Pourquoi la violence est-elle naturelle chez l’homme selon Hobbes ?

Dans le Léviathan, Hobbes affirme que, sans État, les humains vivent dans un état de nature dominé par la défiance, la rivalité et la quête de gloire. De là naît une violence “naturelle” : non parce que nous serions « mauvais » par essence, mais parce que nos passions et notre égalité de puissance conduisent logiquement au conflit.

Sommaire

Ce que Hobbes appelle l’état de nature

L’état de nature est une expérience de pensée. Hobbes imagine un monde sans pouvoir commun, sans tribunaux, sans police. Chacun y dispose d’un droit naturel à tout faire pour se conserver. Dans ce cadre, l’issue la plus probable est la guerre.

La guerre n’est pas seulement la bataille. C’est un temps où la volonté d’en découdre est suffisamment connue, et où règnent la peur et l’incertitude.

Important : Hobbes ne décrit pas forcément un passé historique réel. Il élabore un modèle pour comprendre pourquoi, en l’absence d’État, la violence s’impose.

Pourquoi la violence paraît “naturelle” chez Hobbes

Hobbes avance trois mécanismes qui, ensemble, rendent la violence presque inévitable à l’état de nature.

Égalité de puissance, rivalité d’objectifs

Nous sommes suffisamment égaux pour nous menacer mutuellement : le plus faible peut vaincre le plus fort par la ruse, l’alliance ou la surprise. Cette égalité nourrit des espérances concurrentes : si deux personnes veulent le même bien indivisible, la rivalité éclate. L’égalité ne pacifie pas ; elle met en compétition.

Défiance et peur rationnelle

À l’état de nature, tu ne sais pas ce que l’autre fera demain. La défiance pousse donc à anticiper : frapper le premier, accumuler des moyens, se créer des alliés. Cette stratégie repose sur la peur de la mort violente, passion que Hobbes juge rationnelle, car la survie est le premier bien conditionnant tous les autres.

Désir de gloire et réputation

La recherche d’estime et la sensibilité aux signes de mépris enflamment les relations. Un regard de travers suffit à déclencher l’offensive. La violence n’est pas qu’économique ou défensive : elle est aussi symbolique.

Les trois causes hobbésiennes du conflit, en un coup d’œil

CauseBut principalType d’actionIllustration rapide
CompétitionProfit, appropriation d’un bienAttaquer pour gagnerConquérir une ressource rare
DéfianceSécurité, prévention du risqueAttaquer pour se protégerDésarmer un voisin menaçant
GloireRéputation, honneurAttaquer pour réagir à l’affrontRépondre à un mépris public

Le rôle de la raison : calculer pour survivre

Chez Hobbes, la raison n’est pas une pure contemplation. C’est un calcul : comparer les moyens et les risques, évaluer ce qui te conserve en vie. La peur, loin d’être irrationnelle, met la raison en marche. Elle montre l’impasse d’une liberté sans frein où tout le monde a droit à tout.

La vie humaine, livrée à l’incertitude et à la crainte, tend à devenir solitaire, précaire et brève. D’où la nécessité d’un ordre commun.

Pourquoi créer un Léviathan

Pour sortir de cette spirale, les individus passent un contrat : chacun renonce à une partie de son droit naturel et transfère son pouvoir à une puissance commune capable de « tenir tous en respect ». Ce pouvoir, c’est le Léviathan (l’État souverain). Sa fonction première : sécurité et paix.

Ce que garantit l’État, selon Hobbes

  • Lois communes : fin du « chacun fait sa loi ».
  • Arbitrage des conflits : les litiges passent des mains privées au public.
  • Prévisibilité : les règles stabilisent les attentes, relancent commerce, savoirs, projets.

L’État n’est pas là pour moraliser les âmes, mais pour neutraliser les causes de la violence par la dissuasion légitime.

Objections fréquentes

Hobbes est-il trop pessimiste sur la nature humaine ?

Il ne dit pas que l’homme aime la violence pour elle-même. Il dit que, compte tenu de l’égalité des forces et des passions communes, la structure des rapports mène au conflit. C’est une thèse méthodologique, pas un jugement moral global.

L’“état de nature” a-t-il vraiment existé ?

Peu importe. Pour Hobbes, c’est un modèle d’analyse. On peut en observer des analogies dans des situations sans autorité commune : guerres civiles, mafias locales, relations entre États sans droit supérieur.

Le remède n’est-il pas pire que le mal ?

Hobbes assume un État fort. Mais son objectif reste minimal : éviter la guerre de tous contre tous. Il ne sacralise pas la violence ; il veut la canaliser et la rendre coûteuse.

Ce qu’il faut retenir pour une dissertation

Idées-clefs à placer

  • Violence “naturelle” = produit logique de l’égalité de puissance + passions (compétition, défiance, gloire) à l’état de nature.
  • La raison calcule et fonde le contrat par peur rationnelle de la mort violente.
  • Le Léviathan instaure des lois et une coercition légitime pour stabiliser la paix.
  • Thèse anthropologique et politique : la paix est un artefact institutionnel, pas un état naturel.

Petite boîte à exemples

  • État de nature comme modèle : zones de non-droit, guerres civiles.
  • Compétition : accaparement d’une ressource rare indivisible.
  • Défiance : course aux armements locale (se doter pour dissuader).
  • Gloire : duel symbolique pour sauver la réputation.

Mini-checklist méthode

Introduction efficace

  • Amorce courte reliée au sujet.
  • Définir : violence, état de nature, Léviathan.
  • Problématique : pourquoi la violence est-elle nécessaire à l’état de nature et réduite par l’État ?
  • Annonce d’un plan clair (causes → rôle de la raison → remède politique).

Paragraphe type

  • Idée directrice en une phrase (causeeffet).
  • Explication brève en voix active.
  • Exemple précis et pertinent.
  • Transition qui ouvre la suite.

Hobbes, la violence et nous

La force du modèle hobbesien est d’articuler passions et institutions. Il explique pourquoi la peur peut être raisonnable et pourquoi un ordre politique solide reste nécessaire pour contenir la violence. Sa thèse parle aux périodes d’incertitude : quand la confiance publique vacille, les mécanismes de compétition, défiance et gloire se réactivent. D’où l’importance d’institutions prévisibles, lisibles, et d’une force légitime assez dissuasive pour que la paix reste le calcul le plus rentable.

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