La France de 1974 à 1988

Entre 1974 et 1988, la France traverse une période de profonds changements. Fini le temps des Trente Glorieuses : le pays entre dans une ère de ralentissement économique, de mutations sociales et d’évolutions culturelles majeures. L’arrivée de Valéry Giscard d’Estaing, puis de François Mitterrand, marque des tournants politiques importants. Tandis que les jeunes générations réclament plus de libertés, que la culture explose et que la société se diversifie, la France redessine peu à peu son visage. Retour sur une quinzaine d’années où tout semble basculer.

Sommaire

Une fin des Trente Glorieuses et un besoin de renouveau

Une économie en perte de vitesse

À partir de 1974, la France sort de l’ére des Trente Glorieuses. Après trois décennies de croissance forte et d’amélioration du niveau de vie, le choc pétrolier de 1973 casse l’élan. L’économie devient plus fragile : le chômage progresse, l’inflation grimpe, et les entreprises font face à une compétition internationale de plus en plus forte. Le modèle industriel français montre ses limites, en particulier dans les secteurs traditionnels.

Le départ de Pompidou et l’élection de Giscard d’Estaing

En 1974, Georges Pompidou meurt en cours de mandat. Son successeur, Valéry Giscard d’Estaing, présente une image de modernité : jeune, brillant, européen convaincu. Il veut incarner la rupture avec l’ancien monde gaulliste. Sa victoire étroite face à François Mitterrand ouvre une nouvelle page politique.

La modernisation politique et sociale sous Giscard

Une politique de réformes audacieuses

À son arrivée à l’Élysée, Giscard d’Estaing engage plusieurs réformes sociétales majeures :

  • Abaissement de l’âge de la majorité à 18 ans.
  • Dépénalisation de l’IVG, portée par Simone Veil.
  • Légalisation du divorce par consentement mutuel.

Ces mesures marquent une époque de libéralisation des mœurs, en phase avec les attentes d’une jeunesse influencée par mai 68.

Les tensions sociales grandissantes

Malgré cette volonté de moderniser, la situation économique se dégrade. Le chômage double entre 1974 et 1981. L’industrie est frappée de plein fouet, en particulier les secteurs traditionnels comme la sidérurgie. Les grèves se multiplient, signe d’une société sous tension.

La fracture culturelle et l’émergence d’une société de loisirs

Les années 1970 voient l’explosion de la culture de masse. Le taux d’équipement en télévision explose. Les jeunes s’approprient de nouveaux modes de vie, influencés par les musiques pop, les jeux vidéo et les loisirs. Dans le même temps, le fossé se creuse entre classes sociales face à l’accès à ces nouveaux biens culturels.

L’alternance historique de 1981 : l’arrivée de Mitterrand

La victoire de la gauche

En 1981, pour la première fois sous la Ve République, la gauche accède au pouvoir avec l’élection de François Mitterrand. Sa victoire est un véritable choc politique. L’Union de la gauche (PS, PCF, radicaux) porte un programme audacieux : nationalisations, augmentation du SMIC, abolition de la peine de mort.

L’euphorie et les premières réformes

Les premiers mois du mandat sont marqués par de grandes réformes sociales :

  • Cinquième semaine de congés payés.
  • Abaissement à 39 heures de la durée légale de travail.
  • Nouveau statut pour les immigrés avec une grande régularisation.

La culture est également mise à l’honneur avec l’arrivée de Jack Lang au ministère de la Culture. L’objectif est clair : démocratiser l’accès à la culture.

Une économie sous tension et un tournant vers la rigueur

La crise économique persistante

Malgré l’enthousiasme du début, la situation économique se dégrade rapidement. L’inflation explose, les exportations plongent, et le chômage continue à grimper. En 1983, Mitterrand est contraint à un tournant de la rigueur : priorité à la lutte contre l’inflation, fin des grandes dépenses publiques.

La déception sociale

Cette politique d’austérité déçoit une partie de la gauche. Le mythe de la « rupture » avec le capitalisme s’effondre. Les syndicats manifestent contre le gel des salaires et les privatisations. La montée du Front National en parallèle traduit aussi une crispation sociale face à la crise.

Une société en pleine mutation

Le combat pour l’égalité

Les années 1970-1980 voient une progression lente mais certaine des droits des femmes :

  • La loi Veil sur l’avortement (1975).
  • La loi Roudy pour l’égalité professionnelle (1983).
  • Le divorce par consentement mutuel.

Les femmes prennent davantage de place dans la sphère professionnelle, même si les inégalités salariales persistent.

L’évolution des rapports à l’immigration

Face à la crise, l’immigration devient un sujet politique sensible. La France met en place une politique de contrôle des flux migratoires. Dans le même temps, des initiatives comme SOS Racisme voient le jour pour lutter contre la montée du racisme.

L’apparition des « nouveaux pauvres »

Le ralentissement économique fait émerger une nouvelle catégorie sociale : les travailleurs précaires. Ces personnes, souvent jeunes, cumulent petits boulots et galères financières. Les Restos du Cœur, créés par Coluche en 1985, symbolisent cette fracture sociale grandissante.

Le bouleversement culturel

La démocratisation de la culture

Sous l’impulsion de Jack Lang, la politique culturelle française change d’échelle. L’idée est de rendre la culture accessible à tous :

  • Création de la Fête de la musique (1982).
  • Lancement des Journées du patrimoine.
  • Construction de grands équipements culturels (Musée d’Orsay, BNF).

Le but est de casser l’image élitiste de la culture française.

Le nouvel âge des médias

Avec la libéralisation de l’audiovisuel en 1982, les radios libres et les chaînes privées se multiplient. Canal+ est lancé en 1984. La télévision devient un outil d’influence majeur, à la fois pour la politique et pour la culture populaire.

La publicité envahit les ondes, la « starification » des animateurs débute, et les émissions de divertissement connaissent un succès fou.

Une France tiraillée entre modernité et crises

Entre 1974 et 1988, la France traverse une période pleine de contradictions : élan de modernisation, mais difficultés économiques ; ouvertures culturelles, mais tensions sociales. Le pays quitte définitivement l’après-guerre et entre dans une ère nouvelle, plus incertaine, mais aussi plus ouverte sur le monde.

La jeunesse devient peu à peu l’un des acteurs centraux de ce changement, revendiquant des valeurs d’égalité, de liberté, et d’accès à la culture pour tous.

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