« Une prépa cinéma, c’est apprendre à regarder autant qu’à penser : saisir la forme, comprendre le fond, relier les œuvres à leur époque et, surtout, savoir l’expliquer simplement. »
Qu’est-ce qu’une prépa cinéma ?
Une classe préparatoire cinéma propose une approche intellectuelle et artistique du septième art. Tu y étudies les mouvements, les réalisateurs, les formes et les théories qui ont façonné l’histoire du cinéma, tout en t’exerçant à écrire des analyses, des critiques et des notes d’intention. Certaines prépas ajoutent des ateliers pratiques (prise de vue, montage, son) pour ancrer les concepts théoriques dans la pratique de plateau.
Ce que ce n’est pas
- Ce n’est pas une école technique de tournage à plein temps, même si l’initiation aux outils peut exister.
- Ce n’est pas un simple club ciné : la méthode, la rédaction et la capacité d’argumentation sont au cœur de la formation.
- Ce n’est pas réservé aux “cinéphiles de naissance” : motivation, curiosité et régularité font la différence.
Pourquoi choisir une prépa cinéma ?
Développer ses compétences intellectuelles et artistiques
- Méthode de travail rigoureuse : problématiser, structurer, argumenter, synthétiser.
- Culture cinématographique et littéraire : mouvements, genres, esthétiques, œuvres clés.
- Préparation aux concours : dossiers, analyses chronométrées, oraux, entretiens.
Un tremplin vers les grandes écoles
Les meilleurs résultats s’appuient sur un mélange de culture générale, de connaissances techniques de base et de clarté d’expression. La prépa crée un environnement où l’on voit beaucoup de films, on lit, on écrit, on débat, on présente, on recommence, jusqu’à tenir un discours net devant un jury.
Un accompagnement personnalisé
Les effectifs sont souvent réduits. Tu as des oraux blancs, des concours blancs et des retours détaillés qui font progresser vite. On travaille ton positionnement artistique et la cohérence de ton projet.
Le programme d’une prépa cinéma
Le cœur de la formation combine analyse filmique, histoire et esthétique du cinéma, culture générale, écriture et langues. Certains établissements ajoutent des ateliers de scénario, des exercices de critique et une initiation au tournage/montage.
Module | Contenus clés | Compétences | Livrables typiques |
---|---|---|---|
Analyse filmique | Plans, cadrage, montage, son, lumière, mise en scène | Observer, décrire, interpréter, relier forme et sens | Commentaire de séquence, explication de scène |
Histoire / esthétique | Mouvements, genres, écoles nationales, théories | Contextualiser, comparer, situer une œuvre | Synthèse, frise, exposé thématique |
Culture générale | Littérature, philosophie, arts, sciences humaines | Problématiser, argumenter, citer à propos | Dissertation, note de lecture, oral |
Écriture | Scénario, synopsis, note d’intention, critique | Structurer, caractériser, clarifier une vision | Synopsis de court, critique argumentée |
Langues | Anglais, parfois LV2 ; presse, interviews, pitch | Compréhension, expression, prise de parole | Résumé d’article, présentation en anglais |
Ateliers pratiques | Tournage léger, montage, prise de son, photo | Travailler en équipe, respecter un cahier des charges | Exercice filmé court, minute d’analyse vidéo |
Méthode d’analyse filmique pas à pas
- Regarder une fois sans prendre de notes pour ressentir rythme et intention.
- Revoir en notant plans, mouvements de caméra, sons, lumière, jeu d’acteur.
- Décrire précisément la séquence (qui, où, quand, comment elle commence et se termine).
- Relier forme et sens : que raconte la mise en scène que le dialogue ne dit pas ?
- Contextualiser : place dans l’œuvre, échos historiques/esthétiques, influences.
- Conclure en une phrase claire : l’idée directrice que tu défends.
Ateliers et exercices fréquents
- Critique courte d’un film récent : thèse + 2 arguments + exemple précis.
- Réécriture d’une scène : modifier l’axe ou le montage et justifier le choix.
- Pitch d’un court-métrage en 90 secondes, en français puis en anglais.
- Comparaison de deux séquences de genres différents autour d’un même motif (porte, regard, silence).
Quel profil pour intégrer une prépa cinéma ?
Le public vient majoritairement d’un baccalauréat général ou technologique. Ce qui compte :
- Une curiosité artistique et culturelle réelle (cinéma, littérature, arts).
- De bonnes compétences rédactionnelles et l’envie d’argumenter.
- Une motivation claire pour un rythme soutenu et un projet cohérent.
Composer un dossier crédible
- Montrer une progression en lettres/histoire/philo et de la régularité.
- Valoriser des expériences (ciné-club, blog, vidéo, festival, atelier).
