Pourquoi l’État mise sur une messagerie maison
Les agents publics échangent quotidiennement des informations sensibles. Or, de nombreuses applications commerciales sont vulnérables, notamment à cause de lois étrangères comme le Cloud Act américain qui permet l’accès aux données même hébergées hors des États-Unis.
Tchap est géré directement par les autorités françaises, hébergé sur les serveurs du ministère de l’Intérieur et validé par l’ANSSI. Elle est conçue pour assurer la confidentialité des échanges, avec un chiffrement de bout en bout.
Une alternative à WhatsApp, Signal et Telegram
Telegram a longtemps été très utilisé, notamment dans les cercles gouvernementaux. Mais son image a été écormée après l’arrestation de Pavel Dourov, son fondateur, pour refus de coopération judiciaire et suspicion de tolérance à des activités illégales.
Quant à WhatsApp ou Signal, leur adossement à des entreprises américaines soulève des questions de souveraineté. Le gouvernement préfère aujourd’hui des solutions 100 % françaises.
Tchap vs Olvid : deux solutions françaises
Olvid, la première tentative
En 2023, Élisabeth Borne avait recommandé l’utilisation d’Olvid, une messagerie française ultra-sécurisée. Si l’application a été saluée pour sa technologie de chiffrement, elle reste dépendante d’un cloud américain (AWS), ce qui pose problème pour certains usages.
Tchap, privilégié pour les échanges internes
Selon la circulaire signée par François Bayrou, Tchap devient la référence pour tous les échanges entre administrations. Olvid peut être maintenue pour certaines situations, mais Tchap est appelée à devenir le standard.
Une application qui se veut accessible
Fonctionnalités principales
- Chiffrement de bout en bout des messages
- Disponible sur smartphone, tablette et ordinateur
- Annuaire intégré des agents publics
- Possibilité de discussions individuelles ou en groupe
- Connexion réservée aux adresses mails officielles (gouv.fr, elysee.fr…)
Utilisateurs actuels
Tchap est déjà utilisée par environ 300 000 agents publics, sur un total de 5,7 millions. Le gouvernement vise un déploiement massif dès septembre 2025, en priorité dans les ministères.
Les arguments de la circulaire du 25 juillet
« Les agents publics sont exposés à un risque croissant d’interception de leurs communications électroniques, mettant en péril la confidentialité de leurs échanges. »
« Certaines messageries commerciales dites sécurisées sont sous l’influence de pays étrangers, susceptibles d’accéder aux communications échangées. »
Comparatif rapide
| Critère | Tchap | Olvid | WhatsApp / Signal |
|---|---|---|---|
| Origine | France (Etat) | France (start-up) | USA |
| Hébergement | Serveurs de l’Etat | Cloud américain (AWS) | Cloud américain |
| Chiffrement | Bout en bout | Bout en bout | Bout en bout |
| Souveraineté | Totale | Partielle | Aucune |
| Utilisation recommandée | Ministères, administrations | Cabinets, gouvernement | Usage privé / pro international |
Une souveraineté numérique assumée
La diffusion de Tchap s’inscrit dans une stratégie plus large de maîtrise technologique et de cybersécurité nationale. Le gouvernement entend ainsi reprendre le contrôle des outils utilisés dans la sphère publique, et préserver la confidentialité des échanges institutionnels.
