Un Assassin’s Creed inédit sur fond d’Amérique divisée
Selon le média Game File et plusieurs anciens employés d’Ubisoft, un projet ambitieux d’Assassin’s Creed aurait été stoppé à l’été 2024. Le jeu devait plonger les joueurs au cœur de la Reconstruction américaine, période historique qui a suivi la guerre de Sécession, entre 1865 et 1877. Cette ère marquait la fin officielle de l’esclavage, mais aussi la naissance d’un pays profondément marqué par les tensions raciales et politiques.
Le joueur devait incarner un homme noir anciennement réduit en esclavage, parti reconstruire sa vie à l’Ouest avant d’être recruté par la Confrérie des Assassins. Il aurait ensuite repris le chemin du Sud pour affronter l’injustice et combattre la montée du Ku Klux Klan. Un cadre fort, inédit et hautement symbolique dans l’histoire de la saga.
Un contexte politique jugé “trop instable”
D’après plusieurs témoignages relayés par le journaliste Stephen Totilo, la décision d’annuler ce projet aurait été prise par la direction d’Ubisoft à Paris pour deux raisons principales : les réactions négatives autour du personnage noir de Yasuke dans Assassin’s Creed Shadows, et les tensions politiques aux États-Unis. Un employé résume ainsi la situation :
« Trop politique dans un pays trop instable. »
La chronologie renforce cette idée : la décision aurait été actée peu avant la tentative d’assassinat de Donald Trump en juillet 2024, un événement qui a encore accru la prudence du groupe. Selon un autre développeur, « la direction a préféré éviter toute polémique plutôt que de prendre un risque créatif ».
Un choix stratégique ou un recul artistique ?
Cette décision a été perçue par une partie des équipes comme un signal d’auto-censure. La franchise Assassin’s Creed a pourtant déjà exploré des terrains politiquement sensibles : les croisades, la colonisation, ou encore les luttes sociales. Pour certains développeurs, ce projet représentait une opportunité unique de traiter de la Reconstruction américaine sous un angle fort et historique.
Ubisoft n’a pas souhaité commenter ces informations. Mais plusieurs observateurs y voient le symptôme d’une tendance plus large dans l’industrie : une frilosité croissante face aux thèmes historiques à dimension raciale ou politique.
Ce que l’on sait du projet annulé
Élément du projet | Détails connus |
---|---|
Période historique | Reconstruction américaine (1865–1877) |
Héros principal | Un ancien esclave noir devenu Assassin |
Lieu principal | Le Sud des États-Unis après la guerre de Sécession |
Adversaires | Ku Klux Klan et milices locales |
État du développement | Phase de préproduction, annulée à l’été 2024 |
Raison officielle | Climat politique jugé trop tendu et crainte de controverses |
Une saga habituée à traiter de l’Histoire
Depuis son lancement en 2007, Assassin’s Creed s’est toujours nourri des grandes époques de l’humanité : de la Renaissance italienne à la Révolution française, en passant par l’Égypte antique ou le Japon féodal. Ubisoft a souvent revendiqué une approche “neutre” mais historiquement engagée, en explorant des périodes marquées par la lutte pour la liberté, la foi ou le pouvoir.
Annuler un jeu se déroulant après la guerre de Sécession représente donc une rupture symbolique avec cette tradition. Là où la série avait habitué les joueurs à confronter l’Histoire et ses zones d’ombre, la prudence semble désormais l’emporter sur l’audace narrative.
Et maintenant ?
Officiellement, aucun nouveau Assassin’s Creed n’a encore été annoncé pour remplacer ce projet. L’équipe d’Ubisoft Montréal reste concentrée sur les extensions de Assassin’s Creed Shadows. Mais pour les fans, la frustration est réelle : ce jeu aurait pu être le premier épisode à aborder de front le racisme et la reconstruction des États-Unis. Un pan entier de l’Histoire qui, pour l’instant, restera dans l’ombre.