- Écrire une lettre honnête : regards, références, enjeux qui te touchent.
Profil | Points forts | Axes de progrès |
---|---|---|
Littéraire | Analyse, écriture, références | Techniques de tournage/montage, concision |
Scientifique/technique | Rigueur, méthode, logique | Style, esthétique, contexte historique |
Autodidacte vidéo | Pratique, débrouillardise | Problématisation, structure d’argument |
Semaine type en prépa cinéma
Compter souvent 28 à 32 heures de présence, plus un vrai temps personnel de lecture, visionnage et écriture.
Jour | Matin | Après-midi | Soir (perso) |
---|---|---|---|
Lundi | Histoire/esthétique | Analyse filmique (séquence) | Visionnage + prise de notes |
Mardi | Culture générale | Atelier écriture (synopsis/critique) | Lecture articles + veille festivals |
Mercredi | Langue (anglais ciné) | Oral blanc (commentaire) | Révisions, fiches |
Jeudi | Analyse comparée | Atelier image/son | Reprises et corrections |
Vendredi | Dissertation/culture | Concours blanc | Film en salle / ciné-club |
Préparation aux concours des grandes écoles
Tu t’entraînes aux formats d’écrits et d’oraux : commentaire de séquence, dissertation, entretien sur projet, tests de culture, exercices techniques élémentaires (cadrage, lumière, son selon écoles). Les références citées doivent être précises et reliées au sujet, pas simplement listées.
École / concours | Axes évalués | Ce qui fait la différence |
---|---|---|
La Fémis | Analyse, culture, créativité, entretiens | Point de vue, cohérence d’ensemble, références justes |
École Louis-Lumière | Culture de l’image/son, bases techniques | Précision du vocabulaire, compréhension des dispositifs |
ENSATT / ENSAD / ESAV / CNSAD | Culture arts de la scène/arts visuels, oral | Clarté d’expression, curiosité, ouverture interdisciplinaire |
Oral : stratégies simples
- Commencer par une thèse claire en une phrase.
- Donner deux arguments illustrés par des exemples précis (plan, raccord, motif sonore).
- Anticiper une question sensible et y répondre sans détour.
- Soigner la respiration, varier le rythme, regarder le jury.
Poursuites d’études et débouchés
Après une prépa cinéma, tu peux viser les grandes écoles ou entrer à l’université (licence cinéma, lettres, communication, philosophie, arts). Les compétences acquises servent dans des métiers d’écriture, d’analyse, de programmation culturelle et, selon les parcours, dans les métiers de l’image et du son.
Métiers accessibles (selon spécialisation ultérieure)
- Scénario / script-doctoring / développement éditorial.
- Critique, rédaction culturelle, journalisme spécialisé.
- Programmation de festivals, médiation culturelle, distribution.
- Réalisation / assistant·e réalisation (via écoles spécialisées).
- Image (cadre, lumière), montage, son (après formation technique dédiée).
- Communication / marketing pour structures culturelles.
- Recherche / enseignement en études cinématographiques.
Boîte à outils pour progresser
- Un carnet de visionnages : date, salle/plateforme, 5 lignes d’analyse, 1 plan marquant.
- Des fiches mouvements/genres : caractéristiques, œuvres repères, concepts.
- Un répertoire de motifs (portes, regards, miroirs, pluie…) avec 2-3 exemples chacun.
- Une liste d’exercices récurrents (commentaire en 45 minutes, pitch en 90 secondes, critique en 1 500 signes).
- Un glossaire personnel : 50 mots de vocabulaire image/son à maîtriser.
Grille express d’analyse de séquence
Rubrique | Questions à se poser | Exemples d’indices |
---|---|---|
Cadrage / échelle | Pourquoi ce plan (large, moyen, rapproché) ici ? | Isoler / englober, créer une distance |
Mouvements | Qui bouge : caméra ou sujet ? Effet produit ? | Travelling, panoramique, grue, steadicam |
Lumière | Quelle ambiance ? Naturelle ou stylisée ? | Contre-jour, clair-obscur, sources visibles |
Montage | Rythme, raccords, ellipses ? | Raccord regard, cut sec, fondu, jump cut |
Son | Musique, silence, sons in/off ? | Voix-off, leitmotiv, jeu sur le hors-champ |
Direction d’acteur | Jeu retenu ou expressif ? Relation au cadre ? | Regard caméra, adresse, contrepoint comique |
Motifs | Objets, gestes, couleurs récurrents ? | Miroirs, portes, rouge/bleu comme code |
Erreurs fréquentes à éviter
- Empiler les références sans lien avec la question posée.
- Décrire la trame au lieu d’analyser la forme.
- Confondre avis personnel et argument (il faut des preuves : plans, sons, motifs).
- Écrire trop long : mieux vaut un propos clair et structuré.
