Études

Un étudiant en médecine sur deux présente des symptômes anxieux

La santé mentale des étudiants en médecine reste une question majeure en France. Selon une enquête récente menée en 2024, plus de la moitié des étudiants en médecine présentent des symptômes anxieux, et 27 % d’entre eux vivent des épisodes dépressifs caractérisés. Ces chiffres, en augmentation par rapport aux années précédentes, mettent en lumière une situation alarmante.

Une pression constante sur les étudiants en médecine

Les étudiants en médecine subissent une pression intense tout au long de leur parcours. Entre la compétition pour réussir le concours, les longues heures de stage, et l’exposition constante à des situations émotionnellement difficiles, leur santé mentale est mise à rude épreuve.

  • Des symptômes anxieux largement répandus : En 2024, 52 % des étudiants en médecine déclaraient souffrir de symptômes anxieux, un chiffre stable par rapport à 2023. Parmi eux, 21 % ont avoué avoir eu des idées suicidaires dans l’année, une augmentation inquiétante par rapport à 19 % en 2021.
  • Des épisodes dépressifs en hausse : Les troubles dépressifs touchent 27 % des étudiants, contre 25 % en 2021. Ces chiffres montrent que le problème de santé mentale dans ce milieu ne s’améliore pas, malgré une prise de conscience accrue.
  • Un épuisement professionnel omniprésent : Près de 66 % des externes et internes déclarent être en situation de burn-out, reflétant un mal-être structurel dans leur environnement de travail.

Six facteurs de risques psychosociaux identifiés

L’enquête met en avant les principaux facteurs contribuant à cette crise de santé mentale :

  1. L’intensité et la durée du travail : Les internes travaillent en moyenne 59 heures par semaine.
  2. L’exigence émotionnelle : Gérer des patients dans des situations critiques est source d’un stress constant.
  3. Les relations sociales dégradées : Des rapports tendus entre étudiants, encadrants et équipes médicales exacerbent les tensions.
  4. L’insécurité de l’emploi : Une incertitude sur leur avenir professionnel accentue l’anxiété.
  5. Un manque de reconnaissance : Les efforts des étudiants ne sont souvent pas suffisamment valorisés.
  6. Les violences sexistes et sexuelles : Malgré une légère amélioration, ces problématiques restent présentes.

Des témoignages révélateurs

Les récits des étudiants témoignent de l’ampleur du problème. Une externe raconte :

“Depuis que j’ai commencé la médecine, je suis constamment angoissée. Entre la pression des concours et la confrontation avec la mort, je me sens déshumanisée.”

Ces expériences reflètent une perte d’équilibre entre la vocation initiale des étudiants et les contraintes écrasantes de leur formation.

Des structures de soutien encore mal identifiées

Malgré l’existence de dispositifs d’aide, leur accessibilité reste limitée. Le numéro national de prévention du suicide, le 31.14, ou encore certaines initiatives locales ne suffisent pas à répondre aux besoins croissants des étudiants en détresse.

Les associations étudiantes, comme l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni, dénoncent une action insuffisante des pouvoirs publics. Elles pointent un manque de formation des encadrants hospitaliers pour identifier et prévenir les souffrances psychologiques des étudiants.

Des étudiants infirmiers également touchés

Les étudiants en soins infirmiers ne sont pas épargnés. Selon une enquête récente, plus d’un quart d’entre eux déclarent souffrir de problèmes de santé mentale et avoir eu des pensées suicidaires dans l’année.

  • 14 % des étudiants rapportent avoir été victimes d’humiliations en stage en 2024, un chiffre en baisse par rapport à 23 % en 2021.
  • 22 % des répondants signalent des cas de harcèlement sexuel, un chiffre également en diminution, mais encore préoccupant.

Face à cette situation, plusieurs mesures sont proposées :

  • Mise en place d’un décompte horaire du temps de travail dans les hôpitaux pour garantir le respect des réglementations.
  • Formation des encadrants hospitaliers sur les risques psychosociaux et les violences sexistes et sexuelles.
  • Sensibilisation des étudiants à la santé mentale et aux mécanismes de soutien disponibles.
  • Création d’espaces sécurisés pour les signalements, avec des garanties de protection pour les victimes.

L’enquête a été menée entre le 10 juin et le 28 juillet 2024. Plus de 9 500 étudiants et internes ont été sollicités, et 8 307 réponses complètes ont permis de dresser un tableau précis de la situation.


La santé mentale des étudiants en médecine reste un défi majeur. Malgré les efforts pour sensibiliser et améliorer leurs conditions de travail, les indicateurs montrent peu de progrès. Il devient urgent de mettre en œuvre des solutions concrètes pour protéger ces futurs professionnels de santé, essentiels au système de soins.