Le retour des monarchies et le concert des nations
Le Congrès de Vienne : rétablir l’ordre ancien
En 1814, Napoléon est défait à Waterloo, et les grandes puissances européennes se réunissent au Congrès de Vienne pour réorganiser l’Europe. Ce congrès a pour objectif de restaurer les monarchies déchues, rétablir les frontières d’avant la Révolution française et garantir un équilibre des pouvoirs pour éviter de nouvelles guerres. Ce système, dirigé par Metternich, le chancelier autrichien, met en place un « concert des nations », une forme de coopération diplomatique visant à maintenir la paix entre les monarchies européennes. Toutefois, cette stabilité est fragile, car les aspirations populaires et les idées de liberté circulent déjà sur le continent.
Les monarchies restaurées en Europe
La France, sous le règne de Louis XVIII, signe la Charte constitutionnelle de 1814, introduisant un compromis entre monarchie et révolution. Bien que la Charte limite les pouvoirs royaux, la monarchie absolue reste dans les esprits, et certains cherchent à la restaurer. Cette tension politique culmine avec l’ascension de Charles X, qui tente de renforcer son pouvoir en rétablissant la monarchie absolue, ce qui entraîne la révolution de 1830, les Trois Glorieuses, et l’abdication de Charles X.
Les révolutions de 1830 : une nouvelle ère monarchique
La Révolution de Juillet et l’instauration de la monarchie de Juillet
En 1830, les événements en France remettent en cause le modèle monarchique imposé par le Congrès de Vienne. Après la chute de Charles X, Louis-Philippe monte sur le trône, instaurando la monarchie de Juillet. Louis-Philippe, surnommé le « roi des citoyens », promet de respecter les libertés issues de la Révolution, tout en maintenant une monarchie constitutionnelle. Bien que cette monarchie semble plus proche des aspirations populaires, elle est néanmoins perçue comme une monarchie bourgeoise, favorisant avant tout les intérêts des classes supérieures.
Les révolutions de 1830 en Europe
Les révolutions de 1830 ne se limitent pas à la France. En Belgique, les révolutionnaires parviennent à obtenir l’indépendance vis-à-vis du royaume des Pays-Bas. En Italie et en Pologne, des insurrections libérales et nationalistes se heurtent à la répression, mais elles marquent un début de prise de conscience des peuples quant à leurs droits nationaux. Ces événements illustrent les tensions croissantes entre les monarchies restaurées et les peuples, partagés entre leurs désirs de liberté et d’indépendance.
Les révolutions de 1848 : le printemps des peuples
Une Europe en ébullition
Les années 1848 connaissent une explosion révolutionnaire à l’échelle européenne. Ces révolutions, appelées « Printemps des peuples », sont motivées par des revendications libérales et nationalistes. En France, la révolution de février 1848 met fin à la monarchie de Juillet et proclame la IIe République. Les idées républicaines, libérales et démocratiques gagnent du terrain, soutenues par des mouvements populaires exigeant la fin des privilèges et l’extension du suffrage universel. En Italie, en Allemagne et en Autriche, des révolutions éclatent pour réclamer l’unité nationale et des constitutions libérales, mais les réponses des gouvernements sont variées, oscillant entre répression et réformes.
Les aspirations nationales et libérales
Les révolutions de 1848 sont profondément marquées par les idées de souveraineté nationale et de liberté individuelle. Des mouvements nationalistes, comme le mouvement Jeune Italie de Giuseppe Mazzini, revendiquent l’unité et l’indépendance des nations italiennes, tandis qu’en Allemagne, les libéraux cherchent à unifier les États allemands et à instaurer une constitution. Ces révoltes s’inscrivent dans la continuité des luttes menées depuis le Congrès de Vienne, où les nationalités et les aspirations à la liberté avaient été ignorées par les monarchies.
Les échecs et les victoires partielles
Bien que les révolutions de 1848 connaissent des échecs dans de nombreuses régions, elles marquent la fin de l’ère de la restauration. En Allemagne, en Italie et en Autriche, les mouvements nationaux et libéraux ne parviennent pas à obtenir leurs objectifs immédiats, mais ils jettent les bases de futurs changements. En France, la proclamation de la IIe République et l’instauration du suffrage universel masculin constituent une victoire majeure pour les idées démocratiques et républicaines.
La fin de la restauration et le début de l’Europe moderne
Un nouvel ordre européen en gestation
Le printemps des peuples de 1848 marque la fin symbolique de la restauration, avec la montée en puissance des mouvements libéraux et nationaux qui affirment leur volonté de changer l’ordre européen. La restauration, telle qu’elle avait été pensée par les monarchies victorieuses de 1815, ne pouvait plus satisfaire les aspirations populaires. Les idéaux révolutionnaires de 1789, bien qu’écrasés dans un premier temps, continuent de s’imposer dans les mentalités et façonnent les futurs régimes politiques en Europe. L’idée de souveraineté populaire, renforcée par les révolutions de 1848, constitue un tournant dans l’histoire de l’Europe.
Les mutations politiques après 1848
Après 1848, bien que les monarchies européennes aient réussi à rétablir leur pouvoir, elles ne sont plus les mêmes. Le climat politique change, et les aspirations républicaines et démocratiques continuent de se diffuser. En France, la révolution met en place une république qui se pose comme un modèle pour d’autres pays. En Allemagne et en Italie, bien que les révolutions échouent, elles préfigurent l’unification de ces États dans les décennies suivantes.