- Oublier l’oral : la voix, le rythme et le regard se travaillent.
Lexique express du cinéma
- Champ / hors-champ : ce que montre le cadre / ce qu’il suggère.
- Raccord : manière d’enchaîner deux plans (regard, mouvement, axe).
- Ellipse : temps supprimé au montage, à reconstruire mentalement.
- Plan-séquence : action en continu sans coupe apparente.
- Diégèse : univers de l’histoire (sons diégétiques ou non).
- Motif : élément récurrent qui porte du sens (objet, couleur, geste).
- Note d’intention : texte qui explique ton projet et ta vision.
Exemple guidé : micro-analyse d’une scène
Supposons une scène de retrouvailles dans une gare. L’analyse peut s’articuler ainsi :
- Observation : grands axes, foule en arrière-plan, contre-jour sur verrière, réverbérations sonores.
- Hypothèse : la mise en scène installe une tension douce-amère (joie + distance).
- Indices formels : plan large initial pour « perdre » les personnages, travelling d’approche, alternance champs/contrechamps avec raccord regard, montée progressive d’un motif musical.
- Interprétation : la lumière et le son construisent une émotion ambivalente (éclat + écho), la gare symbolise l’entre-deux (départ/retour), le montage retarde l’étreinte pour densifier l’attente.
- Phrase-synthèse : la scène montre que le « retrouvailles » n’effacent pas les distances, elles les illuminent sans les nier.
Questions types de concours (pour s’entraîner)
- Commentaire : « Analysez la place du hors-champ dans cet extrait. »
- Dissertation : « Le cinéma pense-t-il d’abord par le montage ? »
- Oral : « Présentez une œuvre qui a modifié votre manière de regarder le monde. »
- Projet : « Pitch d’un court sur le thème de la frontière en 90 secondes. »
Routine de travail pour progresser vite
- Chaque semaine : 2 films vus, 1 analyse écrite (1 page), 1 oral de 5 minutes.
- Chaque jour : 20 minutes de lecture (théorie, entretien, critique) + 15 minutes de vocabulaire.
- Chaque mois : un mini-dossier (8–10 pages) sur un motif, un genre ou un auteur, avec 3 œuvres comparées.
Check-list d’auto-évaluation
- Ma thèse tient en une phrase et répond à la question posée.
- Chaque argument est appuyé par un indice formel (plan, son, montage).
- Je distingue description (ce que je vois) et interprétation (ce que ça signifie).
- Je cite peu mais juste (références utiles et reliées au propos).
- Mon oral a un début clair, un milieu structuré, une fin nette.
Ateliers utiles pour renforcer le dossier
- Critique minute : 1 film, 1 idée, 1 minute vidéo sous-titrée.
- Réécriture : transformer une scène comique en scène dramatique (ou l’inverse) en jouant sur cadre, son, rythme.
- Comparatif : deux films d’époques différentes, un même motif (ex. la fenêtre) → points communs et écarts.
- Journal de bord : noter une image par jour, décrire et interpréter en 5 lignes.
Compétences transférables développées
- Argumentation et rédaction claire, utiles dans tous les cursus.
- Analyse d’images et de discours, précieuse en communication et médias.
- Gestion de projet (lecture, recherche, montage d’un dossier).
- Prise de parole, pitch et reformulation.
Témoignages courts
« Les oraux blancs m’ont appris à aller à l’essentiel : une idée, deux preuves, une phrase forte. »
« Tenir un carnet de visionnages a changé ma façon d’écrire : je cite moins, mais je montre mieux. »
Rappels pratiques pour le jour J
- Arriver avec 3 exemples sûrs (plans précis, séquences identifiables).
- Avoir un plan simple (I/II) écrit en haut de la feuille.
- Penser aux liens entre films (motif, geste, espace sonore).
- Être prêt à défendre un choix impopulaire… avec des indices formels.
Poursuites d’études à l’université
Grâce aux équivalences universitaires, tu peux rejoindre une licence en cinéma, lettres, communication, philosophie ou sciences humaines. Les acquis en méthode, en analyse et en écriture rendent la transition plus fluide.
Compétences acquises à valoriser
- Culture artistique approfondie et références mobilisables.
- Maîtrise de l’analyse (forme/sens) et de la rédaction.
- Capacité à argumenter, s’exprimer en public et s’adapter selon l’auditoire.
Notre avis
La prépa cinéma convient aux profils curieux, portés sur l’analyse filmique et la culture générale, prêts à un rythme exigeant avec un véritable accompagnement (oraux, concours blancs). Clarifiez votre projet (La Fémis, Louis-Lumière, université), soignez le dossier et les écrits, multipliez les visions et critiques pour optimiser les concours tout en gardant des passerelles vers la licence.