec ces outils.
Pour l’instant, seule une minorité d’étudiants a déjà suivi un cours entièrement consacré à l’IA. Les quelques modules existants sont jugés utiles, mais pas toujours suffisants pour se sentir vraiment armé en vue de la vie pro.
Vers une nouvelle “compétence de base” dans les études
L’enquête montre aussi que les attentes ne viennent pas seulement des étudiants. Une grande majorité d’enseignants se dit favorable à des ressources et formations sur l’IA au sein de leur établissement. Ils veulent eux aussi comprendre ce qu’ils autorisent en cours, comment adapter les évaluations et comment éviter les dérives.
En réalité, l’IA est en train de devenir une compétence de base de l’enseignement supérieur. Pas seulement pour les futurs data scientists, mais pour les futurs managers, ingénieurs, designers, journalistes, architectes, artistes, juristes ou marketeurs.
Ce que demandent les étudiants est donc assez simple : arrêter de considérer l’IA comme un sujet tabou ou purement technique et en faire un vrai thème de formation, encadré, réfléchi, assumé. Car que les écoles soient prêtes ou non, l’IA est déjà dans les cartables, les ordis et les copies.
















